VG2020 : Louis Burton aux commandes
En tête de flotte, deux stratégies se distinguent pour bénéficier au mieux d’un flux de Sud-Ouest. L’une vers l’Ouest (Louis Burton – Charlie Dalin – Boris Herrmann), l’autre vers le Nord dans le sillage de Yannick Bestaven et de Damien Seguin (photo). Et impossible pour l’instant de savoir qui en tirera un avantage décisif ! Loin du ‘rush final’, Romain Attanasio est englué dans le Pot-au-Noir, Clément Giraud et Miranda Merron organisent leur course à eux et Alexia Barrier s’apprête à passer le Cap Horn.
Un objectif, deux stratégies
Sur la route finale vers les Sables d’Olonne, le groupe de tête est en train de se disloquer. Deux stratégies se dessinent pour bénéficier au mieux des vents de Sud-Ouest engendrés par une forte dépression. La première, l’option choisie par le trio de tête Burton – Dalin – Herrmann, consiste à filer vers l’Ouest au maximum avant « une grosse bascule » dixit Dalin pour longer les côtes espagnoles. « Ça va me permettre de m’appuyer sur mon foil tribord et de retrouver des performances dignes de mon bateau », explique le skipper d’APIVIA, qui devrait empanner en fin de journée. De façon plus anecdotique – ou précaire – Louis Burton a repris le leadership au classement ce matin.
Derrière, certains ont opté pour une route plus longue au Nord afin de bénéficier ensuite du flux de Sud-Ouest. Yannick Bestaven (Maître Coq IV) est le premier à avoir ce choix-là. « Autant prendre cette option que de suivre le troupeau », a-t-il fait savoir à son équipe. « Yannick a profité de la bascule pour se positionner plus rapidement dans le flux de Sud-Ouest, constate Christian Dumard, le météorologue du Vendée Globe. Il accepte de perdre un peu de distance pour en regagner par la suite ». « S’il trouve de belles conditions, on ne pourra rien faire », confirme Boris Herrmann, invité du Vendée Live. Damien Seguin a également suivi la même option que Maître Coq IV et Thomas Ruyant, qui a également empanné en milieu de journée, lui a aussi emboité le pas. Quelle sera la stratégie la plus payante ?
Damien Seguin, capitaine courage !
Depuis plusieurs jours, le skipper de Groupe APICIL avait décidé de moins communiquer et de se focaliser davantage sur sa course. Actuel 7e, il avait réussi à contourner l’anticyclone des Açores avec une trajectoire très ‘propre’ avant de mettre le cap vers le nord. Ce matin, malgré une connexion délicate, il appréciait sa position : « Personne n’imaginait un bateau à dérives droites à cette position ». D’autant que rien ne lui a été épargné. Le champion paralympique a ainsi confié qu’il n’avait plus certaines voiles de portant depuis… L’entrée du Pacifique ! « J’essaye de me débrouiller comme je peux. Ça fait un mois que ça dure ! » Dans le rush final, son objectif est de prendre la 6e place, devant Giancarlo Pedote. Et il est prêt à tout donner pour y parvenir.
Romain Attanasio et les affres du Pot-au-Noir
Certains l’ont traversé sans difficulté il y a quelques jours (Armel Tripon), d’autres y ont perdu des illusions et des courses (Jérémie Beyou à la Transat Jacques Vabre 2019). Le Pot-au-Noir offre tout sauf des certitudes et il a cette incroyable faculté de rendre impuissant. Que dire à un skipper qui s’emploie pour avancer et qui reste bloqué, englué dans la pétole ? La question, Romain Attanasio se la pose fortement ces dernières heures. Et pour cause : il affichait seulement 3 nœuds de moyenne dans les dernières 24 heures ! « Allez Neptune, donne-moi du vent, il est horrible ce pot-au-noir », implorait le skipper de PURE-Best Western Hotels & Resort.
Au cœur de « l’Atlantique Reaching Cup »
À bord des bateaux, ça cogite et ça ne manque pas d’idées. La meilleure illustration, c’est Clément Giraud qui l’a offerte ce matin : « avec Miranda Mirron et peut-être Manuel Cousin, on participe à une nouvelle régate. Ça s’appelle l’Atlantique Reaching Cup. Elle part des Falklands ou des Malouines et sera jusqu’au Pot-au-Noir. Le programme d’ici là ? C’est reaching, reaching, reaching et ça va vite ! » Hier, Compagnie du lit – Jiliti avait dû affronter des rafales à 47 nœuds et il progressait à une trentaine de nœuds ce dimanche matin.
La joie des ‘cap-hornières’
Le franchissement du Cap Horn se mérite, toujours, quelle que soit la position dans la flotte. Sam Davies, hors course, a connu ce bonheur-là samedi après-midi (16h17 TU) en passant à une trentaine de milles de la Terre-de-Feu. La navigatrice d’Initiatives Cœur poursuit son objectif : aller jusqu’au bout pour sauver le maximum d’enfants atteints de malformations cardiaques. Déjà 60 d’entre eux ont été sauvés grâce à l’opération qu’elle soutient.
Un peu plus loin, une autre femme s’apprête à franchir le Cap Horn : Alexia Barrier. TSE – 4myplanet devrait le passer en fin de journée ce dimanche.
Ils ont dit
Charlie Dalin (APIVIA)
Je suis en train de travailler sur mes routages pour voir quelle va être la suite du programme… J’ai de quoi faire ! Je suis content d’être là où je suis. Il y a une grosse bascule à venir dans les prochaines heures, je n’ai pas de problème à ce niveau-là. Il va falloir s’accrocher jusqu’au bout. On est au contact, mais on navigue dans des zones différentes, c’est comme ça avec Louis (Burton) depuis déjà un moment. Boris (Herrmann) a réussi à revenir aussi. À partir de maintenant, il y aura plus de bâbord amures que de tribord amures, c’est une bonne chose pour moi, je vais retrouver les performances de mon bateau. Je devrais être beaucoup plus rapide si les conditions le permettent. Ça devrait m’aider à rejoindre les Sables d’Olonne plus rapidement.
Damien Seguin (Groupe APICIL)
Je pense que personne n’imaginait un bateau à dérives droites à cette position. Je continue à me battre, avec ma bonne humeur aussi ! Je suis intrinsèquement moins rapide que tous les bateaux qui m’entourent. Je vais essayer de jouer avec Giancarlo (Pedote) pour la 6ème place et mettre un maximum de distance à Jean (Le Cam). J’ai décidé que j’allais me battre jusqu’à la fin. Ça fait très longtemps que je n’ai plus de voiles de portant, depuis l’entrée du Pacifique. J’essaie de me débrouiller comme je peux. Tant que la ligne n’est pas passée, il faut se donner à fond. Je veux n’avoir rien à regretter.
Benjamin Dutreux (OMIA – Water Family)
Je suis content d’être sorti de la dorsale, j’ai eu un peu chaud aux fesses, je suis passé tout juste. J’ai bien galéré la nuit dernière. Pendant les jours à venir, ce sera costaud. J’ai essayé de cravacher avant que la dorsale se mette en place. J’ai tenté de m’accrocher pour ne pas rester loin de Jean pour jouer le match jusqu’au bout. Physiquement, ça tire un peu, le but c’est de tout donner jusqu’aux Sables-d’Olonne. J’essaie d’en profiter au maximum : on a la tête dedans, on se rend compte en se rapprochant de l’arrivée qu’on est à l’aise sur le bateau, qu’une symbiose s’opère : j’ai beaucoup moins peur des envois de spi, j’ai moins peur des manœuvres, tout se fait plus naturellement.
Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artisans Artipôle)
C’est magique de croiser l’île Martin Vaz, j’y étais passé en 2012. Quand tu croises une terre, tu es comme un gamin. Cette nuit, j’ai eu 20 nœuds, c’était sympa, ça permet de grimper au Nord-Ouest vers des latitudes plus connues, aux alentours de Bahia. Après deux, trois jours, encalminé, c’est chouette. Il y a de petits grains, mais c’est chouette. (Dans la pétole) je ne pète plus les câbles que je pétais auparavant. J’ai vécu ça avec philosophie, avec quand même des idées noires, mais j’ai surtout cherché à rester dans mon axe, à chercher à grimper au nord tant que je pouvais. Je serai à l’équateur dans trois-quatre jours, ce sera mon 17ème équateur. J’espère que ça va plaire !
CLASSEMENT à 15h00 Heure Française
- Louis Burton, Bureau Vallée 2, à 1 031,69 milles de l’arrivée
- Charlie Dalin, Apivia, à 7,31 milles du leader
- Boris Herrmann, SeaExplorer – Yacht Club de Monaco, à 46,67 milles du leader
- Thomas Ruyant, LinkedOut, à 114,41 milles du leader
- Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, à 260,7 milles du leader
Crédit Photo : D.Seguin
Tags sur NauticNews : Vendée Globe, VG2020
– CP –
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