VG2020 : complètement à l’ouest
Longitude 180° : l’antiméridien ! Ce début d’après-midi, Yannick Bestaven a pu constater sur son GPS que les degrés de longitude Est avaient pris deux lettres en plus, Ouest. Et comme l’antiméridien correspond également à la ligne de changement d’heure, le skipper de Maître CoQ a reculé dans le temps. Un moment important du tour du monde en solitaire, car il marque la route du retour à la maison : les degrés de longitude vont maintenant décroître chaque jour jusqu’au Cap Horn…
12h18 : Louis Burton entame son ascension
Armé de ses gants « grand froid », de sa frontale et de sa trousse à outils, le skipper de Bureau Vallée montait ce midi en haut du tube de carbone de 27 mètres pour réparer son rail de grand-voile et s’occuper de la drisse. Laissant glisser son bateau le long de la côte Est de Macquarie, dans la nuit noire, accompagné par les grondements sourds des mammifères marins alentour et sur une mer malgré tout agitée, Louis redescendait à 14h02 ayant pu partiellement résoudre les problèmes. Le skipper pense peut-être mouiller dans la baie de Lusitania à 500 m du rivage, dans une zone plus protégée de la mer.
14h37 : Bestaven à reculons
De lundi (la tête de flotte a 12 heures d’écart avec la France), Yannick Bestaven retourna, en un claquement de doigts, à dimanche puisque le décalage horaire se fait maintenant dans l’autre sens. Le passage de l’antiméridien n’a rien d’anecdotique après 42 jours passés en mer en solitaire et en compétition. Psychologiquement, Yannick Bestaven, en tête depuis quatre jours, se sent bien dans ses pompes. Et cela se voit : il devance de 130 milles Apivia et de 172 milles LinkedOut, dispose d’un angle de vent beaucoup plus favorable que ses adversaires obligés d’aligner les empannages, et trace sa route. En revanche, la suite promet bien des tracas avec peu de vent et une navigation au près. Maître CoQ, s’il continue d’aller vite, pourrait éviter les hautes pressions et s’échapper ! Heures cruciales à venir… Ce qui est sûr et qui promet une deuxième partie de Vendée Globe palpitante, c’est que les 11 premiers monocoques se tiennent seulement en 800 milles et que le chemin pour rejoindre le Cap Horn n’est pas bien clair. Le suspense dure et va s’intensifier ! Sur son nouveau plan Manuard à nez rond, Armel Tripon, 14e au pointage, zen et tout sourire, reste à l’affût : « C’est une nouvelle phase de jeu jusqu’au Cap Horn, les cartes peuvent encore se redistribuer et il y aura des opportunités jusqu’au bout. ».
05h30 demain : Alan Roura au Leeuwin
Le p’tit Suisse sur La Fabrique va enfin doubler le Cap australien, deuxième point de passage officiel du Vendée Globe. Alan se languissait de rejoindre le Leeuwin après un océan Indien, non pas dur, mais capricieux. À 350 milles de son tableau arrière, la flotte affiche de belles vitesses moyennes en avant d’un front générant du vent de nord-ouest idéal pour cavaler. La Britannique Pip Hare, 17e, recolle à Arnaud Boissières. Sur son plan Pierre Rolland de 1999, construit à l’époque par Bernard Stamm à Lesconil, Pip fait décidément des lumières sur son premier Vendée Globe. Et son Medallia connaît la route du globe, c’est son 5e tour du monde !
Ils ont dit
Armel Tripon, L’Occitane en Provence
Je sors d’une grosse sieste qui m’a permis de récupérer de ma nuit agitée. Un passage de front était à négocier avec des conditions musclées donc j’ai récupéré aujourd’hui. Les conditions sont superbes, j’ai enfin un Indien qui ressemble à un Indien avec une grosse houle et de beaux surfs. C’est moins le bazar que cette nuit, ça tire moins sur le bateau et ça glisse bien. C’est possible que je recolle à ceux de devant, l’avenir nous le dira. La route est encore longue, on n’a fait que la moitié. Quand je vois tout ce qui s’est passé sur la première moitié, on peut tout imaginer pour la suite. Je vais continuer à naviguer le mieux possible, sans faire de bêtise et en gardant un bateau intègre. Il y a des petites bricoles tous les jours, mais c’est l’usure normale de la vie d’un bateau dans ce type de course. Par exemple, il y a deux jours j’ai réparé un trou dans mon J2, j’ai dû remonter dans le mât. C’était le bon moment pour le faire, car 24h plus tard j’étais sous J2 dans la brise.
Jérémie Beyou, Charal
Personne ne s’attendait vraiment à de telles conditions, et nous les premiers. On a pourtant fait beaucoup de simulations avant le départ et c’est vrai qu’en faisant une fourchette de conditions, on tombait toujours dans des temps en-dessous de 70 jours. On est dans un extrême niveau météo et on n’y peut pas grand-chose. Ce qui est drôle, c’est que personne dans la flotte n’est épargné, personne n’aura eu de conditions pour faire des lignes droites jusqu’à présent. Ça va durer plus longtemps que prévu et il va falloir faire avec. Ce n’est pas facile, car rien ne s’enchaîne facilement. On a oublié que les conditions météo étaient exceptionnelles il y a quatre ans. C’était un hiver où plein de records sont tombés, notamment celui du Trophée Jules Verne. Et puis ça se joue à pas grand-chose, si j’avais le vent 10 degrés plus à droite, j’irais cinq nœuds plus vite. Il faut dans ces conditions arriver à s’adapter, à adapter les réglages du bateau. C’est un petit peu la découverte.
Damien Seguin, Groupe APICIL
C’est sympa de voir les endroits par lesquels on passe. La dernière fois que suis allé en Australie, c’était en 2016 à Melbourne pour un championnat du monde avant les JO de Rio. Cela permet aussi de voyager. Depuis quelques jours, on avance entre les calmes et les temps avec un peu plus de vent, ça nous permet d’avancer relativement bien ces derniers temps. J’ai été surpris cette nuit par un gros coup de vent, il y a eu un gros grain que je n’ai pas eu le temps de voir venir, et j’ai eu de gros soucis avec une voile depuis. Je suis en train d’essayer de trouver des solutions, ce n’est pas vraiment simple à bord ; je n’en ai pas dormi, je me suis arraché depuis pour remettre le bateau dans le bon sens.
CLASSEMENT 15h00 Heure Française
1. Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, à 10 849.8 milles de l’arrivée |
2. Charlie Dalin, APIVIA, à 120.31 milles du leader |
3. Thomas Ruyant, LinkedOut, à 170.75 milles du leader |
4. Boris Herrmann, Seaexplorer – Yacht Club de Monaco, à 396.37 milles du leader |
5. Jean Le Cam, Yes We Cam!, à x445.27 milles du leader |
Crédit Photo : Y. Bestaven
Tags sur NauticNews : Vendée Globe, VG2020
– CP –
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