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VG2020 : changements radicaux en vue

#EN# Photo sent from aboard the boat Initiatives Coeur during the Vendee Globe sailing race on November 26, 2020. (Photo by skipper Sam Davies) #FR# Photo envoyée depuis le bateau Initiatives Coeur pendant le Vendee Globe, course autour du monde à la voile, le 26 Novembre 2020. (Photo prise par le skipper Sam Davies)

La tête de flotte et le premier groupe de chasseurs vont connaître en quelques heures un changement radical de conditions de navigation. Sous l’anticyclone de Sainte-Hélène, un bon flux d’ouest va les propulser rapidement vers le Cap de Bonne-Espérance qui n’a jamais aussi bien porté son nom… Demain, ambiance humide et ventée, cap sur les Îles Kerguelen que les premiers devraient atteindre aux alentours du 5 décembre.

Bientôt délivrés de la zone de vents mous et erratiques, les skippers vont passer en mode attaque, poussés par un bon flux d’ouest pour 25-30 nœuds. « En six heures de temps, les navigateurs vont complètement changer de conditions de navigation en prenant le front d’une dépression dès demain midi » explique Christian Dumard, monsieur météo du Vendée Globe. Grandes glissades à venir donc, à condition de bien rester dans le front pour se faire propulser à vitesse grand V jusqu’aux îles des Terres australes et antarctiques françaises, les Kerguelen ! Sébastien Simon (ARKÉA PAPREC), s’en pourlèche les babines rien que d’y penser : « Dès qu’on sera dans le sud de l’anticyclone de Sainte-Hélène, on rejoindra la dépression australe, on fera de bonnes glissades. La dépression nous emmènera loin, sans doute jusqu’aux Kerguelen. Il faudra rester concentré pour ne pas la louper, sous peine de rater le train. Ce sera un moment très important ». Charlie Dalin, en pôle position sur APIVIA sera donc le tout premier à rentrer dans les 40e : il doublera la latitude 40° Sud cette nuit après une dernière journée de lutte dans les petits airs… Louis Burton (Bureau Vallée 2) et Sam Davies (Initiatives-Cœur), respectivement 8e et 9e, positionnés les plus à l’Ouest, ont atteint leur objectif : se placer pour profiter du flux d’ouest le plus rapidement possible.

Thomson et Ruyant : motivation intacte !

« The BOSS is back ! » claironnait ce matin Alex Thomson alors que son IMOCA rose et noir recommençait à afficher une vitesse à deux chiffres. En 10e position, le Britannique, qui aura mis 4 jours à réparer les importantes fissures sur les parties structurelles de l’avant de son bateau, revient dans le match dans le groupe des chasseurs, entre Initiatives-Cœur et ARKÉA PAPREC. Thomas Ruyant, lui, digère encore son avarie de foil bâbord survenue hier matin mais affiche une détermination sans faille pour diminuer l’écart de plus de 100 milles avec Charlie Dalin. Il sait statistiquement que le foil tribord est le plus utilisé sur un Vendée Globe. La question du jour est : « Faut-il garder le foil endommagé ? ». La réponse de Laurent Bourguès, son directeur technique : « Thomas l’a rentré à fond, mais à certaines allures, en tribord et au reaching, une partie du foil traine dans l’eau et est donc soumis à de fortes contraintes, surtout à haute vitesse. En cas de rupture, des dommages collatéraux sont à craindre, notamment au niveau du tirant d’outrigger. Si ce risque nous semble trop important, Thomas devra couper le foil. »

Distribution de bons points

Le skipper de Time for Oceans a cravaché dur ces quatre derniers jours dans des alizés de sud-est instables. Stéphane Le Diraison a grappillé 160 milles sur La Fabrique du Suisse Alan Roura. « Je suis content de voir que j’ai réussi à recoller un peu le groupe de devant qui m’avait semé progressivement, j’ai récupéré environ 100 milles au groupe de tête, c’est une bonne séquence de la course pour moi ! Ça me motive, je veux absolument rester dans le même système météo que ceux de devant, donc il ne faut rien lâcher maintenant, et saisir toutes les opportunités. » confiait-il ce matin en vacation. Isabelle Joschke (MACSF) est parvenue, elle aussi, malgré son important bricolage sur son balcon arrière, à rester dans le bon tempo à plus de 16 nœuds de moyenne ces dernières 4h. Armel Tripon, lui, fonce le long des côtes brésiliennes, son IMOCA spatulé donnant toute sa quintessence dans les alizés de sud-est. Enfin, il ne reste que deux IMOCA dans l’hémisphère nord : DMG Mori Global One et Charal, qui fait son entrée dans le Pot au Noir. Souhaitons-lui clément afin qu’il puisse goûter aux joies de la compétition sur ce Vendée Globe.

Ils ont dit

Armel Tripon, L’Occitane en Provence

Je suis en pleine forme. Le vent est revenu et a forci en début de nuit donc c’est vrai que ça a bien accéléré, mais il faut trouver le bon dosage car la mer est bien formée donc ça tape fort, le bateau fait des sauts. A la sortie du Pot au Noir, le vent refusait, je me suis retrouvé assez vite sous le vent avec du courant qui m’a amené à 70 milles des côtes du Brésil. Il y a eu une zone avec un peu moins de vent, c’était un peu perturbé, là c’est revenu donc je m’écarte progressivement. Le Pot au Noir s’est bien passé pour moi, on s’est peu arrêté, derrière ils ont eu moins de chance. Le bateau va bien, je m’occupe de lui, il y a pas mal de job à faire, c’est un compagnon de route, il faut être attentionné. Tous les jours il y a des choses à faire ! Un scénario pas trop mal se dessine pour les prochains jours, on verra si cela se confirme, avec une trajectoire correcte qui fait faire un peu de route mais c’est souvent le cas. C’est donc une petite dépression avec un flux de Nord / Nord-Ouest à récupérer et toucher Sainte-Hélène dans quelques jours. Mon objectif est d’arriver à toucher ce flux.

Jérémie Beyou, Charal

J’ai des conditions compliquées depuis deux ou trois jours, le vent est léger et très instable. Je me bats donc pour sortir de cette zone pour pouvoir progresser dans l’hémisphère Sud. Vivement l’Atlantique Sud ! Pour le Pot au Noir, j’ai l’impression qu’il n’y a presque pas de zones de grains devant moi, je sais que ça peut changer d’ici 12h à 24h. Je devrais l’atteindre avant demain. Depuis deux ou trois jours, j’enchaîne les empannages avec un vent peu consistant, le bateau passe de 17 à 8 nœuds, c’est fatiguant. J’évite de trop penser à la solitude, ce n’est vraiment pas une chose à laquelle j’ai l’habitude. Tout le monde est loin, il n’y a pas de compétition si ce n’est de faire avancer le bateau au mieux, j’espère que j’aurai l’opportunité d’avoir un Atlantique Sud meilleur que l’Atlantique Nord. Ça m’aiderait bien ! 

Stéphane Le Diraison, Time for Oceans

Le choix de mon passage de l’anticyclone est presque imposé. Il est tellement conséquent que je vais être obligé de faire le grand tour comme tous les autres. Je sais qu’il faut être opportuniste, c’est un peu tôt, mais si je peux raccourcir un peu en ne faisant pas tout le tour et en me rapprochant de la zone sans vent, je serai joueur.  Au niveau mental, j’ai découpé le Vendée Globe en plusieurs morceaux géographiques : le premier était d’arriver jusqu’à Salvador de Bahia, ensuite c’est d’aller jusqu’au cap de Bonne Espérance et c’est vrai que ce passage est assez long, ça dure plusieurs jours avec ce gardien du grand Sud qui est l’anticyclone de Sainte-Hélène qui nous barre le passage. Il commence à y avoir une impatience que les choses sérieuses commencent car c’est tout ce qu’on vient chercher. Ça va commencer quand on sera autour des 40 degrés Sud, ça va venir vite !

Alexia Barrier, TSE-4myPlanet

Il n’y a pas plus bel anniversaire qu’un anniversaire passé en mer. J’avais amené deux bouteilles de champagne que je ne vais pas boire car je n’ai pas la forme physique pour cela, mais j’ai bien arrosé le bateau et la mer : c’était un beau moment. J’ai eu plein de cadeaux à ouvrir, je vais manger un bon risotto aux asperges et un gâteau au chocolat avec une bougie. Je suis née dans une période de transatlantique donc ça m’arrive souvent. Je n’ai pas d’équipier pour le fêter avec moi cette année mais j’ai reçu plein de messages, ça me donne le moral de me sentir soutenue comme cela !  Je suis heureuse d’être dans ce groupe et d’avoir passé l’équateur devant des bateaux qui devraient être plus rapides que moi. C’était très encourageant. 

CLASSEMENT 15:00 Heure Française

1. Charlie Dalin, APIVIA, 34 882.23 km de l’arrivée
2. Thomas Ruyant, LinkedOut, à 119.08 milles du leader
3. Jean Le Cam, Yes We Cam!, à 351.14 milles du leader
4. Kévin Escoffier, PRB, à 529.84 milles du leader
5. Boris Herrmann, Seaexplorer – Yacht Club de Monaco, à 531.02 milles du leader

Crédit Photo : Sam Davies

Tags sur NauticNews : Vendée GlobeVG2020

– CP –

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