Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 : Transition alizéenne
La situation météorologique n’est désormais plus du tout la même pour les deux trimarans leaders, en bordure méridionale de l’anticyclone, et les derniers Rhum Mono, encore dans le golfe de Gascogne… Or une nouvelle dépression est attendue ce jeudi soir : il faut sortir du golfe de Gascogne au plus vite.
Si en tête de la flotte, les deux ULTIME de François Gabart et Francis Joyon peuvent « souffler » un peu avec des conditions proches d’un alizé, il n’en est pas de même pour les derniers monocoques Rhum encore dans le golfe de Gascogne. À l’image de Dominique Dubois qui ferme la marche des solitaires en mer, à plus de 3 000 milles de la Guadeloupe ! Car cet entonnoir atlantique est encore particulièrement mouvementé pour cause de deux dépressions passées en trois jours, générant une mer très forte et très désordonnée qui ne permet pas de progresser très vite vers le Sud.
Sortir de la nasse
Et la configuration météorologique n’est pas faite pour arranger les choses : ce jeudi soir, une troisième dépression arrive au Nord des Açores pour balayer une nouvelle fois tous ceux qui n’ont pas encore franchi la latitude du cap Finisterre. Et ils sont encore une bonne vingtaine dans ce cas… Pour les autres, les conditions de navigation sont dures puisqu’il y a trente nœuds de Sud-Ouest à Ouest avec des vagues de plus de quatre mètres, pas toujours bien ordonnées. On comprend mieux pourquoi nombre de skippers ont préféré se réfugier dans un port breton, ou en Espagne et au Portugal pour laisser passer cet enchaînement venté.
Alors quid de la suite ? Cette journée de jeudi devrait être relativement agréable pour les deux trimarans en tête qui bénéficient d’alizés certes peu toniques, mais tout de même établis au Nord-Est d’une douzaine de nœuds. François Gabart a en sus réussi à décrocher Francis Joyon dans cette phase transitoire avec une centaine de milles de marge. Quant aux monocoques IMOCA, ils convergent vers le même point avec probablement un contact entre le Britannique Alex Thomson, le plus à l’Ouest, et le duo Paul Meilhat-Vincent Riou qui a fait le break. Déjà sous la latitude des Açores, ces trois-là vont pouvoir enlever les polaires et les cirés tout en contournant les hautes pressions qui sévissent à l’Ouest de Madère.
Tricotage espagnol
Le Multi50 d’Armel Tripon est aussi dans les parages et devrait ainsi augmenter son avance sur Lalou Roucayrol, collé aux côtes portugaises, mais surtout vis-à-vis du groupe du Nord qui va encore devoir tricoter dans une mer pourrie… Une mer qui doit sérieusement ralentir le peloton des Class40, encore enferré dans ce golfe de Gascogne, même si certains comme le leader Yoann Richomme ou le Méditerranéen Kito de Pavant peuvent espérer sortir de la nasse dès ce jeudi soir.
Enfin, n’oublions pas les deux catégories Rhum qui peinent à s’extraire de ce golfe de Gascogne très mouvementé : Loïck Peyron continue de tirer des bords le long de la côte Nord espagnol, suivi par Yann Marilley et Gilles Buekenhout, quand François Corre, Étienne Hochédé ou Jean-François Lilti affrontent des conditions de mer très dures. Quant à Sidney Gavignet en Rhum Mono, il a réussi à coller aux basques des meilleurs Class40 et peut lui-aussi viser des alizés en cours de structuration, au Sud d’une ligne Açores-cap Saint Vincent…
Ils ont dit (vacation 4H30)
Alan Roura (IMOCA-La Fabrique) : « Cela se passe bien au large de Lisbonne. Mais le vent est très instable en force, en angle, mais ça avance donc je suis plutôt content. On est entrain de sortir du plus dur, le vent ne devrait faire que faiblir. il y a beaucoup d’éclairs derrière ce n’est pas très agréable. Je suis un peu toilé, je marche plutôt pas mal. On devrait arriver ce soir dans une phase un peu plus tranquille, ça va être plus reposant donc c’est plutôt positif. Pour rejoindre les alizés il va falloir un peu chercher car il y a une grosse phase de transition « molassone » avant qui ne va pas aider. On a bien souffert, les bateaux aussi, ca va faire du bien au moral de retrouver les alizés ! Le bateau va bien, juste quelques petites bricoles. Franchement après ce que l’on a vécu, arriver dans cet état là c’est nickel. Il y a eu une super préparation du bateau. Moi ça va aussi, je tiens le coup même si les conditions sont parfois difficiles à gérer. »
Kito de Pavant (Class40-Made in Midi) : « On a encore pris un gros front cette nuit. Ca a été pénible pour accrocher ce front, la mer était très difficile. J’ai cassé mon J2, donc j’avance péniblement sous tourmentin. Je vais souvent moins vite que mes petits amis mais j’espère que je vais pouvoir remettre de la toile dans la journée. Bon derrière le front on va prendre encore 50 noeuds tout à l’heure mais ça a l’air d’être un peu plus calme que prévu, plutôt 30 noeuds moyen. Après ça va commencer à être un peu plus calme. Mais bon c’est normal, c’est l’hiver dans l’Atlantique ! Après ce dernier front, ça devrait plutôt s’ouvrir, il fera beau et on aura oublié cette petite mise en bouche de la Route du Rhum 2018 ! Je suis plutôt content de ma route plus sud, je voulais m’écarter des grosses conditions et aussi de la mer. J’ai fait un choix assez naturel avec les conditions pas faciles depuis le départ. Je commence à être bien fatigué car c’est impossible de dormir dans ces petits bateaux. Quand ça cogne c’est terrible, t’as l’impression qu’il va se plier en deux. Maintenant c’est tout droit jusqu’aux alizés ! »
Crédit Photo : C Breschi
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– CP –
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