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Vendée Globe : Kito de Pavant à bord du Marion Dufresne

Vers 2h00 (heure française), Kito de Pavant a été récupéré par un semi-rigide envoyé par le navire Marion Dufresne II : le skipper de Bastide-Otio a été immédiatement pris en main par le médecin du bord. Le solitaire va bien même s’il est extrêmement déçu et fatigué.

Le navire de ravitaillement des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF) était en mission au départ de La Réunion pour faire le tour des îles australes : le commandant Dudouit a été prévenu par la Direction de Course du Vendée Globe en relation avec les services de sécurité en mer (MRCC et CROSS Gris-Nez). À environ 110 milles dans le Nord de la position de Kito de Pavant, le Marion Dufresne a alors accéléré pour rallier au plus vite le monocoque dont la quille risquait à tout moment de se désolidariser totalement, mettant en danger la vie du skipper. Alors que la nuit tombait sur zone, le navire a rejoint Bastide-Otio vers 17h30 (heure française) et est entré en contact radio avec Kito de Pavant qui a pu décrire la situation alors que le vent soufflait encore à une trentaine de nœuds sur une mer très agitée.

Ils ont dit
Commandant Dudouit (Marion Dufresne II) :

« Nous avons récupéré Kito de Pavant avec notre semi-rigide ce matin malgré une météo qui était encore assez agitée avec force 6-7 et de gros creux. Nous avons pu mettre notre pneumatique à l’eau et nous l’avons récupéré sur son bateau. Nous étions en mission de ravitaillement des îles australes, une mission habituelle au mois de décembre : nous sommes partis de La Réunion le 2 décembre. Le MRCC a essayé de me contacter mais cela n’a pas fonctionné et c’est donc par l’intermédiaire du service de sécurité à Marseille que nous avons été mis en contact vers 10h00 TU mardi. Nous étions alors à environ 110 milles de la position du bateau, dans son Nord. Nous avons pu accélérer à la vitesse maximum malgré les conditions météo et nous avons mis moins de temps que prévu pour entrer en contact avec le skipper. Nous sommes arrivés sur zone vers 16h30 TU et la nuit tombait.

Nous étions en contact visuel et par radio VHF avec Kito de Pavant mais avec la nuit tombante et du gros temps, il était impossible d’intervenir tout de suite sachant que le skipper maîtrisait encore la situation à bord de son bateau. D’un commun accord, nous avons décidé d’attendre le lever du jour pour mettre notre semi-rigide à l’eau et venir le chercher. Il nous a décrit sa situation : il avait une voie d’eau maitrisée et nous étions d’accord que si son bateau chavirait suite à la perte de sa quille, nous allions le chercher dans son radeau de survie. Nous avions des contacts réguliers avec lui, ce qui lui a permis de dormir un peu. Ce matin, la situation a commencé à s’aggraver car le niveau de l’eau est monté. Kito de Pavant a donc été récupéré directement par notre semi-rigide et embarqué à bord du Marion Dufresne II : il est fatigué et surtout très déçu d’avoir dû quitter la course et son navire… Un médecin l’a pris en charge. »

Kito de Pavant (Bastide-Otio) :

« J’ai eu de la chance dans mon malheur ! Le Marion Dufresne était sur zone et il n’y est que quatre fois par an… Les conditions étaient mauvaises et en fin de nuit, je n’arrivais plus à étaler la voie d’eau. Les planchers flottaient : ça a été dur de quitter mon bateau et de l’abandonner au milieu de nulle part, ça me fait mal au cœur de perdre le bateau. Mais c’était la seule solution parce que je n’avais quasiment plus d’énergie pour les pompes et je ne pouvais pas recharger les batteries puisque le moteur était sous l’eau… Une bonne partie de la coque est très endommagée puisque le fond de coque est parti avec le palier arrière de la quille. Et le vérin de quille a déchiré la coque sur plus d’un mètre : c’était sinistre de voir le bateau dans cet état-là. Ça devenait trop dangereux pour moi…

Je suis donc sur le Marion Dufresne II qui est en route vers les îles Crozet, puis les Kerguelen, Amsterdam : je suis pour trois semaines sur le navire de ravitaillement des TAAF. Ce sont des régions que je ne connais pas et je vais donc faire le tour de ces îles désolées.

Le choc a été très net, très fort : je marchais entre 15 et 20 nœuds avec 25-30 nœuds et une mer formée. J’étais prudent, pas trop rapide, très abattu pour être en phase avec le vent. J’ai tapé quelque chose, je ne sais pas quoi, mais j’ai entendu un gros bruit sec et j’ai tout de suite pensé à quelque chose de dur. Mais en regardant à l’arrière du bateau, je n’ai rien vu ressortir. Peut-être que ce que j’ai entendu était le crash sur le bateau… Le choc a cassé la partie arrière de la quille et de la coque à ce niveau-là et le palier arrière est parti. Quand je suis allé voir, la quille était encore accrochée, mais après avoir enroulé la trinquette (J-3) pour ralentir le bateau, la quille est descendue d’une dizaine de centimètres. Cela n’a fait que s’aggraver : je ne pouvais pas intervenir. J’ai viré de bord pour changer de cap afin de remonter vers le Nord, mais rapidement, j’ai compris que le bateau ne pouvait plus avancer. J’ai affalé la grand-voile et j’ai appelé la Direction de Course…

Le Marion Dufresne était heureusement à 110 milles dans mon Nord car l’autre alternative, c’était Louis Burton qui était à deux jours de ma position ! Il serait arrivé demain matin… C’est terrible de laisser le bateau sur place parce que je perds beaucoup et les conséquences seront lourdes : c’est la première fois que je perds un bateau… Moralement, je suis assez marqué, physiquement, je n’ai rien. »

Jacques Caraës (Directeur de Course du Vendée Globe) :

« Kito, je comprends ton amertume. Nous étions vraiment très soulagés de constater ta maîtrise de la situation quand nous t’avons eu au téléphone. Cela a été un moment important de savoir que tu n’étais pas dans le stress avec une avarie aussi lourde dans cette zone désolée. Nous avons été beaucoup plus sereins grâce à toi. Merci ! On pense très fort à toi. »

Dernière minute : Avarie pour Thomas Ruyant
Peu avant 8 heures ce mercredi matin, Thomas Ruyant – « Le Souffle du Nord pour le Projet Imagine » – a informé Laurent Bourguès, son boat captain, d’une avarie ayant généré une voie d’eau.

En manipulant son dispositif de ballast bâbord, le chapeau du schnorchel (tube permettant le remplissage du ballast) entrainé par la vitesse du bateau, s’est arraché, sans entraîner de déchirure sur la coque. Thomas a immédiatement constaté une entrée d’eau importante dans son espace de vie. Il a sommairement colmaté cette brèche avec des sacs et ce qu’il avait sous la main.
Il a immédiatement empanné, afin de naviguer bâbord amure et de maintenir ce trou hors de l’eau. Thomas a d’ores et déjà réussit à sécher une partie du bateau et gère la situation.
Il cherche à présent, avec le soutien de Laurent Bourguès, le meilleur moyen d’aveugler cette voie d’eau. Il dispose pour cela du matériel nécessaire à bord.
Actuellement « Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine » rencontre 30-40 nœuds de vent et une mer formée (3-4 mètres de creux).

Avarie de safran à bord de COMMEUNSEULHOMME
Éric Bellion a informé son équipe à terre, aujourd’hui à 18h20, d’une avarie survenue sur son safran tribord. Alors qu’il naviguait dans une mer formée et un vent moyen d’une trentaine de nœuds, le bateau s’est couché dans une rafale à plus de 50 nœuds. Sous la violence du choc, la mèche de safran – pièce en carbone qui relie l’appendice au bateau – s’est vrillée. La pelle de safran est donc toujours reliée au bateau mais est rendue inutilisable.
Un safran de rechange a été embarqué avant le départ et Éric va devoir effectuer le remplacement pour poursuivre la course. Il fait route au 47° (Nord Est) sous voile réduite vers une zone de calme qu’il atteindra demain en fin de matinée. C’est à ce moment-là qu’il pourra effectuer cette réparation – qui requière des conditions aussi clémentes que possible.

Le skipper va bien et n’a pas repéré d’autres avaries. Il navigue actuellement en 17ème position et n’a pas demandé d’assistance.

Abandon de Sébastien Josse et du Mono60 Edmond de Rothschild
Depuis 48 heures, Sébastien Josse, actuel troisième du Vendée Globe, a dû faire passer la course au second plan pour se concentrer exclusivement sur sa sécurité et celle du Mono60 Edmond de Rothschild. Une avarie majeure de son foil bâbord, survenue lundi matin à 10h30, l’a en effet placé dans une situation délicate et contraint à affronter des conditions météorologiques extrêmes – 40 nœuds de vent et 8 mètres de creux – au Sud de l’Australie, le long de la Zone Exclusion Antarctique. Ce mercredi, la nette amélioration de la situation a permis au skipper du Gitana Team de réaliser enfin un véritable état des lieux des dommages subis par Gitana 16. Malheureusement, les nouvelles ne sont pas bonnes et les solutions envisageables pour réparer ne sont pas suffisamment pérennes sur plus de la moitié d’un tour du monde, soit près de 15 000 milles nautiques. Le moment est difficile et la déception immense : Sébastien Josse et le Gitana Team annoncent leur retrait du Vendée Globe 2016-2017.

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– CP –

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