Thomas Coville à l’assaut du record
SODEBO ULTIM’, le trimaran de 31 mètres skippé par THOMAS COVILLE, a franchi la ligne de départ du record du tour du monde en solitaire dimanche 6 novembre 2016 à 14 heures 49 minutes et 52 secondes.
Pour battre le record de 2008 de Francis Joyon qui est de 57 jours 13 heures et 34 minutes, il devra boucler la boucle avant le mardi 3 janvier 2017 à 04 heures 22 minutes et 57 secondes.
Alors que, presque tous les regards étaient tournés vers les 29 marins qui quittaient un à un le ponton du Vendée Globe, ce matin au Port du Château à Brest, le public présent sur le ponton a été impressionné par l’état d’esprit serein et déterminé du skipper de Sodebo Ultim’, heureux de ce départ tôt en saison. Pour lui, c’est un atout.
Agé de 48 ans, Thomas Coville a largué les amarres vers 8h30. Le marin, qui s’est préparé psychologiquement et physiquement depuis des mois, sait parfaitement ce qui l’attend et il a mis au point ce multicoque de 31 mètres par 21 mètres de large avec un objectif unique: avoir le support le plus performant pour devenir le solitaire le plus rapide autour du monde.
En partant aujourd’hui, le marin devrait bénéficier de conditions météorologiques optimales pour un solitaire sur la première partie du parcours qui va jusqu’à l’Equateur. Après tout de même sept tours du monde bouclés, le compétiteur confiait hier soir qu’il n’avait jamais rencontré une fenêtre aussi exceptionnelle même en équipage. La descente à travers le Golfe de Gascogne s’annonce rapide et rectiligne, proche de l’orthodromie et surtout sans trop de manœuvres à réaliser, celles-ci étant toujours très engageantes sur ces gigantesques bateaux, qui plus est quand on navigue en solitaire.
Interview de Thomas Coville avant le départ
« C’est une excellente fenêtre pour aller jusqu’à l’Equateur. Jean-Luc Nélias (routeur) m’a dit des fenêtres comme celle-ci, il y en une par an ou des fois pas du tout. Alors si tu me demandes en plus de faire la bonne route, d’être calé avec le CAC 40, la Ligue 1, la Ligue des Champions, les élections américaines, et le Vendée Globe ça va être compliqué ! »
« On est resté dans notre histoire. Et plus que cela, j’ai un sponsor qui m’a offert cette liberté de choisir quand je partais car ce sont des gens qui me respectent. Ils m’ont dit : « tu fais comme tu veux et tu pars au moment où tu le souhaites. » Ce départ incroyable, à cette date incroyable, c’est aux gens de Sodebo que je la dois. »
« J’ai eu Armel Le Cléac’h et Vincent Riou au téléphone ces derniers jours, et ils n’étaient pas étonnés de me voir partir aussi. Je vais leur servir de station météo et permettre d’appréhender leur trajectoire pour savoir quel vent ils pourraient avoir en Atlantique Sud. »
« On est dans des temps à l’Equateur en moins de 6 jours ce qui est exceptionnel. Depuis trois jours, l’enchaînement avec l’anticyclone Sainte-Hélène pourrait nous emmener au Cap de Bonne Espérance entre 13-14 jours. Il ne fallait donc pas hésiter à partir aujourd’hui même le jour du départ du Vendée Globe.»
« Il y a 10 ans, on nous prenait pour des fous de partir autour du monde en multicoque. Par rapport aux précédentes tentatives, je me sens beaucoup plus confiant, avec plus d’expérience et mieux armé avec Sodebo Ultim’. J’ai de l’expérience avec ce bateau, qui a aussi l’âme de Geronimo, et il a déjà fait le Tour (avec Olivier de Kersauson et son équipage 2004). Nous sommes des pionniers, on ouvre des voies comme les alpinistes en montagne.»
« Une Arrivée avant le 31 décembre ? Je ne partirais pas aujourd’hui si je ne pensais pas que je pouvais le faire. Ce record, il fait partie de mon histoire. Il est à ma portée. J’aimerais bien passer le nouvel an avec vous tous !»
« Chaque départ est différent. C’est toujours aussi émouvant, difficile de s’extraire et je ne me suis jamais senti aussi aligné par rapport à tout le travail que nous avons fait. Ce record, j’y pense tout le temps. C’est un beau chrono. C’est la même barre que celle des 6,16m, celle que Renaud Lavillénie arrive à passer, faisant tomber le record détenu depuis des années par Sergei Boubka. »
« Pour traverser le golfe de Gascogne, on va avoir un ciel de Nord-Ouest avec des grains puissants jusqu’au Cap Finisterre. Je devrais passer le Cap Finisterre dans la nuit, demain matin au large du Portugal, pour débouler vite vers les iles Canaries. On devrait passer l’Equateur dans les temps du record en fin de semaine.»
Crédit Photo : Eloi Stichelbaut / Sodebo
Tags sur NauticNews : Trophée Jules Verne, Thomas Coville
– CP –
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