The Transat Bakerly : Victoire de François Gabart
Les 300 derniers milles de The Transat bakerly ont été laborieux, mais François Gabart n’a pas chômé sur le pont pour s’imposer à New-York… A l’issue d’un mano a mano qui a duré une semaine avec Thomas Coville, le skipper de Macif s’est imposé magistralement devant Sandy Hook après 8 jours 08 heures 54 minutes 39 secondes de course !
C’est donc à 18h 24′ 39 » locales (00h 24′ 39 » heure française, le mercredi 11 mai) que Macif, le premier voilier de cette quatorzième édition de The Transat bakerly a franchi la ligne d’arrivée devant Sandy Hook. François Gabart ajoute donc une ligne importante à son palmarès déjà étoffé, mais surtout confirme qu’il est de plus en plus à l’aise sur son nouveau trimaran mis à l’eau l’an passé et optimisé cet hiver.
« Cela a été dur, mais je sais que j’ai fait une super course : je suis super heureux. Je suis fatigué et content d’arriver, ça me réjouit. Il y avait un dernier gros obstacle qui était la dorsale et a priori, je pense que je suis passé du bon côté. Ce n’est pas rien de traverser l’Atlantique sur un bateau comme ça : je suis content de l’avoir fait !
Je crois que c’est le truc le plus dur que je n’ai jamais fait, parce que mine de rien, tu progresses d’année en année. J’apprends des choses tous les ans, et dans l’engagement et l’investissement, j’en mets de plus en plus à chaque fois. C’est hyper exigeant. Il faut aller jusqu’au bout. Je ne me suis jamais autant impliqué physiquement. Je suis cramé !
Je ne sais pas combien de temps je vais mettre à m’en remettre, mais il faudra longtemps. Je ne suis pas capable d’en faire deux dans l’année des courses comme ça. Ça demande un tel investissement… » déclarait François Gabart quelques heures avant son arrivée.
Un temps de référence sur une traversée Est-Ouest de l’Atlantique en solitaire
Macif aura donc mis 8 jours 08 heures 54 minutes 39 secondes pour parcourir les 3 050 milles du parcours direct entre Plymouth et New-York, à la moyenne orthodromique de 15,18 nœuds. Mais en réalité, François Gabart par sa route Sud, a effectué 4 643 milles sur l’eau à la moyenne ahurissante de 23,11 nœuds ! Car la trajectoire du vainqueur, tout comme celle de son poursuivant Thomas Coville (Sodebo) attendu dans une dizaine d’heures, fut totalement atypique : plongeant dès le départ d’Angleterre plein Sud pour passer à l’intérieur de Ouessant, pour venir jusqu’au cap Finisterre et continuer vers Madère sur le boulevard des alizés, cette route est une première pour un vainqueur de transat anglaise !
Cette trajectoire Sud, descendant jusqu’au 27° Nord, soit 1 000 milles en dessous de la route directe (orthodromie) a été possible grâce au potentiel exceptionnel de ce trimaran de trente mètres. En alignant jusqu’à plus de 600 milles quotidiens, ce détour a aussi été l’occasion d’un duel au couteau avec Thomas Coville qui avait repris la tête lors de cette grande courbe, après le cap Finisterre. Mais François Gabart avait gardé l’initiative tactique en se positionnant à l’extérieur du « virage », bénéficiant alors d’un peu plus de pression. Et c’est lors de la remontée vers New-York que Macif a pu faire le break, d’abord avec 50 milles de marge, puis 100 et jusqu’à 160 milles d’avance…
Les 300 derniers milles ont en revanche été poussifs, dans un magma vélique très instable et variable qui a mis le skipper en mode ultime afin de conclure avec un delta d’une centaine de milles sur Thomas Coville qui devrait terminer deuxième demain matin, Yves Le Blévec (Team Actual) étant trop éloigné pour jouer les trouble-fêtes.
Le grand chelem : Vendée Globe, Route du Rhum, The Transat bakerly
À 33 ans, le jeune prodige de la voile française formé au dériveur et à la voile olympique (champion de France d’Optimist en 1997, champion de France de Moth en 1999, champion du monde junior de Tornado 2004), puis au Tour de France à la Voile et à La Solitaire du Figaro, devient rapidement la coqueluche des marins expérimentés qui apprécient non seulement ses compétences véliques, mais aussi son approche technique. Il embarque avec Kito de Pavant sur un monocoque IMOCA dès 2009 pour terminer deuxième, est sacré champion de France solitaire Figaro en 2010, finit quatrième de la Transat Jacques Vabre avec Seb Col sur son tout nouveau bateau aux couleurs de Macif…
C’est avec ce monocoque IMOCA qu’il s’impose lors du dernier Vendée Globe après une bataille mémorable face à Armel Le Cléac’h, avec le temps canon de 78 jours 2 heures 16 minutes ! Puis il enchaîne les victoires avec le même bateau sur la Route du Rhum 2014 après avoir été sacré champion de France en catamaran Class A. Et pendant ce temps, son nouveau trimaran prend forme : il s’élance sur la Transat Jacques Vabre 2015 alors que le bateau n’est pas encore totalement opérationnel (un foil absent), et pourtant gagne cette longue transat Nord-Sud avec Pascal Bidegorry. Le trimaran Ultime est alors optimisé pour la navigation en solo et François Gabart multiplie les entraînements en vue de The Transat bakerly, la plus dure des solitaires. Cette victoire est donc la troisième du jeune skipper sous les couleurs de Macif en solitaire, une sorte de grand chelem que seul Michel Desjoyeaux détenait auparavant…
Il a dit
« Cela a été dur, je sais que j’ai fait une super course, je suis super content. Je suis fatigué et content d’arriver pas loin de la ligne d’arrivée, ça me réjouit. Il y avait un dernier gros obstacle qui était la dorsale et à priori, je pense que je suis passé du bon côté, et là et cela devrait bien se passer.
Ce n’est pas rien de traverser l’Atlantique sur un bateau comme ça, je suis content de l’avoir fait.
Je crois que c’est le truc le plus dur que je n’ai jamais fait dans l’engagement, parce que mine de rien tu progresses d’année en année. J’apprends des choses tous les ans ; et dans l’engagement et l’investissement, j’en mets de plus en plus à chaque fois. C’est hyper exigeant. Il faut aller jusqu’au bout. Je ne me suis jamais autant impliqué physiquement. Je suis cramé. Aujourd’hui, ça va mieux, j’ai dormi un peu.
Les conditions sont plus faciles, mais ça n’est pas le moment de se prendre un pêcheur.
J’hésite un peu à aller dormir. Je vais faire quelques siestes. Ça va beaucoup mieux qu’hier soir ou ce matin. Je ne sais pas combien de temps je vais mettre à m’en remettre, mais il faudra du temps. Je ne suis pas capable d’en faire deux dans l’année des courses comme ça. Ça demande un tel investissement. Il faut faire attention, on approche des côtes. Je suis passé tout à l’heure juste à côté d’une bouée. J’étais à 38 nœuds juste à côté. En arrivant à New York, il va y avoir plein de cochonneries malheureusement. Je vais essayer de ne pas rencontrer des pêcheurs, des cargos. »
Crédit Photo : Lloyd Images
Tag sur NauticNews : The Transat Bakerly, François Gabart
– CP –
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