Sodebo Ultim’ prend la 2ème place de The Transat bakerly
Ce mercredi 11 mai, en pleine nuit new-yorkaise, Sodebo Ultim’ a franchi la ligne d’arrivée en deuxième position à 4h 2min 2s locales (10h 2min 2s heure française). Thomas Coville aura donc mis 8 jours 18h 32min 2s entre Plymouth et New York et parcouru 4656 milles à une vitesse moyenne de 22.11 nœuds.
Au ponton au pied de Manhattan, les premières réactions de Thomas Coville, qui s’est donné à fond sur ce sprint, est heureux d’être allé au bout de lui-même.
« De l’intérieur, c’est exceptionnel de vivre une telle course. On a rêvé à de telles bagarres en multicoques, et quelle chance d’avoir pu mener celle-ci sur The Transat contre un athlète comme François Gabart. On a fait du match race, c’était comme un match de tennis !
Dès le départ, le schéma stratégique de course était assez inattendu et atypique pour une traversée de l’Atlantique Nord. C’était censé être une course au près, sur une route nord, taillée pour Sodebo Ultim’. Mais ce n’était pas envisageable avec une mer déformée, des creux attendus à 6m. Être bon marin c’est choisir sa route. Le fait que ça parte directement sur la route sud et donc du portant a un peu changé la donne. Ce qui m’a manqué ? Un peu de vitesse en dessous de 14 /15 nœuds de vent où mon bateau a sans doute plus d’inertie et il est moins volage que Macif. On savait que ce ne serait pas facile à jouer, mais on a joué et on a bien joué avec nos atouts et nos cartes. On a joué sur nos points forts et on a essayé de limiter la casse sur nos points faibles. »
Que dire du vainqueur ?
« Première transat, première victoire. C’est indéniablement bluffant la vitesse à laquelle lui et son équipe ont mis au point ce bateau. Il mène son trimaran à une très belle cadence. C’est très agréable mais aussi un honneur et très valorisant de se battre contre un garçon aussi talentueux. Depuis le départ à Plymouth, on a fait une belle bagarre ! »
Si tu devais résumer les moments forts de cette course :
« 1 / Le soir même du départ nous étions dans le rail de Ouessant, c’était magnifique.
2 / Le Cap Finisterre dans du vent vraiment fort à 35 nœuds. Nous avons fait un joli coup stratégique en jouant à l’intérieur à sillonner près des cailloux. J’étais content d’avoir réussi cette glissade, ça m’a mis en confiance. Le duel avec François a plus ressemblé à une course autour de l’anticyclone des Açores plutôt qu’une bagarre dans la baston.
3 / Il y a le joli trait de vitesse quand je frôle sans avoir été le chercher le record de distance en solo en 24 heures (ndlr 673 milles parcourus – le record étant à 682 milles). Cela montre la mesure et le ton de tout ce que j’ai donné : j’y ai mis beaucoup de charbon. Je n’ai vraiment pas beaucoup dormi sur ces 8 jours de course.
4/ En arrivant sur les côtes américaines, après la folle cavalcade au portant, il y a eu le front qui arrive comme dans Independance Day. Il faut le passer sans savoir ce qu’il y avait derrière, et cette adrénaline-là j’adore !
5/ Sur la ligne d’arrivée à New York : l’équipe technique monte à bord, te regarde pour savoir ce que tu as cassé. Leur récompense? J’ai pu tirer sur le bateau sans sortir la boite à outils. Autour de ça, il y à la concentration que j’ai beaucoup travaillé et où j’ai vraiment progressé. »
Quelle est la suite pour toi Thomas ?
« Nous avons encore un super programme en 2016 avec plein d’options pour les semaines à venir : aller chercher le record des 24 heures ou retenter celui de l’Atlantique Nord (entre New York et le Cap Lizard). Quand je vois le potentiel de Sodebo Ultim’, je me dis que tout peut arriver. A partir du 15 octobre, je serai en stand by pour la tentative de record en solitaire autour du monde (à battre en moins de 57 jours).»
Thomas Coville et François Gabart refont le match, extraits … :
François vient saluer Thomas au ponton : « C’est dur quand même. Je suis content que tu sois là ». Les deux hommes sourient.
Thomas : « On a commencé un nouveau truc ensemble. Le tour du monde c’est 9 fois ça » dit-il en regardant François dans les yeux et en riant.
François : « Cette transat a été incroyable avec trois dorsales et deux fronts à passer en 36 heures. Thomas : « Normalement tu fais ça en petit bateau. On a des équipes techniques qui tiennent le choc et on a pu faire cette course sans avarie. »
Crédit Photo : Lloyd Images
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