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Transat AG2R LA MONDIALE : 36 heures pour tout donner

Bretagne-CMB-Performance

Tout donner. Se battre comme un enragé pour sauver le podium ou arracher la victoire.  De Gedimat, toujours en tête, à Cercle Vert, ils sont cinq équipages, dix hommes engagés corps et âme dans cette quête ultime. Et ils ont 36 heures pour faire la différence. ETA à Saint-Barth dans la nuit de dimanche à lundi (heure locale soit dans la matinée, heure de Paris).

Voilà 20 jours que les leaders naviguent à vue ou à portée d’AIS. Et depuis le passage du cap Vert, cinq favoris avancent en ligne, se toisent, se croisent, s’épient, s’échangent les places, tentent des coups, réussissent, échouent, reviennent au contact, accélèrent, pensent au sud, puis finalement au centre, butent dans le vent mou, espèrent, regrettent et se réengagent inlassablement dans un combat géant qui ne s’achèvera qu’aux portes de Gustavia.

Plus que 300 milles pour se départager

Il ne reste plus que 36 heures pour exprimer son talent et sa niaque, pour sauver sa peau sur le podium ou poser le pied sur la plus haute marche. Or, le grand final dans les îles risque de se jouer à la mode « fin d’étape de Solitaire » avec traquenards et autres remaniements de dernière minute.

Jusqu’ici, tout va bien. Même s’il y a beaucoup de boulot sur le pont,  l’alizé d’est gonfle les spis à bloc, et la troupe, bien qu’un brin fatiguée, se régale dans les surfs à plus de 12 nœuds, cap au nord-ouest.  130 milles par le travers de la Martinique, ça avance vite dans le sillage de Gedimat, galvanisé par sa prise de pouvoir il y a 24 heures. Thierry Chabagny et Erwan Tabarly maintiennent leur avance d’une poignée de milles sur Generali (2e), légèrement décalé sous leur vent. Au sud, Sébastien Simon et Xavier Macaire (Bretagne-CMB Performance), un peu déçus de leur position (4e à 20 milles) sont loin d’avoir baissé les bras et vont tout faire pour éviter la médaille en chocolat. Dans le nord-est des leaders, Agir recouvrement (3e à 12 milles) a un peu perdu de sa superbe, mais pas l’espoir de se refaire une santé. Quant aux hommes de Cercle Vert (5e à 27 milles), ils croient toujours en leur chance et ont d’ores et déjà adopté un rythme de quart très court, comme s’ils étaient engagés dans le sprint final.

La possibilité des îles

Tous les efforts déployés pour remporter cette immense course de vitesse à travers l’Atlantique pourraient être remis en cause dimanche lorsqu’il faudra multiplier les empannages dans les parages d’Antigua, Barbuda et Saint Kitts, le tout dans un vent mollissant. Les derniers bords autour de Saint-Barth, surtout, pourraient réserver un final à rebondissement. « Ne me parle pas de malheur »  s’exclame Nicolas Lunven (Generali) qui n’a pas l’intention de céder une place chèrement acquise. Les poursuivants espèrent qu’une brèche météo s’ouvre pour pouvoir tirer leurs dernières cartouches. De leur côté, les leaders seront dans l’incapacité de contrôler tout le monde…

Cette 13e Transat AG2R LA MONDIALE sera remportée par l’un de ces cinq valeureux tandems. C’est la seule certitude de ce samedi, avant-veille d’arrivée.

Ils ont dit
Sébastien Simon, skipper de Bretagne CMB Performance :

« On a pris un coup au moral en regardant les positions mais on essaye de se motiver car il n’y a pas beaucoup de vent à l’arrivée. Des choses peuvent se passer. On essaye de rester mobilisés. On garde le même rythme à bord, nous faisons toujours trois heures chacun sur le pont. On est toujours au portant avec une vingtaine de nœuds sous spi. Ça devrait aller un peu moins vite d’ici quelques heures. Ça va mollir dans la journée. On a beaucoup de latéral avec nos adversaires, il peut se passer pas mal de choses. Ce n’est pas perdu. On est en forme physiquement. Ça va plutôt bien. Il reste une nuit entière à faire comme ça. Et après, on sera un peu plus tous les deux sur le pont et on devra davantage discuter pour savoir si on passe dans les îles ou à l’extérieur. Les fichiers sont toujours un peu décalés ou pas tout à fait dans le bon timing donc on fait beaucoup avec ce que l’on a. Je suis content de faire cette transat. Je me rends compte de la chance que j’ai et des conditions idéales dans lesquelles je l’ai préparée. Mais j’essaye de raisonner en termes de résultats donc je pourrais être déçu à l’arrivée si jamais on terminait quatrième. Je ne m’attendais pas à un tel rythme. On a eu beaucoup de contact, on a souvent navigué à vue. On se disait avec Xavier que l’on avait fait un speed test pendant trois jours avec Generali… C’est incroyable. »

Nicolas Lunven, skipper de Generali :

« On est un peu fatigué. La nuit n’a pas été facile, on a eu beaucoup d’algues. Tous les quarts d’heure, on en enlève dans la quille ou les safrans. C’est celui qui est sensé se reposer qui fait ça… Sans les algues, ce serait parfait. Nous sommes contents de notre position et ça va vite venir maintenant ! Nous n’avons pas changé de rythme. Mais on se repose moins. La bataille est incroyable. Nous sommes constamment dans le feu de l’action. C’est vrai que c’est intense, on se bagarre à travers l’Atlantique. On se croise, on se recroise. On a beaucoup été au contact avec Bretagne CMB et nous avons croisé plusieurs fois Gedimat. C’est génial, on n’a pas le temps de s’ennuyer. C’est vraiment sympa et l’issue va être intéressante. Il y a quelques jours, la situation disait que c’était perturbé en arrivant sur les îles mais il semblerait que cela s’améliore. On verra demain ! »

Milan Kolacek, skipper de Fulgur Evapco :

« Tout va bien. On donne tout ce qu’on peut. On essaye de faire avancer le bateau le plus vite possible. L’objectif est de rester avec Bellocq Paysages Saveurs de Cornouaille et de jouer avec lui pour la 7ème place. Artemis est plus rapide que nous ces derniers jours, on n’arrive pas à trouver les réglages pour égaler leur vitesse. On peut toujours saisir une opportunité. Rien n’est terminé mais nous sommes un peu loin d’eux pour espérer les rattraper. C’est dur. Il fait chaud. Je trouve que ce n’est pas facile. On fait des pauses régulièrement mais on en a encore pour deux jours de bataille. »

Vincent Biarnes, co-skipper d’Agir Recouvrement :

« On se repose car la fin va être déterminante. Le vent mollit et tourne dans les dernières heures de course. Il faut rester très concentré, nous sommes tous les deux sur le pont. Ça va se jouer dans le groupe des quatre bateaux. Mais ça va dépendre si le vent mollit beaucoup ou pas. Avec un vent faible et pas très bien orienté pour rejoindre la ligne, il peut y avoir des écarts. On verra. Gedimat est leader, il va être seul à devoir contrôler tout le monde. Ils vont avoir du mal à contrôler tous les bateaux. On va voir. On a du mal à se réveiller à chaque quart mais globalement ça va. On arrive à bien faire marcher le bateau mais on sera content de pouvoir se reposer, c’est sûr ! »

LE CLASSEMENT 23 AVRIL 16H00

  1. GEDIMAT (Thierry Chabagny-Erwan Tabarly) à 309,89 milles
  2. GENERALI (Nicolas Lunven – Gildas Mahé) à 6,39 milles
  3. AGIR RECOUVREMENT (Adrien Hardy-Vincent Biarnes) à 12,78 milles
  4. BRETAGNE CMB PERFORMANCE (Sébastien Simon – Xavier Macaire) à 22,73 milles
  5. CERCLE VERT (Gildas Morvan – Alexis Loison) à 31,67 milles

Crédit Photo : Bretagne CMB Performance

Tags sur NauticNews : Transat AG2R – La Mondiale, Transat AG2R

– CP –

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