Trophée Jules Verne : la tête en bas!
Spindrift 2 a franchi l’équateur à 01h 31’ GMT (2h 31’, heure française) ce vendredi 27 novembre, soit en moins de cinq jours ! Un nouveau temps de référence puisqu’il avait été auparavant établi en 2011 (5j 14h 55’), par Banque Populaire V, l’actuel détenteur du Trophée Jules Verne que Yann Guichard et son équipage tentent d’améliorer. Le trimaran doit désormais négocier les alizés de l’hémisphère Sud, en route vers le cap de Bonne-Espérance.
C’est une configuration météorologique exceptionnelle dont a bénéficié Spindrift 2 (et le trimaran IDEC Sport parti deux heures plus tôt) pour cette descente expresse entre l’île de Ouessant (Bretagne) et l’équateur : seulement 4 jours 21 heures 29 minutes et 2 secondes pour parcourir les 3 171 milles en ligne directe (orthodromie) à la vitesse remarquable de 26,99 nœuds. Ce premier passage du tour du monde en équipage s’avère important non seulement en terme de timing, mais aussi pour le mental de l’équipage puisqu’il justifie pleinement a posteriori, le choix de la fenêtre de départ.
Tout schuss !
Le gain par rapport à la référence de 2011 est donc de 17 heures 25 minutes 16 secondes, soit 13% du temps précédent et 277 milles d’avance, un écart qui s’explique en partie par la route extrêmement rectiligne de Spindrift 2. Le trimaran mené par Dona Bertarelli et Yann Guichard n’a en effet parcouru que 3 326 milles grâce à une seule grosse manœuvre, un empannage au large des Açores, quand le détenteur du Trophée Jules Verne avait aligné 3 582 milles pour atteindre l’équateur, soit 256 milles de moins pour atteindre la même latitude ! Naviguant dorénavant dans une brise de Sud-Est d’une quinzaine de nœuds, Spindrift 2 va devoir longer les côtes brésiliennes jusqu’à la hauteur de Rio de Janeiro où il lui faudra accrocher la première dépression de l’hémisphère Sud pour glisser rapidement vers les Quarantièmes Rugissants…
Yann Guichard contacté par téléphone ce jeudi soir :
« En fin d’après-midi, nous n’étions pas encore sortis du Pot au Noir : il y avait autour de nous de petits grains sans vent et les vitesses oscillaient de 4 nœuds jusqu’à 25 nœuds… Nous sommes rentrés dans cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT : alternance de grains violents et de calmes) jeudi matin où les premiers grains sont apparus, mais nous avons toujours eu un peu de vent avec de temps en temps des bourrasques brusques. C’est un Pot au Noir à peu près normal avec ses brises irrégulières, mais le problème c’est qu’il est descendu dans le Sud avec nous ! »
« Nous avons donc pas mal manœuvré pour adapter la voilure, parfois à peine le travail achevé : un ris, deux ris, gennaker, génois, foc… On a mis presque toute la garde-robe ! Mais on n’a jamais été totalement arrêtés. On voit un peu de soleil à notre vent avec de petits nuages qui bourgeonnent, ce qui laisserait entendre que le bout du tunnel n’est pas loin. J’espère qu’à la tombée de la nuit, nous aurons touché les alizés de Sud-Est plus réguliers : on peut imaginer passer l’équateur en milieu de nuit. Avant 5h02 (heure française), cela ferait moins de cinq jours… mais il y a aussi notre camarade (Francis Joyon et son équipage) qui n’est pas loin et qui va vite ! »
« L’équipage a été pas mal sollicité après ce départ musclé dans le golfe de Gascogne, et là maintenant dans le Pot au Noir, mais tout le monde est désormais entré dans le rythme. Nous avons pu faire un gros check-up du bateau et tout va bien à bord : on peut envisager la suite sereinement ! Les gars sont juste déçus parce qu’il n’y a pas eu de gros grains de pluie en journée : ils n’ont pas pu prendre de douche… En tout cas, c’est une belle entame de course et maintenant, on va se concentrer sur l’hémisphère Sud pour enchaîner rapidement avec le cap de Bonne-Espérance. »
IDEC SPORT a franchi l’équateur ce vendredi 27 novembre 2015 à 03 heures 03 minutes 52 secondes Temps universel, soit 04 heures 03 minutes 52 secondes heure française. Francis Joyon et ses cinq hommes d’équipage auront donc mis 5 jours 01 heures 52 secondes pour relier Ouessant à la ligne de démarcation des deux hémisphères. Ils ont plus d’ une demi-journée d’avance sur le chrono à battre.
Après s’être extirpés en une quinzaine d’heures des griffes du Pot au noir, IDEC Sport est déjà dans l’Atlantique Sud ! Et en un temps record, puisque inférieur de 13 heures 55 minutes et18 secondes au chrono de référence établi par Loïck Peyron et ses hommes en 2011 (5 jours, 14 heures, 55 minutes et 10 secondes).
Plus d’une demi-journée d’avance à ce premier sprint intermédiaire, c’est plus que bon à prendre pour Francis Joyon, Bernard Stamm (SUI), Gwénolé Gahinet (FRA), Alex Pella (ESP), Clément Surtel (FRA) et Boris Herrmann (GER). Jusqu’ici leur tentative pour améliorer le record du Trophée Jules Verne se déroule parfaitement.
Crédit Photo : Yann Riou (Spindrift 2), IDEC SPORT
Tags sur NauticNews : Trophée Jules Verne, Dona Bertarelli , Yann Guichard, Spindrift 2, Francis Joyon, IDEC Sport
– CP-
Commentaires