Le Maxi Edmond de Rothschild remporte la Rolex Fastnet Race en Ultime quelques secondes devant le Trimaran MACIF
La 48e édition de la Rolex Fastnet Race a vécu aujourd’hui une arrivée spectaculaire des Ultimes, au terme d’un finish incroyable avec le Trimaran MACIF, leader depuis son passage devant le phare du Fastnet ce matin, battu au poteau à quelques mètres de la ligne par son grand rival, le Maxi Edmond de Rothschild.
Franck Cammas, skipper du Maxi Edmond de Rothschild, raconte : « Juste après leur empannage en direction de la ligne d’arrivée, nous avons décidé d’empanner un peu plus tard. C’était notre dernière chance de les dépasser. Mais cinq minutes avant de franchir, nous ne pensions pas que ce soit possible. »
Le skipper de MACIF, François Gabart, vainqueur du Vendée Globe et détenteur du record du tour du monde en solitaire, livre également ses explications : « Ils se sont un peu écartés et je me suis dit qu’ils paraissaient être en bonne posture. Surtout qu’ils allaient vraiment vite au portant, et je savais déjà au Cap Lizzard que ce serait difficile de les contenir. Après le dernier empannage, ils étaient deux milles nautiques derrière et nous étions entre eux et la ligne d’arrivée donc ça ne s’annonçait pas si mal. Mais ils étaient en mesure de voler tandis que nous avions un problème avec notre système de rake que nous ne pouvions régler… »
Tout s’est joué sur la propension du Maxi Edmond de Rothschild à prendre l’extrémité de la ligne d’arrivée devant le brise-lames de Plymouth, contrairement à MACIF, qui l’a franchie quelques 58 secondes plus tard.
Le temps de course du Maxi Edmond de Rothschild est de 1 jour 4 heures 2 minutes et 26 secondes, améliorant ainsi de 4 heures 45 minutes et 34 secondes le record en multicoques établi par Loïck Peyron et son équipage Maxi Banque Populaire en 2011.
Tout au long de la course, la distance séparant les deux trimarans géants n’a jamais excédé quatre milles nautiques, négociant tous deux particulièrement bien la zone de transition rencontrée hier soir, ainsi que l’arrivée du nouveau flux de sud-ouest, comme l’explique Franck Cammas : « Avant le départ, nous voulions partir au nord, mais les nouvelles prévisions reçues après le départ montraient que ça passait mieux par le sud. MACIF a opté pour le nord et nous avons décidé de rester avec eux car l’objectif était de se jauger et de naviguer face à eux. Plus tu étais rapide sur la trajectoire nord, mieux c’était. Nous avons été plus rapides que les routages sur la première partie de la course car il y avait plus de vent, et nous allions plus vite que les polaires car la mer était plate. »
Le Maxi Edmond de Rothschild a cependant rencontré quelques incidents sur le parcours. Tout d’abord en s’échouant sur le Shingles Bank à près de 25 nœuds alors qu’ils menaient la flotte, abimant ainsi fortement l’extrémité de leur dérive. Ce fut ensuite un gros poisson qui, coincé autour de la dérive juste après le passage du Fatsnet, les a obligés à faire une marche arrière pour s’en extraire, se faisant ainsi dépasser par le trimaran MACIF.
Même s’ils sont amis, il existe une forte rivalité entre ces deux équipages. Charles Caudrelier, le co-skipper et navigateur aux côtés de Franck Cammas a déclaré à son arrivée : « C’est toujours plaisant de battre François car c’est un des marins les plus réputés en multicoque, qui dispose d’un très bon bateau et d’une très bonne équipe. Notre bateau est parfois plus rapide dans certaines conditions, mais ils se sont améliorés en vitesse et naviguent très bien. C’était une grosse bagarre – très amusante ! » L’équipe Maxi Edmond de Rothschild remporte ainsi le trophée en multicoque et s’est vu remettre une montre Rolex au Plymouth Yacht Haven.
James Spithill naviguait pour l’occasion sur le Trimaran Macif, en remplacement de dernière minute suite à une blessure au dos de Pascal Bidegorry. « C’était ma première participation à la Rolex Fastnet Race. C’était rapide et je ne la referai probablement jamais à cette vitesse ! », a déclaré le skipper vainqueur de l’America’s Cup. « La puissance de ces bateaux est incroyable car ce sont de grosses machines. Avec les autres bateaux à foils, les vagues définissent la limite, mais avec ces bateaux, de par leurs tailles et la forme de leurs foils, on peut vraiment les pousser à fond. »
Sodebo Ultim 3 de Thomas Coville termine en 3e position à 1 heure 24 minutes du leader, davantage ralenti dans la transition hier soir, permettant ainsi aux leaders de toucher le vent fort en premier dans la traversée de la Mer Celtique.
D’autres records sont tombés cet après-midi, notamment avec le Rambler 88 maxi de George David, qui a contourné le phare du Fastnet à 16h45’47 ce dimanche après-midi, améliorant ainsi de 88 minutes son propre record établi en 2011. Cependant, le VO70 Wizard skippé par les frères David et Peter Askew originaires de Baltimore, est actuellement le plus rapide à avoir atteint le Fastnet Rock en temps compensé et détient désormais une solide avance à la fois en IRC Z et au classement général à ce stade de la compétition.
Les leaders en monocoque ont enroulé le Rock dans un vent de 25-30 nœuds, le flux de sud-ouest le plus fort rencontré jusqu’à présent sur cette édition 2019.
Le prochain groupe à atteindre le Fastnet Rock sera les IMOCA 60, dans lequel le bateau de dernière génération Charal, skippé par Jérémie Beyou et Christopher Pratt, a pris une avance de 8 milles sur Sam Davies et Paul Meilhat à bord d’Initiatives Coeur, qui sont quant à eux au coude à coude avec le Maître Coq de Yannick Bestaven et Roland Jourdain.
Les Class 40 sont à un stade moins avancé dans la traversée de la mer Celtique. On assiste dans cette catégorie à une très belle bagarre entre Lamotte-Module Création de Luke Berry, Leyton d’Arthur le Vaillant et Eärendil de Catherine Pourre; le trio ayant finalement réussi à lâcher l’incroyable et très tenace Pogo S2 Colombre XL de Charles-Louis Mourruau.
Crédit Photo : Paul Wyeth
Tags sur NauticNews : Rolex Fastnet, Edmond de Rothschild, Franck Cammas, François Gabart, Ultimes
– CP –
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