Solitaire Bompard Le Figaro : l’heure des comptes (1ère étape)
Une course au temps, c’est ce qui fait toute la difficulté de La Solitaire Bompard Le Figaro où les écarts par rapport au premier ont toute leur importance dès la première étape. Derrière Erwan Tabarly (Armor Lux), beau vainqueur sur ce parcours de 461 milles entre Deauville et la marque Fairway-Needles (île de Wight), force est de constater que pour certains favoris le graal sera désormais inatteignable, et pour d’autres, un objectif à portée d’étrave. Revue de détail du classement général qui comptera tout de même entre 18 et 20h d’écart entre Tabarly et Cecile Laguette (Deauville) qui devrait couper la ligne d’arrivée ce soir vers 19 h (heure française)…
« J’essaie de relativiser. Je sais que ce type de situation arrive. Dans l’immédiat, je dois évacuer la déception et digérer le fait que pour le général, c’est mort, c’est sûr. Il va falloir se remotiver et se fixer de nouveaux objectifs comme une victoire d’étape, par exemple » confiait Gildas Morvan (Cercle Vert), 20eme de l’étape, à son arrivée tôt ce matin, 7h et 14 mn après le vainqueur ! Cruelle Solitaire où la moindre erreur se paye cher, très cher. Comme Gildas, Anthony Marchand (Ovimpex-Secours Populaire), un des favoris au départ de Deauville, se retrouve 15eme à plus de 4 heures du premier : « C’est la sanction. Mais il ne faut pas dresser un bilan catastrophique et tout remettre en question. C’est une étape mitigée avec une grosse punition, même si le classement général est plié». Que dire d’Alan Roberts (Alan Roberts Racing) qui pouvait chambouler les Frenchies (plus de 6 heures d’écart), de Nick Cherry (Redshift), un des Britanniques les plus expérimentés, qui se serait bien passé de cette grosse fessée (plus de 7 heures de retard) ! Voilà donc une palanquée de bons compétiteurs remisés au placard du classement général mais qui n’ont pas dit leur dernier mot : ce sont justement eux qui peuvent bousculer la hiérarchie, pour peu qu’ils remportent une étape haut la main…
Biarnès (7ème), Pratt (8ème), Loison (9ème), Macaire (10ème), à moins de 2 heures : de l’espoir pour la suite !
Ceux là ne sont pas si loin, ont toujours navigué dans le bon wagon, ont sans doute manqué de réussite, mais sont encore dans le match pour faire un beau résultat, du moins un podium, sinon plus, sur cette Solitaire Bompard Le Figaro 2016. C’est sûr, l’affaire ne sera pas simple, d’autant qu’il y a du beau monde en haut du tableau, mais la course est longue, et ce n’est pas un vain mot. Leurs esprits sont déjà projetés sur la deuxième étape entre Cowes et Paimpol-Lézardrieux via Runnel Stone puis l’Occidentale de Sein, soit encore du courant, des cailloux et de multiples coups à jouer !
Les 4 premiers en moins de 15 minutes, les six premiers en 1 heure
Nous y sommes. Voilà donc un premier « tri » quant au futur vainqueur de La Solitaire Bompard Le Figaro. Ce sera « La » bataille à surveiller. Erwan Tabarly va devoir sauvegarder son trône et sortir les crocs : Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) n’est qu’à 7 minutes, et Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) à 11 mn. Thierry Chabagny (Gedimat), 4eme, est à moins de 15 minutes, une goutte d’eau. Ces quatre skippers vont devoir faire preuve d’une grande régularité pour conserver leur classement et peut-être l’emporter. C’est finalement le secret pour gagner La Solitaire Bompard Le Figaro. Nicolas Lunven (Generali) et Corentin Douguet (Sofinther-Un maillot pour la vie) n’ont qu’une heure d’écart. C’est à la fois déjà beaucoup, mais peu quand on sait que tout peut arriver…
Quiroga et Harris : duel pour le classement Bénéteau des bizuths
Le match pour la place de premier bizuth entre Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM) et Will Harris (Artemis 77) a été aussi serré que celui pour la première place de l’étape. C’est finalement le Marseillais de 23 ans qui s’impose avec seulement 5 minutes et 15 secondes d’avance sur son poursuivant. Le mano a mano ne fait que commencer !
Réactions au ponton à Cowes
Nicolas Lunven (Generali), 5ème
« C’était toute une Solitaire en une seule étape. Cela faisait deux ans que je n’étais pas revenu et je sais pourquoi je suis revenu. Cinquième c’est plutôt pas mal, c’est juste dommage d’être une heure après les quatre premiers. Je suis très content, j’ai pris vraiment beaucoup de plaisir, je me suis bien éclaté, c’était une étape superbe. »
Corentin Douguet (Sofinther/Un Maillot pour la Vie), 6ème
« Cette étape ? Je crois que je n’en ai jamais fait des comme ça. Elle était particulièrement dingue, il s’est passé des trucs de fou tout le temps. Il fallait rester zen. C’est assez incroyable ce qu’il s’est passé sur l’eau. A un moment j’ai pensé que ça pouvait être un carnage par rapport aux premiers en temps. Au final ça va. On a tout eu. Du vent, pas de vent, du soleil, pas de soleil. Ce n’était pas simple mais j’ai été dans le match tout le temps ».
Christopher Pratt (Sourire à la vie), 8ème
« Top étape ! Je me sentais de mieux en mieux au fil des heures. J’ai eu un moment difficile dans la brise, j’avais du mal à retrouver mes marques, j’étais mal placé en fin de journée de lundi. J’ai remonté petit à petit. 8e c’est super, je ne dis pas non ! C’était magnifique le louvoyage le long des côtes anglaises. J’ai hâte d’y retourner. »
Xavier Macaire (Chemins d’Océans), 10ème
« Ce fut une étape difficile, pas très plaisante avec des conditions pas très agréables. De la pluie, de la brume, de la pétole, tout ce qui est dur à vivre en mer. Je suis 10eme avec beaucoup d’écart avec les premiers, ça fout un coup au moral dès le début de la course. Je pense aussi à ceux qui sont derrière qui sont à contre-courant et qui vont prendre encore beaucoup de retard. J’ai 2h07 sur les premiers, pour jouer la gagne ce n’est plus trop possible. Il m’a manqué un peu de réussite. »
Sébastien Simon (Bretagne-CMB Performance), 12ème
« C’est dur ! Je suis un peu dégouté parce qu’au moment de l’arrivée il n’y a plus de vent, du coup je prends deux fois plus de temps que je n’aurais dû. C’est un peu frustrant même si ce n’est pas fini encore. Il y a d’autres étapes. Il y en a beaucoup derrière mais le temps qui me sépare des premiers commence à être conséquent. Mais je ne vais pas me démobiliser pour les trois autres étapes qui arrivent ».
Anthony Marchand (Ovimpex – Secours Populaire), 15ème
« Le classement général, c’est plié mais par contre il reste trois belles étapes à faire. Il va falloir se reconcentrer là dessus rapidement et oublier cette mésaventure. Il y a eu des hauts et des bas, deux trois petits coups qui n’ont pas eu de réussite. Et après c’est la sanction. Mais il ne faut pas dresser un bilan catastrophique et tout remettre en question. C’est une étape mitigée avec une grosse punition ».
Arthur Le Vaillant (Un bateau pour Demain), 16ème
« Oh la vache, pour la reprise, elle est belle cette étape ! C’était assez impressionnant, j’en ai encore plein les yeux. La première nuit et la première journée, on a eu des belles vagues, tout a volé dans le bateau. C’était dantesque, mais en même temps assez beau avec des lumières magnifiques entre la brume et les vagues. Je n’avais pas trop de prétentions de victoire mais quelques uns autour de moi ont accusé le coup. Mais la suite s’annonce sympa, il va y avoir des attaques et j’aime bien le jeu ! T’as toujours envie d’y être, malgré tous les efforts consentis à souhait – ou grâce à eux – cela reste une course magique ! »
Sophie Faguet (Région Normandie), 18ème :
« C’était hyper intéressant, j’étais un peu énervée au début, parce que j’ai fait un bord sous spi vraiment pas terrible. J’ai mal enroulé Owers et ensuite, il y a eu du boulot en permanence, à chaque pointe, à chaque passage avec le courant pour remonter jusqu’à Wolf Rock. Ensuite, cela a été plus tranquille, sauf l’arrivée à Portland Bill, cela a commencé à partir en sucette avec de l’orage, de la brume, de la pluie, du crachin… Enfin tout ! Il ne faudrait pas qu’elles soient toutes comme cette étape, sinon cela risque d’être compliqué. »
Gildas Morvan (Cercle Vert), 20ème :
« J’accuse un écart de 7 heures, je crois… Et 7 heures, c’est une marée ! À un moment, j’étais à 4,5 milles, je n’étais pas très loin et il y a eu un front, et je ne sais pas trop comment, mais en tout cas, les dix premiers se sont échappés. Et là, tu n’as plus que les yeux pour pleurer.
Sur mon premier Figaro, j’ai eu 10 heures de retard, j’ai connu pire. Mais c’est sûr que d’entrée de jeu comme ça, c’est un peu dur à avaler. Mais ça arrive, c’est la dure loi du sport ! »
Pierre Quiroga (Skipper Espoir CEM), 22ème :
« Je suis très content d’être enfin arrivé à Cowes après ces longues heures de navigation et de m’être battu avec Will (Harris, 2è bizuth). Depuis le départ, on a toujours été ensemble, on n’a fait que se doubler tout le long. Mentalement, je m’étais préparé à du difficile, mais on a tout eu : du petit temps dont il a été très difficile de s’extraire, du gros temps aussi, de la mer avec un démâtage qui prouve bien que c’était quand même assez costaud. Que d’apprentissages sur cette première étape de première Solitaire ! Je me suis régalé, j’ai pris beaucoup de plaisir. »
Justine Mettraux (Team Work), 29ème
« J’ai eu des soucis avec mon solent qui a déralingué lors de la première nuit. J’ai du repasser sous génois et faire comme ça toute la nuit au passage du font. Ce n’était pas idéal. C’est comme ça, les soucis techniques arrivent et je me suis fait surprendre par celui-là. Le problème c’est que ça part par devant. Je suis vraiment déçue ; j’ai essayé de m’arracher à chaque fois, de matcher les gars qui étaient à côté de moi. Mais c’est sûr que ça fait des heures et des heures après le premier bizuth. C’est dur mais je suis là et je ne vais pas lâcher l‘affaire. Le classement général est un peu compromis mais il reste trois belles étapes. Je vais être à fond pour la prochaine. »
Crédit Photo : A.Courcoux
Tags sur NauticNews : Solitaire Bompard Le Figaro, Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard
– CP –
Commentaires