IDEC SPORT : Euphorie du bout du monde
Francis Joyon, Clément Surtel, Sébastien Audigane, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet et Alex Pella, le formidable équipage réduit du maxi-trimaran IDEC SPORT, se sont autorisés la nuit dernière, peu après 1 heure du matin, un rare et précieux moment de pur bonheur collectif, au moment de laisser à bâbord le fameux rocher du cap Horn. A la libération de s’extraire du pays de l’ombre, de ces si effrayantes mers du sud, s’est ajoutée la légitime satisfaction du travail (très) bien fait, avec dans l’escarcelle pas moins de 4 chronos intermédiaires (Leeuwin, Tasmanie, Antiméridien et Horn), et cette impensable avance de 4 jours, 6 heures et 35 minutes sur le maxi-trimaran géant Banque Populaire V et ses 14 hommes d’équipage, tenants du Trophée Jules Verne depuis 2012.
« Il y a eu un moment d’euphorie particulièrement sympa ! » Francis Joyon, monument des navigations en solitaire, n’a pas boudé son plaisir de partager la nuit dernière un moment de bonheur propre aux sports collectifs. Les 26 jours, 15 heures et 45 minutes qu’il vient, en compagnie de son extraordinaire commando, de graver dans le grand livre des temps de références à la voile, traduisent derrière la froideur des chiffres, un impressionnant effort de la part de chaque homme de ce mini équipage, capable à la date d’aujourd’hui de parcourir sur le fond plus de 18 500 milles à 28,50 nœuds de moyenne! « Nous avons tenu des heures durant des vitesses de 40 nœuds et plus au cœur des mers du sud » s’émerveille Sébastien Audigane, cap hornier pour la 6ème fois de sa carrière, à bord des plus grands multicoques de course, Orange II, Groupama III et Banque Populaire V. « Le bateau est léger, parfaitement équilibré. Un régal à la barre ! Il fait merveille dans la mer et dans le vent fort. »
Du vent fort, un ingrédient qui risque de se faire rare en Atlantique sud, où sévissent des centres dépressionnaires émanant de la proche Argentine, et l’infâme anticyclone de Sainte-Hélène. « Nous comptons sur la légèreté du bateau pour ne pas trop ralentir lors de la traversée des zones de transition peu ventées qui nous attendent » souffle Joyon. La remontée « vers la maison » comme disent les marins d’IDEC SPORT, débute plutôt favorablement. Les îles Malouines seront en fin d’après-midi débordées sur tribord, au plus près des nombreux cailloux et îlots qui constituent ces territoires du bout du monde. « Nous aurons ensuite un jour et demi de belle navigation avant de devoir « tricoter » pour traverser des zones peu ventées. » précise Francis. L’avance conséquence sur le record est déjà refoulée aux confins des pensées des hommes d’IDEC SPORT, tous animés d’une même inébranlable volonté, de tirer mille après mille le meilleur parti des conditions proposées. « Remonter ainsi cap au nord est un bonheur » précise Sébastien Audigane, « car nous tournons le dos aux dangers des mers du sud, et nous nous réjouissons à l’idée de voir le thermomètre grimper régulièrement. Un peu de soleil nous fera le plus grand bien… »
Pour rappel :
Le maxi-trimaran IDEC SPORT, skippé par Francis Joyon, a franchi la longitude du Cap Horn, dernier des trois grands caps du Trophée Jules Verne, la nuit dernière à 01 heure et 04 minutes (heure française). Partis d’Ouessant le 16 décembre dernier, Joyon et ses cinq hommes d’équipage, Clément Surtel, Sébastien Audigane, Bernard Stamm, Gwénolé Gahinet et Alex Pella signent le meilleur temps intermédiaire jamais réalisé sur la distance Ouessant – Cap Horn, en 26 jours, 15 heures, 45 minutes, avec 4 jours 06 heures et 35 minutes d’avance sur le temps de référence de Banque Populaire V en 2012 (30 jours, 22 heures et 19 minutes). Ils empochent à cette occasion un quatrième record intermédiaire avec celui de l’océan Pacifique entre la pointe sud-est de la Tasmanie et le Cap Horn en 07 jours 21 heures et 14 minutes (record détenu par Bruno Peyron depuis 2005 en 8 jours, 18 heures et 8 minutes).
Crédit Photo : IDEC Sport
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– CP –
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