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VG2020 : arrivées d’Arnaud Boissières 15ème et de Kojiro Shiraishi 16ème

Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artisans Artipôle), 15e du Vendée Globe

Ce jeudi 11 février à 08 heures 56 minutes et 06 secondes (heure française), Arnaud Boissières a franchi la ligne d’arrivée des Sables-d’Olonne après 94 jours, 18 heures, 36 minutes et 06 secondes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.

L’Arcachonnais, Sablais d’adoption, boucle son 4e Vendée Globe d’affilée (2008, 2012, 2016, 2020) : il est le seul aujourd’hui à avoir réussi cet exploit ! Celui que l’on surnomme Cali avec tendresse s’est battu contre les éléments peu favorables en milieu de la flotte, sans jamais se départir de son sourire et de sa bonne humeur. Que voulez-vous, l’homme aime profondément naviguer en solitaire autour du globe ! En tête d’un groupe compact de 6 bateaux, le skipper de La Mie Câline-Artisans Artipôle a offert un superbe finish digne des premiers au classement général de ce 9e Vendée Globe… Une 15e place âprement disputée.

L’AMBIANCE

Par un froid polaire et un vent d’est pour une quinzaine de nœuds, à l’heure du café-croissants, Arnaud Boissières est rentré « à la maison » salué par les Sablais à leur balcon, son équipe, sa famille et ses amis en semi-rigide. Cali, qui chérit particulièrement sa ville d’adoption, attend le Japonais Kojiro Shiraishi, concurrent et compagnon de route, pour faire son entrée vers 14h dans le mythique chenal des Sables-d’Olonne. Une ambiance des plus chaleureuses malgré les conditions hivernales !

LA COURSE D’ARNAUD

« Être dans un groupe comme ça permet de tenir une dynamique de course, de régate. On s’écrit souvent, avec Alan (Roura) et Stéphane (Le Diraison), on se raconte nos petites préoccupations. C’est chouette, car cette 15e place m’a coûté cher ». Ce sont les mots d’Arnaud Boissières une semaine avant d’arriver aux Sables-d’Olonne. Oui ! Chaque étage sur la flotte du Vendée Globe a connu ses énormes matches. Compagnons de route dans le Grand Sud, devenus concurrents sur la remontée de l’Atlantique, Cali, Alan Roura, Stéphane Le Diraison, Didac Costa, Kojiro Shiraishi et Pip Hare se sont battus comme des chiffonniers malgré les turpitudes de la météo : les longues périodes de calmes dans la descente de l’Atlantique Sud, les violents soubresauts dans l’océan Indien et les souffles musclés dans le Pacifique Sud.

Arnaud Boissières a connu le pire comme le meilleur, des avaries en série, mais en marin ultra expérimenté, il a toujours su garder la tête froide et prendre du recul : « Je suis heureux de nature ! Je suis super content : je suis encore en course », confiait le skipper de La Mie Câline – Artisans Artipôle une fois son quatrième Cap Horn doublé, le 12 janvier dernier.

COMME UN OISEAU MIGRATEUR

À 48 ans, Arnaud est parti le 8 novembre comme s’il entamait son premier Vendée Globe, cette fois sur un IMOCA à foils dont la carène datait de 2007. Certes, il se voyait bien jouer non loin des dix premiers, mais la mer décide. Cali rêve de grands surfs accompagnés par les albatros dans les océans du Grand Sud, d’un halo de lumière dans les 50 nuances de gris. Il se dit « oiseau migrateur ». Sur son 4e Vendée Globe, Cali estime avoir connu presque le pire scénario. La navigation restera tortueuse jusqu’au bout : avec son groupe, il est contraint de contourner l’anticyclone des Açores et de faire un grand tour de 700 milles supplémentaires avant de rentrer au pays. « La punition ! », lâchera-t-il. N’empêche, Arnaud Boissières a mené sa course à lui de bout en bout, préservant son bateau jaune tout en régatant à couteaux tirés, n’oubliant jamais, lors de vacations, de féliciter ses camarades de jeu.

De la mer, il a écrit un mot pour Pip Hare, des félicitations chaleureuses pour son « pote » de toujours, Yannick Bestaven, un hommage à Georges Pernoud, une pensée pour ses camarades contraints à l’abandon. Il a un cœur « gros comme ça », Cali, ambassadeur de l’association « À chacun son Everest » lui qui, enfant, a aussi connu la maladie. Des étoiles plein ses yeux bleus, Arnaud s’est offert un quatrième tour de manège. Le Vendée Globe, c’est sa vie !

LES STATISTIQUES D’ARNAUD BOISSIÈRES / LA MIE CÂLINE – ARTISANS ARTIPÔLE

Il a parcouru les 24 365 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 10,71 nœuds

Distance réellement parcourue sur l’eau : 28 457 milles à 12,50 nœuds de moyenne

LES GRANDS PASSAGES

  • Equateur (aller) – 21e le 23/11/20 à 13h31 UTC, 5 jours 12 min après le leader
  • Cap de Bonne-Espérance – 19e le 06/12/20 à 20h15 UTC, 5 jours 21h 04 min après le leader
  • Cap Leeuwin – 16e le 22/12/20 à 01h54 UTC, 8 jours 14h 28 min après le leader
  • Cap Horn – 15e le 11/01/21 à 11h35 UTC, 8 jours 21h 52 min après le leader
  • Equateur (retour)15e le 27/01/21 à 04h 37 UTC, 10 jours 09h 25 min après le leader

Son bateau

Architecte : Owen-Clarke Chantier : Hakes Marine (NZ) – Mer agitée (FRA, Port-La-Forêt) pour refit et ajout de foils

Mise à l’eau : août 2007

Anciens noms : Ecover2, Président, Gamesa, Kilscullen Voyager-Team Ireland

Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One) 16e du Vendée Globe

Ce jeudi 11 février à 11 heures 52 minutes et 56 secondes (heure française), Kojiro Shiraishi a franchi la ligne d’arrivée des Sables-d’Olonne après 94 jours, 21 heures, 32 minutes et 56 secondes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance en 16e position. Le Japonais devient ainsi le premier skipper asiatique à boucler le Vendée Globe.

L’AMBIANCE

14 jours, 17 heures, 48 minutes et 10 secondes après le vainqueur, Kojiro Shiraishi a coupé la longue ligne d’arrivée ce jeudi 11 février, à l’heure du déjeuner. Après une nuit le long des côtes de l’Hexagone, à chercher comment passer devant Arnaud Boissières, à qui il succède sur la ligne pour seulement 02h 56min 50s, le Japonais a célébré dans une température glaciale, mais sur une mer maniable, l’ouverture d’une nouvelle page de l’histoire du Vendée Globe : il est en effet le premier navigateur asiatique à terminer l’Everest des Mers !

LA COURSE DE KOJIRO SHIRAISHI

La mondialisation a parfois du bon, surtout quand elle concerne les hommes de mer. Kojiro, c’est d’abord l’histoire d’une curiosité. Comment un homme né à plus de 9 800 km des côtes vendéennes a-t-il pu embarquer dans une telle aventure ? La réponse est digne d’un roman. Le jeune Kojiro Shiraishi avait une idole : Yukoh Tada (207 jours au BOC Challenge entre 1982 et 1983), marin estimé devenu chauffeur de taxi pour éponger ses dettes. Kojiro l’avait retrouvé en fouillant l’annuaire, en multipliant les coups de fil avant de débarquer sur son palier à 4 heures du matin. Il avait été reçu, s’était excusé, puis avait dégusté deux bouteilles de saké en bonne compagnie. De quoi avoir, à son tour, des envies de s’élancer sur les océans.

Dans les pas de Yukoh Tada

Le Vendée Globe, Yukoh Tada avait envisagé d’y participer à la suite d’un coup de fil de Philippe Jeantot. L’impossibilité de réunir les fonds nécessaires avait eu raison de son ambition. Ce ne sera pas le cas de Kojiro, qui s’aguerrit à la Velux 5 Oceans (2 fois deuxième) et bénéficie des conseils de Bernard Stamm et Roland Jourdain. « Bilou » sera toujours là quand Kojiro débarquera en Bretagne il y a quelques années, et il sera de toutes ses aventures. Kojiro le lui rend bien, il affirme « se sentir comme chez lui en France » et s’élance, il y a quatre ans, pour son premier tour du monde.

Un 2e Vendée Globe, comme « une évidence »

Le grand public découvre en 2016 Kojiro Shiraishi et son duo complice formé avec Shota Kanta, qui s’évertue à traduire chacune de ses prises de parole. Son Vendée Globe, au cœur de « la nature brute et sauvage » qui le subjugue, s’arrête net au large de l’Afrique du Sud. Une avarie en haut du mât, l’émotion de devoir s’arrêter là et des larmes terminent trop vite cette édition.

Néanmoins, dès son retour à terre, il veut repartir – « Je n’ai jamais voulu fuir mes responsabilités » – et y participer à nouveau « à valeur d’évidence ». L’édition 2020, il la courra à bord d’un bateau neuf siglé DMG-Mori Global One, pensé par VPLP à partir des moules de Charal et construit en 2019 chez Multiplast. Ainsi, pour la 2e fois consécutive, une équipe de la NHK, la chaîne d’information japonaise, était présente aux Sables-d’Olonne. Certes, les tempes de Kojiro ont légèrement blanchi, mais le plaisir est intact. Les images sont presque identiques : c’est en kimono que Kojiro débarque sur les pontons, une tenue qu’a aussi revêtu ‘Bilou’ aussi pour les derniers éclats de rire avant de partir.

Si cruelle descente de l’Atlantique

Le skipper a des arguments pour jouer une place dans le ‘top 10’. Le bateau a été fait à sa mesure, compromis entre technique, rapidité et robustesse. L’été dernier, Kojiro réussit sa Vendée – Arctique – Les Sables-d’Olonne (10e à 6 h du vainqueur, Jérémie Beyou). Cette course lui permet de se qualifier pour le Vendée Globe.

Le Japonais est armé de cet enthousiasme intarissable qui a valeur de moteur en toute circonstance, entame alors sa deuxième tentative de tour du monde. Les faits de course se révèlent cruels, surtout au cœur d’une descente de l’Atlantique qui n’épargne personne.

Au cœur de Thêta, la dépression intertropicale, des problèmes de pilote automatique qui ont provoqué des empannages imprévus entraînent la casse de quatre lattes de grand-voile et une déchirure sur la partie haute de celle-ci. La course n’est plus. Il faut contacter le team, réparer, lutter contre les doutes et repartir. « C’était un petit exploit d’avoir réussi à réparer cette voile », confie Kojiro. Les jours passent, la progression continue, certes en 2e partie de flotte, mais elle continue.

Une place dans la grande histoire de la course au large

« Je suis content que les réparations tiennent. C’est presque un miracle ». À bord de DMG-Mori Global One, le miracle devient quotidien. Il tient bon face aux grains, face aux tempêtes, face aux aléas… Et l’exploit ne fait que réjouir Kojiro. « Tous les jours à être sur l’eau à naviguer, je suis le plus heureux du monde », confiait-il fin janvier. Ces quinze derniers jours, le scénario du Vendée Globe lui a même offert le luxe de disputer une dernière régate.

Un match à cinq avec Arnaud Boissières, Alan Roura, Stéphane Le Diraison et Pip Hare. Un match pour savourer jusqu’à la fin avant de franchir la ligne des Sables-d’Olonne. En y parvenant, l’élève Kojiro vient de dépasser le maître Tada. Premier Japonais à terminer le Vendée Globe, il est aussi le premier Japonais à conclure un tour du monde sans escale et sans assistance en solitaire. De quoi lui assurer une place au chaud, aux côtés de son mentor, dans la grande histoire de la course au large.

LES STATISTIQUES DE KOJIRO SHIRAISHI (DMG MORI GLOBAL ONE)

Il a parcouru les 24 365 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 10,70 nœuds

Distance réellement parcourue sur l’eau : 29 067,67 milles à 12,76 nœuds de moyenne

LES GRANDS PASSAGES

  • Equateur (aller) – 31e le 27/11/2020 à 05h43 UTC, après 18j 16h 23min de course, 8j 16h 24min après le leader Alex Thomson (HUGO BOSS)
  • Cap de Bonne-Espérance – 25e le 11/12/2020 à 10h53 UTC, après 32j 21h 33min de course, 10j 11h 42min après le leader Charlie Dalin (Apivia)
  • Cap Leeuwin – 22e le 24/12/2020 04h43 UTC, après 45j 15h 23min de course, 10j 17h 17min après le leader Charlie Dalin (Apivia)
  • Cap Horn – 21e le 13/01/2021 17h03 UTC, après 66j 03h 43min de course, 11j 03h 20min après le leader Yannick Bestaven (Maître CoQ IV)
  • Equateur (retour) – 18e le 27/01/2021 21h48 UTC, après 80j 08h 28min, 11j 02h 36min après le leader Louis Burton (Bureau Vallée 2)

Son bateau
Architecte : VPLP
Chantier : Multiplast, Vannes
Mise à l’eau : 2019

Crédit Photo : Y.Zedda

Tags sur NauticNews : Vendée GlobeVG2020, Arnaud Boissières, Kojiro Shiraishi

– CP –

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