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Barcelona World Race : Grandes envolées vers le Sud

La flotte n’y est pas encore. Mais d’ici quatre jours, le Pot au Noir pourrait s’annoncer très accueillant. Très actif actuellement, il devrait se ranger au fur à mesure que les bateaux s’en rapprocheront toujours dans un flux de Nord-Est, avec un vent tournant franchement Est. Une situation parfaite pour franchir ce premier passage à niveau de la Barcelona World Race.

Toujours ténor de l’escadrille de tête, Hugo Boss s’est recalé vers l’ouest, avant de replonger pl ein sud comme ses petits camarades qu’il retrouve, depuis l’aube, à ses côtés. Verre à moitié plein ou à moitié vide, il a perdu de son avance mais garde fermement les commandes. Son option Est, proche des côtes africaines, lui a apporté un gain d’une dizaine de milles et, dans la régate océanique qui se joue depuis une semaine maintenant, Alex Thomson et Pepe Ribes s’en contentent aisément.

Nouveau casse-tête

Car tel le sparadrap du capitaine Haddock, impossible pour le duo hispano-britannique de se défaire totalement de Neutrogena, Cheminées Poujoulat et GAES Centros Auditivos. Et le bord obligatoire qui se profile jusqu’à ce soir, n’offre aucun répit à ceux qui veulent exister aux avant-postes. Le vent décide. Et il devrait offrir des grandes envolées de 30 nœuds à l’ouest, pour seulement 20 nœuds à la côte. Il leur faudra vite, en cette fin d’après-midi, mettre le clignotant, empanner au bon moment , afin de se recaler au nord des îles du Cap Vert que les premiers devraient toucher demain. Avec une problématique similaire que pour le passage des îles Canaries : longer les côtes à l’Est, les traverser ou les enrouler par l’ouest ? Le casse-tête stratégique reprendra pour trouver le sésame du Pot au Noir.

Digestion difficile

Trois bateaux n’ont pas encore atteint le sud des Canaries. A bord de We are Water, les frères Garcia jouent la carte du grand ouest, une option qui pourrait payer sur le moyen terme. A bord du bateau le plus ancien mais remarquablement placé, One Planet One Ocean & Pharmaton, Aleix Gelabert et Didac Costa, sans les surveiller, s’attendent à les voir revenir sur eux à l’équateur. Quant à Nandor Fa et Conrad Colman, le skipper-bâtisseur hongrois n’a toujours pas digéré les deux jours perdus en mer d’Alboran. Son jeune coéquipier, Conrad Colman, non plus. Eux espèrent un Pot au Noi r hostile à la tête de flotte et combler ainsi un peu de leur retard. En attendant, ils mènent leur Spirit of Hungary dans le même sillage que We are Water. L’ouest semble ouvert.

Classement à 14h00 TU :

  1. Hugo Boss (A Thomson – P Ribes) à 21887,1 milles de l’arrivée
  2. Neutrogena (G Altadill – J Muñoz) à 18 milles
  3. Cheminées Poujoulat (B Stamm – J Le Cam) à 31,1 milles
  4. GAES Centros Auditivos (A Corbella – G Marin) à 31,3 milles
  5. Renault Captur (J Riechers – S Audigane) à 123,7 milles
  6. One Planet One Ocean & Pharmaton (A Gelabert – D Costa) à 262,7 milles
  7. We Are Water (B Garcia – W Garcia) à 453,2 milles
  8. Spirit of Hungary (N Fa – C Colman) à 783,4 milles

Ils ont dit :

Aleix Gelabert (One Planet One Ocean & Pharmaton) :

«  Notre première décision était de contourner par l’extérieur les îles, d’aller à l’ouest. Mais c’était impossible en raison des hautes pressions. Nous avons finalement opté pour le milieu de l’archipel et je pense que c’était un bon choix tactique. Tout le monde a plus ou moins fait ce choix là d’ailleurs. Notre bateau est le plus ancien et ses performances sont moindres que les autres, plus rapides, Et il y avait plus de vent devant nous, et c’est normal qu’ils soient plus rapides et s’échappent plus tôt. Nous ne nous préoccupons pas de We are Water. Nous savons qu’il va probablement nous rattraper. Bruno et Willy naviguent bien et aller vers l’ouest peut être une bonne décision tactique également. Ils ont un bateau plus performant, il serait donc logique qu’ils nous rattrapent rapidement. »

Alex Thomson (Hugo Boss) : « Nous avions l’impression que tout le monde allait passer entre Lanzarote et Gran Canaria. Au moment de la décision, il y avait une quarantaine de minutes de différence entre les deux routes et il semble que notre choix a payé. Lors du routage initial, nous nous attendions à un gain de 10 à 15 milles et c’est ce qui s’est produit. Je pense que GAES a réalisé un boulot fantastique. Ils se sont vraiment améliorés pour cette Barcelona World Race et sont désormais de sérieux concurrents. Au reaching, on pourrait accélérer et prendre un ou deux milles sur les autres, mais sinon, on reste assez proches les uns des autres. Nous avions planifié une sorte de routine sur le bateau et nous n’avons pas pu la mettre en place. Nous n’avons pas dormi plus de deux heures d’affilée. Mais nous sommes conscients qu’il faut tenter de rester lucides. On n’a pas le droit à l’erreur dans ces conditions. Nous avons cassé la sonde sur le safran, qui détecte l’angle. Cela s’est passé quand un filet s’est enroulé autour de la quille dans le détroit de Gibraltar. Nous avons une pièce de rechange, mais il faut éviter que cela se reproduise, surtout dans les mers du Sud, où le safran pourrait se relever. Sans pilote automatique, la course serait vraiment plus dure. »

Nandor Fa (Spirit of Hungary): « Je ne suis pas vraiment leur position (des autres bateaux). Je ne veux pas me polluer l’esprit. Nous avons accumulé deux jours de retard en mer d’Alboran, ce que nous n’avons pas digéré. Et jusqu’à maintenant, nous n’avons eu aucune chance de revenir. L’équateur pourrait être l’occasion de gagner des milles. Mais il pourrait aussi nous en faire perdre encore plus. C’est la loterie. »

Crédit Photo : Gilles Martin-Raget

Tags sur NauticNews: Barcelona World Race, Open 60 IMOCA

– CP –

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