Solitaire du Figaro : Massives attaques à prévoir
Leader au classement général, Jérémie Beyou (Maître Coq) est loin d’avoir un boulevard devant lui : au moins trois solitaires peuvent l’inquiéter pour la victoire finale et ils sont nombreux ceux qui voudront claquer cette ultime étape entre Les Sables d’Olonne et Cherbourg-Octeville, soit 490 milles. Surtout que les conditions annoncées laissent entendre que les attaques vont fuser dès le coup de canon de dimanche à 17h00 !
Cette ultime étape va conclure cette 45ème édition de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire de belle manière ! D’abord parce que les écarts entre les quatre premiers sont très faibles : Jérémie Beyou n’a que 15’13 d’avance sur Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance), 18’57 sur Charlie Dalin (Normandy Elite Team) et 24’02 sur Gildas Mahé (Interface Concept)…
Sans compter la meute qui concède moins de trois heures et qui, sur un tel parcours avec une telle météo annoncée, peut bouleverser tous les schémas ! Car à ce stade de la course, il serait hasardeux de mettre sur la touche nombre de solitaires qui vont attaquer de toutes parts et à tous moments sur ce parcours de 490 milles très technique.
Tranches de Manche
Car ça va commencer fort : un bon flux d’Ouest à Nord Ouest de 20 nœuds et plus au passage d’un front dégénéré qui laisse derrière lui un marais barométrique… Il y aura donc du louvoyage le long des côtes vendéennes puis un sérieux ralentissement au large de Belle-Île. Et le vent ne va réellement s’installer de secteur Sud qu’en soirée lorsque la flotte va parer la pointe de Penmarc’h (marée haute à 19h27, coefficient 76).
Puis l’arrivée d’une dépression atlantique qui va se stabiliser au large de la pointe bretonne, va influer tout le reste du parcours. Après 150 milles où la dispersion de la flotte sur cette première tranche de parcours pourra être importante, tout le monde va converger sur l’Occidentale de Sein en pleine nuit de lundi, pour un bord tout droit vers Ouessant qui va se transformer ensuite en louvoyage pour aller chercher la bouée de Portsall, à quelques encablures de l’épave de l’Amoco Cadix, triste naufrage pour la Bretagne… Et hop ! Une première traversée de la Manche sans option particulière puisque la brise sera normalement stabilisée au secteur Est modérée.
So far away to Fairway…
Et là, les options vont une nouvelle fois fuser de toutes parts ! De la bouée Manacles dans l’Est du cap Lizard, il y aura 135 milles à tirer des bords jusqu’à l’entrée des Needles, à l’Ouest de l’île de Wight. Avec une marée haute à Plymouth mardi soir à 21h05… et une pleine mer à Portland Bill à 23h01 mercredi soir lorsque les premiers devraient s’approcher de la bouée Fairway. Après plus d’une journée de louvoyage dans une brise d’Est à volumétrie variable puisqu’une grosse molle est aussi au programme en milieu de cette troisième journée de mer !
Enfin, une dernière traversée de la Manche ne devrait pas changer grand-chose sur une hiérarchie qui risque fort d’être établie déjà depuis l’île de Wight. Soixante milles au vent de travers avec des coefficients de marée en baisse : 62 pour jeudi matin. Il n’y aura donc pas de pause sur ce parcours : avec un premier louvoyage où les petits décalages pourront se transformer en grands écarts, avec une molle belle-îloise qui pourrait encore aggraver les deltas, un contournement des îles d’Iroise avec des renverses de marée façon passage à niveau, et un très long louvoyage britannique qui va de nouveau éclater la flotte en petits clans…
Mutinerie sur les ponts
Or sachant que deux ténors n’ont qu’une idée en tête, s’imposer à Cherbourg-Octeville, et que la troupe n’a pas l’intention de suivre le leader pour enfin marquer sa Solitaire, la bataille sera mal rangée… Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) sont uniquement là pour gagner cette manche. Et Jérémie Beyou ne pourra pas contrôler trois dauphins (Horeau, Dalin,Mahé) qui vont se disperser dès le départ sur le plan d’eau : les choix vont être cornéliens et la dramaturgie racinienne pour cet acte 4 qui promet quelques coups de théâtre !
Ils ont dit…
Gilles Chiorri, Directeur de Course
« 490 milles à parcourir. Un tracé un peu différent de ce qu’on fait habituellement puisque les solitaires passeront au large de la Chaussée de Sein et de Ouessant avant de replonger vers la bouée de Portsall. Puis une première traversée de la Manche vers la bouée Manacles dans l’Est du cap Lizard et un grand bord le long des côtes britanniques jusqu’à l’entrée des Needles (île de Wight) pour retraverser la Manche vers l’arrivée à Cherbourg. La météo est assez tonique au départ avec 20 nœuds et plus de secteur Ouest-Nord Ouest ce qui va imposer un louvoyage, mais dès Belle-Île, le flux devient mou et très perturbé sous l’influence d’une dorsale. Le vent reviendra faible de Sud-Est pour basculer à l’Est ensuite d’une dizaine de nœuds. Avec encore une molle au large de Portland Bill ! Une arrivée jeudi matin à Cherbourg sous le soleil… »
Jérémie Beyou (Maître Coq), leader au classement général provisoire
« Le départ de cette dernière étape risque d’être tonique avec 25 nœuds de vent. Il va falloir jouer la prudence sur le petit parcours banane pour préserver les bateaux. Ensuite, ce sera un grand bord de près toujours dans du vent musclé où il faudra gérer les courants. Ensuite, le vent devrait mollir assez rapidement et basculer au Sud-Est. Cette période de transition devra être anticipée : elle risque d’être un moment clé de la course. L’étape sera tactique, propice à du contrôle car elle se décline sur des petits tronçons de 70-80 milles, sauf le premier bord au départ des Sables d’Olonne pour rejoindre la pointe de Bretagne. Je pense que ce sera rugueux, costaud et qu’il peut y avoir des écarts et des gros coups de mou… »
Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir), vainqueur de la deuxième étape
« Ça va être un beau merdier ! Il a fallu que je m’y reprenne à trois fois pour tenter de comprendre… Cette quatrième étape va être compliquée et longue : c’est bien pour conclure cette 45ème édition. On devrait arriver jeudi après quatre jours et quatre nuits de mer, comme celle qu’on vient de finir. De toutes façons, si on arrive trop tôt à Cherbourg, on ne saura pas quoi faire alors autant être en mer plutôt que de se prendre une tarte, voir deux ou trois… »
Gwénolé Gahinet (Safran-Guy Cotten), leader provisoire au classement Bénéteau des bizuths
« Une grosse étape encore ! Mais je suis plutôt à l’aise dans la durée. Et j’ai l’impression d’avoir bien récupéré. J’espère que je vais encore progresser comme sur les trois premières manches. Et sur la dernière étape, j’avais le sentiment d’aller vite et bien. J’aimerais partir correctement sans oublier Sam Matson qui n’est qu’à 32 minutes derrière moi pour le classement « bizuth ». Après pour rentrer dans les dix premiers au général, il faudrait que je mette une heure et demie à Gildas Morvan et Thierry Chabagny ! Mais il y a deux pétoles sur la route et pas mal de près… »
Crédit Photo : Flipo Maxime
Tags sur NauticNews: Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard
– CP –
Commentaires