Solitaire du Figaro : Veillée d’arme d’une étape à géométrie variable !
Les dernières prévisions météorologiques laissent entendre que les 38 solitaires pourraient arriver très groupés à Plymouth… ou a contrario se disperser sur des dizaines de milles ! Plusieurs passages à niveau vont égrainer ce parcours de 484 milles en Manche et selon l’heure d’atterrissage, le train de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire pourra passer… ou devra larguer quelques rames sur les rails. Surtout que certains skippers envisagent quelques aiguillages en particulier le long des côtes anglaises !
Si les prévisions de Météo Consult semblent claires, les scénarios divergent selon le timing des différents systèmes qui vont se succéder au fil des quatre jours prévus pour boucler ce tracé en zigzags scindé en quatre tronçons : 80 milles de Deauville à la bouée Owers (Est de l’île de Wight), 200 milles pour atteindre le phare en mer de Wolf Rock (au Sud de Land’s End), 100 milles pour rallier la bouée Astan (île de Batz) et 100 milles pour en finir à Plymouth…
Une entame tout en douceur
Le vent pourrait avoir du mal à s’établir en fin de matinée dimanche, mais normalement un flux de secteur Nord-Est faible se renforçant au cours de l’après-midi va permettre aux 38 Figaro Bénéteau 2 de s’extirper en douceur de la baie de Seine : « Le vent de Nord à Nord-Est va atteindre une douzaine de nœuds dimanche après-midi une fois passé le cap de la Hève (Le Havre). En fait il y a une dépression thermique sur le centre de la France et une petite bulle anticyclonique sur Manche Est : il faut juste que cela se mette en place… » analyse Cyrille Duchesne de Météo Consult.
La route vers la première marque étant plein Nord, c’est donc au débridé que les solitaires vont traverser une première fois la Manche et l’atterrissage sur la bouée Owers devrait se faire en fin de nuit, vers 3h du matin… juste au moment de la renverse de marée : les premiers à obliquer vers l’Ouest (dans un flux de secteur Est) devront donc repousser le courant montant qui va prendre de l’intensité au fil des heures pour atteindre vers 6h son apogée, à trois nœuds environ !
Cette première partie est donc la plus délicate dans la phase de départ car il faudra gagner rapidement dans le Nord après le coup de canon pour profiter le plus tôt possible de l’installation de ce régime de Nord-Est. Mais ensuite, c’est un « petit train » sans option possible (si ce n’est de légers décalages latéraux) pour une route toute droite : un bord de vitesse pure sous génois et grand-voile avec peut-être un peu de spinnaker serré si la bascule à l’Est s’effectue avant la nuit.
Une ligne droite très brisée
Le deuxième tronçon va donc commencer dans un flux d’Est faible à modéré face au courant… Du spinnaker avec le choix de raser les côtes anglaises, en particulier la pointe Sainte-Catherine (Sud de l’île de Wight) ou de se décaler franchement vers le large pour être moins pénalisé par la marée et moins soumis aux effets de site et de brise thermique des côtes anglaises : la flotte pourrait donc exploser sur ce point névralgique !
« La cellule anticyclonique va partir vers la mer du Nord laissant derrière elle peu de vent… une brise qui va s’orienter au Sud en faiblissant ! En même temps, une bulle anticyclonique va monter du Cotentin vers Portland Bill : elle va provoquer une importante bascule au Nord-Ouest voire à l’Ouest. Mais cet effet va être éphémère puisque la dépression atlantique qui ne bouge pas depuis des jours au large de la Bretagne va prendre le pas avec un régime général de Sud-Sud Ouest. » précise le prévisionniste de Météo Consult.
Lundi midi s’annonce donc comme l’heure fatidique de cette première étape ! Surtout que les leaders devraient être entre les Needles et Portland Bill (ou très au large) au moment où (encore) la marée va s’inverser… Nombre de skippers ont déjà eu à mouiller devant cette pointe redoutable où le courant montant peut dépasser les cinq nœuds ! De nouveau un passage à risques parce qu’en sus, le vent devrait repasser au secteur Sud à Sud-Ouest en se renforçant (enfin). La suite s’annonce plus simple avec un régime plus stable dès lundi soir : une quinzaine de nœuds de Sud-Ouest et un peu plus de mer pour aller virer le phare de Wolf Rock au près serré, dans la nuit de mardi à mercredi.
Il ne restera plus « que » 200 milles pour en finir avec probablement un effet d’élastique : les leaders vont pouvoir creuser l’écart travers au vent pour retraverser la Manche vers Roscoff dans un flux de secteur Sud revenant au Sud-Ouest d’une quinzaine de nœuds. Il pourrait y avoir un effet « tampon » en abordant les côtes bretonnes, mais s’il y a compression de la flotte, cela ne devrait pas durer puisque la dernière ligne droite vers Plymouth ne devrait offrir aucune opportunité au largue sous spinnaker. La phase la plus complexe de cette première étape se situe donc entre Cowes et le cap Lizard, entre le lever et le coucher du soleil lundi… Et l’arrivée devrait se jouer entre le lever du soleil et le midi, jeudi !
En bref…
Deux baptêmes, un parrainage : cet après-midi, le bassin Morny au cœur de Deauville a reçu des invités d’exception à l’occasion des baptêmes des Figaro Bénéteau de Paul Meilhat (SMA), d’Isabelle Joschke (Generali – Horizon Mixité), et du parrainage de Cercle Vert de Gildas Morvan. Michel Desjoyeaux a cassé la bouteille sur SMA, tandis qu’Eric Lombard, directeur général de Generali en France, a baptisé Generali-Horizon Mixité. L’humoriste Laurent Gerra a fait le déplacement sur le village de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire en tant que parrain de Cercle Vert.
Passage de flambeau entre Bordeaux et Deauville : Bordeaux, ville départ de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire l’an passé a été reçu par Deauville. Les deux villes de départ ont ainsi démontré leur attachement à la course et ont annoncé leur volonté de continuer. Ainsi Bordeaux accueillera le départ de la 46e édition de l’épreuve, Deauville, la 47e !
Ils ont dit…
Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) : « C’est un parcours avec beaucoup de régate côtière donc beaucoup de stratégie. On va jouer le courant, les bascules, le trafic maritime. Ca va être difficile de dormir quand on voudra, parce qu’il a pas mal de bouées à passer et les bords sont courts. Il faudra essayer d’être intelligent, de se reposer mais pas forcément quand on sera fatigué, plutôt à des moments stratégiques. Il y aura beaucoup de bords différents. La côte sud anglaise réserve souvent des surprises. »
Alain Gautier (Generali) : « Cette étape aura des tronçons assez courts, avec du courant. Il peut se passer pas mal de choses. Elle sera très particulière avec une météo piégeuse. »
Charlie Dalin (Normandy Elite Team) : « On part plein nord à l’assaut des côtes anglaises, et puis nous allons longer la côte sud anglaise, nous passerons même devant l’arrivée, Plymouth, avant de redescendre vers Roscoff et traverser pour la troisième fois la Manche. Ce sont des endroits où il y a beaucoup de courant, beaucoup d’effets de site. »
Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) : « Comme d’habitude, et finalement comme chaque étape de La Solitaire du Figaro, cette étape va être compliquée. La météo sera faible, l’étape sera technique, même si ce n’est que la première, elle peut être très dangereuse. Vu le peu de vent que l’on risque de rencontrer, longer la côte anglaise avec le courant et les effets thermiques, ça va générer des passages à niveau et des écarts. »
Frédéric Rivet (DFDS Seaways) : « Il va falloir jouer des trajectoires en fonction de la marée, et également jouer le long des côtes anglaises avec les effets de site, et les heures de passage aux différentes pointes… En Angleterre, il y en a plein. Il faudra être à l’endroit sur ces coups là, jouer les hauts fonds, se positionner dans les petits courants. L’arrivée à Plymouth peut être rigolote selon l’heure à laquelle on arrive. »
Gildas Mahé, Interface Concept : « La Manche, c’est du courant et des cailloux… Nous allons faire trois traversées de la Manche. Cela ne paraît pas grande chose comme ça, ce sont des bords tout droit, mais en fait c’est compliqué.… Et par souvenir, j’ai pris 8h de retard en 2009 en une seule traversée de la Manche ! Forcément, j’en ai un souvenir ému… »
Tags sur NauticNews: Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard
– CP –
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