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La Route des Princes : en route vers Dublin

Après les Multi50 hier, les MOD70 et le Maxi80 se sont élancés à leur tour, à 15 heures ce dimanche, pour leur deuxième étape off-shore de la Route des Princes. Après un petit parcours de six milles entre la place du Commerce et le pont du 25 avril, les multicoques ont mis le cap vers la sortie du Tage pour attaquer le plus gros morceau de l’épreuve : 990 milles entre Lisbonne et Dublin – Dùn Laoghaire, via le phare du Fastnet, dont la plus grande difficulté sera sans conteste le passage du cap Finisterre où les équipages vont devoir négocier au mieux le passage d’une dépression. Un passage délicat, programmé demain matin, qui sera sans conteste l’un des moments clés de ce deuxième acte.

Après deux jours de régates in-shore dans un décor à couper le souffle, en plein coeur de la capitale Portugaise, les MOD70 se sont envolés, cet après-midi, en direction de Dublin – Dún Laoghaire, terme de la deuxième course off-shore de la Route des Princes, dont le coup d’envoi a été donné, comme prévu, à 15 heures (heure française) précises. Si Virbac-Paprec 70 de Jean-Pierre Dick a été le plus prompt à s’élancer, très vite Spindrift skippé par Yann Guichard – débarqué à Lisbonne trois heures seulement avant le départ, après deux jours passés en Suisse pour disputer le Bol d’Or en D35 – s’est emparé des commandes. C’est lui qui a bouclé en tête le petit aller et retour de six milles entre la place du Commerce et le pont du 25 avril, et c’est lui encore qui a viré le premier la bouée C1 positionnée au sud-ouest de Cascais, décrochant ainsi le premier point de bonus spécial de cette deuxième étape. Une étape qui ne s’annonce pas aussi simple qu’il n’y parait. « Ce ne sera pas du tout du tout droit. Sur cette étape, la navigation sera cruciale » rappelait justement Pascal Bidégorry, en charge de ce poste à bord de Sprindrift.

De fait, si, pour l’heure, les quatre MOD70 et le Maxi80 Prince de Bretagne profitent d’un grand soleil et d’un flux de nord nord-ouest d’une petite quinzaine de noeuds pour attaquer la remontée vers le cap Finisterre, dès cette nuit, ils vont changer assez radicalement de décor. Une dépression se situe actuellement au large de la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique et va donc engendrer du mauvais temps et des vents forts sur leur route, dans les heures qui viennent. Les équipages se préparent donc à négocier au mieux ce système. La bonne nouvelle, c’est qu’ils devraient pouvoir passer dans son est et ainsi éviter le gros du coup de chien. Pour autant, ça risque tout de même de secouer un peu à bord des bateaux puisque 20-25 noeuds fichiers sont annoncés. Mais le plus délicat, pour les marins, sera d’ajuster le plus précisément possible les trajectoires et de déclencher les manoeuvres au bon moment afin de rester au plus près du centre de la dépression et entamer un virage à gauche le plus rapidement possible sans pour autant trop s’en rapprocher au risque de tomber dans la molle et de se laisser distancer par ses camarades de jeu. Des camarades qui fileraient alors sans doute déjà au reaching, vers le rocher du Fastnet. Affaire à suivre donc.

Ordre de passage à la bouée C1, première marque de parcours obligatoire :

  1. Spindrift (Yann Guichard) à 17h07’00’
  2. Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) à 17h07’40 »
  3. Oman Air-Musandam (Sidney Gavignet) à 17h10’05’
  4. Prince de Bretagne (Maxi 80 Prince de Bretagne) à 17h25’00 »
  5. Virbac-Paprec 70 (Jean-Pierre Dick) à 17h29’00 »

Les Multi50 déboulent à l’entrée du golfe de Gascogne
22 nœuds… les compteurs s’affolent pour les quatre Multi50 ! Poussés par un vent de sud sud-ouest qui ne cesse de fraîchir (25 nœuds), les quatre équipages avalent la première partie du parcours Lisbonne-Dublin Dún- Laoghaire pied au plancher. Actual, FenêtréA-Cardinal et Arkéma – Région Aquitaine ont doublé le cap Finisterre en milieu de journée et se situent ce soir à la latitude de la Corogne. Autant dire qu’ils n’ont pas perdu de temps ! Rennes Métropole – Saint-Malo Agglomération tente de combler son retard de plus  de 100 milles par rapport au leader Actual, et reprend des couleurs depuis le début de l’après-midi. Il pointait à 17 noeuds de vitesse au dernier classement. Déjà, des stratégies se dessinent entre les partisans de l’est (Actual) et de l’ouest (FenêtréA-Cardinal, Arkéma-Région Aquitaine). Dans les heures à venir, le système météo compliqué et variable en force et en direction, laisse présager un joli casse-tête à la table à cartes, et beaucoup de manœuvres sur le pont.

Classement de 16 h

  1. Actual (Yves le Blevec) à 791,78 milles de l’arrivée
  2. FenêtreA-Cardinal (Erwan Le Roux) à 15,13 milles
  3. Arkema – Région Aquitaine (Lalou Roucayrol) à 37,54 milles
  4. Rennes Métropole – Saint-Malo Agglomération (Gilles Lamiré) à 109,87 milles

Ils ont dit :

Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) : « Nous allons avoir des conditions assez variées. Le départ se fera sous un beau soleil mais ça va vite se couvrir dans la soirée avec le passage d’une dépression dans le golfe de Gascogne. Toutefois, ça devrait plutôt bien se passer puisqu’on devrait passer dans son est, c’est-à-dire du bon côté. Après, l’autre partie délicate à gérer sera l’approche du Fastnet. En ce moment, c’est assez aléatoire sur la fin du parcours. On aura pas mal de pluie. Beaucoup de pluie même. En tous les cas, lors de cette deuxième étape, on va retourner dans des endroits qu’on connait bien et où on trouve des données météo assez faibles. Plus, en tous les cas, qu’en Méditerranée. Je pense que ce sera une course avec pas mal de contact et beaucoup de manœuvres. Par contre, elle sera assez rapide puisqu’on sera à Dublin en moins de trois jours. »

Sidney Gavignet (Oman Air-Musandam) : “Ce qui nous attend sur cette deuxième étape off shore ? Simplement une dépression pas très creuse aux alentours du cap Finisterre. Ça va être intéressant, en termes de navigation, car il faudra aller jouer avec le centre mais pas trop. Et pour cause, au centre d’une dépression, il n’y a pas de vent. Le truc, c’est de réussir à avoir une bonne trajectoire et ressortir avec les vents qui tournent. Ensuite, ce sera plutôt mollissant, donc on sera au près. Dès lors, je pense que ce sera très ouvert. Le cap Finisterre lui même ne sera pas forcément un point clef de cette étape. Ce qui sera délicat, c’est le contournement de la dépression, et, avant ça, il faudra placer un virement de bord au bon moment, le long de la montée du Portugal. Là, ça pourrait se creuser un petit peu, avec un peu moins de vent à terre. Il va se passer des choses je pense. Notre état d’esprit pour cette deuxième étape est le même que celui que l’on avait sur l’eau lors des dernières journées des in-shore de Lisbonne. La première étape gagnée est derrière nous. Il y a une très bonne ambiance à bord, l’équipe est soudée. C’est très important sur une course difficile car pour les moins expérimentés, naviguer dans le calme permet d’éviter les petites bêtises qu’ils peuvent faire sous pression. Cela peut faire la différence, donc notre état d’esprit est calme. Nous sommes contents d’y aller et confiants. »

Pascal Bidégorry (Spindrift) : « Avant de mettre le cap au large, on va avoir un petit parcours sympa sur le Tage duquel il va falloir tourner les manivelles à fond pendant deux heures. Ca va être important de bien sortir du fleuve car il y a un point de bonus à prendre à la sortie, près de Cascais. Après, on va partir au près bon plein et on aura un petit contrebord à faire à un moment donné puisqu’on aura un axe de dorsale à traverser afin de se rapprocher du centre de la dépression que l’on va viser. On va contourner cette dépression dans son est, au niveau du cap Finisterre, avec des vents portants et 25 noeuds moyens. Ce sera fort mais je ne pense pas que ce sera violent. Derrière, très rapidement, on se retrouvera sur une  allure de reaching. Je pense que le final sera difficile car il y aura peut être moins de vent entre le Fastnet et Dublin. C’est un parcours très intéressant car au niveau stratégie, il va se passer plein de choses et il faudra être bon pour ressortir devant et prendre des points. Il y aura beaucoup à faire jusqu’au sud de l’Irlande, ça va être sympa. »

Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 70) : « On s’attend à avoir pas mal de près sur ce parcours, avec des conditions assez musclées, notamment au cap Finisterre où on va aussi avoir beaucoup de mer et un passage assez délicat à l’est d’une dépression qui se déplace vers nous. Il faudra donc faire preuve de beaucoup de prudence dans la trajectoire car il y a le risque de se faire empétoler au milieu. Après, la délivrance viendra peut-être quand on arrivera au Fastnet. Le vent sera alors un peu plus mou. En clair, le départ de la course ne sera pas simple et la remontée vers le cap Finisterre avec un front qui passe nous plus. Il faudra sans doute prendre des ris, changer des voiles et passer au portant après la dépression avant de remonter vers le sud de l’Irlande. Il y aura donc des phases assez actives où il faudra vraiment être sur le pont. Hier, ça n’a pas été notre jour de gloire lors des in-shore mais on espère laver l’affront.»

Lionel Lemonchois (Maxi80 Prince de Bretagne) : « Lors de cette deuxième étape, nous allons avoir pas mal de près jusqu’au cap Finisterre, après passage de dépression à droite ou au centre, on ne sait pas encore tout à fait. Après par contre, ça va être assez rapide jusqu’en Irlande parce qu’on sera au portant. J’espère, en tous les cas, qu’on va autant se battre avec les mOD70 que lors de la première manche entre Valence et Lisbonne. C’est vraiment stimulant quand il y a du match. Dublin, je ne connais pas, ce sera une nouveauté. »

Crédit Photo : Marcel MOCHET

Tags sur NauticNews : Route des Princes, MOD70, Maxi80, Multi50

– CP –

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