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Transat Bretagne-Martinique : Yann Eliès et Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir contraints à l’abandon

Peu après 7 heures ce jeudi matin, Yann Eliès informait par téléphone la Direction de course puis le Groupe Quéguiner et l’association Leucémie Espoir d’une avarie survenue alors qu’il affrontait des rafales à plus de 40 nœuds et une mer démontée. C’est en effet avec une déception non dissimulée qu’il annonçait que le renfort du deuxième ris de sa grand voile venait de s’arracher et que, de fait, ses espoirs de victoire dans la Transat Bretagne-Martinique étaient réduits à néant.

« Je me prépare au pire. Vu les conditions annoncées, ce ne sera pas facile. Le but, sera d’essayer de se sortir de ce passage difficile avec le bateau dans le meilleur état possible », prévenait Yann Eliès, hier, lors de la vacation officielle. Il a pourtant tout mis en œuvre pour préserver au mieux son matériel et ses voiles en jouant autant que possible la carte de la prudence. Malheureusement, la tempête qui balaye la flotte depuis la nuit dernière aura eu raison de sa grand voile. « Aux alentours de 6h45, alors que je faisais route au près, bâbord amure, dans des conditions pour le moins musclées, j’ai entendu un grand bruit. Lorsque je suis sorti sur le pont, je n’ai pu que constater les dégâts. J’ai tout de suite compris que c’était foutu. D’une part, parce que la météo ne permet pas de réparer et, d’autre part, parce que je ne suis pas équipé pour le faire de toutes les façons. C’est terriblement frustrant d’autant que j’avais tâché de prendre soin de mon matériel  » expliquait le navigateur, peu après l’incident.

Dès lors, il n’a eu d’autre choix que d’annoncer officiellement son abandon. Une décision jamais facile à prendre, surtout lorsque l’on joue la gagne. Parce que c’est bien une victoire que le vainqueur en titre de la Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire venait chercher sur cette Transat Bretagne – Martinique, sa première traversée de l’Atlantique en course, en solitaire et à armes égales. Son début de course était d’ailleurs très prometteur. Après avoir fait preuve d’une grande maîtrise lors du prologue AG2R LA MONDIALE, il était, depuis dimanche, l’un des grands animateurs de la flotte. Au moment de l’avarie, il pointait en 4e position grâce à une option ouest prise après le passage du DST du cap Finisterre. Son positionnement sur le plan d’eau était stratégiquement intéressant compte tenu du passage du front associé à la rotation de vent prévu pour le début de soirée, il ne pourra malheureusement pas en toucher les bénéfices. « Je suis déçu, forcément. Déçu aussi pour le Groupe Quéguiner et l’association Leucémie Espoir avec qui, cependant, je n’ai pas fini d’écrire de belles histoires. Être contraint à l’abandon est toujours un gros coup dur mais il faut savoir rebondir », a souligné Yann pour qui, la priorité, aujourd’hui, est de rejoindre la Bretagne sans encombre. Positionné actuellement à 230 milles dans l’ouest de Porto, au Portugal, il se trouve toujours au cœur du coup de vent et fait route au vent arrière, sous tourmentin seul. « Je dois absolument fuir au plus vite cette zone dans laquelle je me trouve. Ici, les vagues déferlent de tous les côtés et ça souffle très fort. Il est impératif que je gagne dans le nord-est afin d’être plus en sécurité. Ce matin, j’ai chargé de nouveaux fichiers GRIB pour choisir la trajectoire la plus adaptée pour rentrer en Bretagne sud que je devrais atteindre entre dimanche soir et lundi soir », a-t-il précisé.

Point sur la situation du bateau Tektôn/AGM – Région Martinique – skipper Eric Baray

A 08h50 (GMT+1) ce matin la direction de course de la Transat Bretagne-Martinique a noté un changement de cap anormal du bateau Tektôn/AGM – Région Martinique, dont le skipper est Eric Baray. Le bateau se situait alors à 180 milles nautiques dans le sud ouest du Cap Finisterre et le nouveau cap du bateau l’amène désormais vers la côte espagnole la plus proche (distante de 125 milles nautiques), cap qui correspondrait à une escale technique.

Le vent sur zone souffle à force 7 à 8 avec une houle de 5 mètres. Après de nombreuses tentatives d’appels vers le bord au moyen du téléphone satellitaire Iridium, le directeur de course, Gilles Chiorri, a informé le CROSS Griz Nez pour mener les investigations nécessaires afin de comprendre les intentions du skipper.

La direction de course suit le bateau en temps réel au moyen du dispositif CLS Argos et reste en contact étroit avec le CROSS pour établir le contact visuel ou radio avec le skipper dans la journée.

Ils ont dit :

Claude Quéguiner, PDG du Groupe Quéguiner : « Les forts vents ont eu raison de la grand voile de Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir. Ce matin, à 7h20, Yann m’a annoncé par téléphone, la mort dans l’âme et avec beaucoup de regrets, qu’il faisait demi-tour, abandonnant ainsi tout espoir de victoire. Il s’était préparé sportivement et mentalement à cette transat qui lui tenait tant à cœur. Nous sommes moralement avec lui et nous l’attendrons sur le ponton à son retour. »

André Civray, Président de l’Association Leucémie Espoir : «  Cette belle aventure ne traversera pas l’Atlantique, les éléments en ont décidé autrement. Le Groupe Quéguiner et Yann Eliès nous ont déjà apporté beaucoup en nous associant à ce beau projet. Ce n’est que partie remise avec la Solitaire  du Figaro en juin prochain. Notre soutien ne faiblit pas pour autant. Nous lui souhaitons un bon retour à terre. Merci Yann. »

Crédit Photo: Alexis Courcoux

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– CP –

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