NauticNews

Transat Bretagne-Martinique : Parés pour la tempête…

Les 14 skippers de la Transat Bretagne-Martinique fourbissent leurs armes depuis 24 heures pour affronter la grosse dépression venue du sud qui leur arrive droit dessus. Ce matin déjà, après la bascule, le vent commençait à monter. 8, 10, 16 nœuds pendant la vacation de 9 à 11 heures… l’anémomètre atteignait déjà les 20 nœuds à midi pour les quatre cow-boys de l’ouest. Ceux qui ont pris l’autoroute du sud demeurent pour le moment épargnés, mais s’adonnent à un joli tricotage au près serré le long des côtes portugaises, à la latitude de Porto.

« On s’attend au pire » avouait ce matin Yann Eliès (Groupe Queguiner – Leucémie Espoir). L’avis de grand frais (force 7) annoncé pour le début de soirée devrait se transformer rapidement en coup de vent (force 8). Autant dire que les marins se sont préparés à ne pas fermer l’œil de la nuit. Tous ont contrôlé leur bateau, engrangé un maximum de sommeil, fait le plein d’énergie pour traverser cette grosse dépression. Un peu comme s’ils partaient au combat : « Je vais prendre deux ris dans la grand-voile et un ris dans le solent. J’ai tout préparé, la deuxième écoute de génois, la tackline pour prendre le ris de solent, je suis prêt » expliquait ce matin à la vacation le jeune bizuth Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir).

Ils sont quatre solitaires à risquer gros, les quatre premiers du classement général : Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste), Corentin Horeau (Bretagne-Credit Mutuel Espoir), Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) et Yann Eliès. Ils ont fait le choix de la route la plus directe, mais pointent leur étrave en direction de la dépression, comme de preux chevaliers. Le coup de vent sera d’abord pour eux… Des marins téméraires, tandis que les sudistes visent la prudence, avec probablement un vent un peu moins fort, mais beaucoup plus instable. Déjà au sein de ce groupe de dix bateaux, ça sent la stratégie à plein nez ! Gildas Morvan (Cercle Vert) poursuivit par Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) tricote à 50 milles de Porto, tandis que le trio au coude à coude (Yoann Richomme – DLBC Module Création, Fred Duthil – Sepalumic et Erwan Tabarly –  Armor Lux  – Comptoir de la Mer) se situe légèrement plus à l’ouest. Même chose pour Adrien Hardy (Agir Recouvrement), et plus loin derrière pour la seule femme de la course, Kristin Songe-Moller (Sponsor Me). Eric Baray (Tektôn – AGM/Région Martinique), quant à lui, file dans le sillage des quatre cow-boys de l’ouest. Coup de chapeau à notre Bourguignon national, Arnaud Godart-Philippe, qui, malgré sa sérieuse avarie de grand-voile, a décidé de continuer sa route avec deux ris. Deux ris dont il aura de toute façon bien besoin dans la tempête. Pour la réparation, Arnaud attendra une météo plus clémente. Car durant 24 heures, pour les marins de Transat Bretagne-Martinique, ça va être la guerre…

Classement des 5 premiers, 20 mars 2013 à 16 h

  1. La Solidarité Mutualiste (Damien Guillou) à 3021,77 milles de l’arrivée
  2. Bretagne – Crédit Mutuel Espoir (Corentin Horeau) à 0,05 mille
  3. Bretagne-Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand) à 0,10 milles
  4. Groupe Queguiner – Leucémie Espoir (Yann Eliès) à 2,82 milles
  5. Agir Recouvrement (Adrien Hardy) à 55,82 milles

Ils ont dit :

Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir)
« D’après les fichiers, on s’attend au pire, il faut éviter de prendre du retard dans les manœuvres. J’ai réparé les petits soucis que j’ai eus lors de la dernière dépression. J’ai fait un bon repas. Il faudra faire le dos rond. Au passage de front, on a quasiment 40 nœuds selon le fichier, c’est beaucoup. On aura l’opportunité de plonger plein sud une fois que l’on aura touché la dépression. Navigation dans « 90° » du vent. Il y a bien sûr une petite appréhension, car nous avons été bien cueillis la dernière fois, mais là nous sommes bien amarinés. On a surtout peur de casser quelque chose dans ces conditions. »

Kristin Songe-Moller (Sponsor Me)
« J’ai essayé de dormir beaucoup car je vais devoir rester éveillée pendant les prochaines 24 heures. J’espère que le bateau tiendra le coup. J’ai tout préparé. Je vais essayer de passer le mieux possible dans la tempête et de garder le bateau en un seul morceau. J’ai défini ma stratégie, je vais probablement pointer vers le sud. Pour le moment, je n’ai pas parlé avec les autres bateaux autour de moi. »

Yoann Richomme (DLBC – Module Création)
« Je suis en train de passer le deuxième ris et de réparer des micros trous que j’avais dans la grand-voile. Je range tout le bateau pour être fin prêt pour attaquer le mauvais temps.  Nous nous sommes tous reposés un peu hier soir car nous avons pas mal tiré sur la machine. C’est assez bas en « batterie personnelle », j’espère pouvoir dormir car le bateau est assez calé sous pilote. J’essaie de tout regarder là. Erwan (Erwan Tabarly – Armor Lux – Comptoir de la Mer) et Fred (Fred Duthil – Sepalumic) sont à coté de moi. Je vais pareil qu’eux, je n’ai pas de complexe et cela aide à faire avancer le bateau. »

Adrien Hardy (Agir Recouvrement)
« Ça va aller pour la deuxième dépression, le bateau est prêt, ça va être plus tranquille mais on s’attend à beaucoup de vent comme la première nuit. Il y a une bonne grosse houle déjà. Les copains devant en parlaient aussi à la VHF. Je pense que c’est la houle de la dépression qui arrive. Il faut que le bateau soit sec et rangé. Il faut aussi préparer les voiles et les manœuvres à effectuer. »

Eric Baray (Tektôn AGM – Région Martinique)
« Le bateau reprend du poil de la bête. Je sais que dans peu de temps on va retourner au charbon. J’ai tracé une route bizarre au départ mais j’ai essayé de retrouver les côtes car j’étais cassé. Après la grosse cartouche de démarrage, il me fallait beaucoup de repos. Je fais sécher les vêtements car je n’ai pas eu la bonne veste au départ. J’ai tracé une ligne cap Finisterre – Madère, coté ouest de cette ligne, ça va envoyer très très fort, et côté est on a 25-30 nœuds, donc c’est navigable. Il y a un peu d’eau dans le bateau, j’assèche l’avant, derrière c’est bon. Je me prépare à manger copieux pour « vitaminer » le bonhomme. »

Crédit Photo : A.COURCOUX

Tag sur NauticNews: Transat Bretagne-Martinique

– CP –

Articles de la même catégorie

Commentaires

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs requis sont marqués *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.