Transat Bretagne-Martinique : de la régate à la série noire…
48 à 50 nœuds dans les rafales, une mer forte, de la grêle, les quinze solitaires affrontent depuis ce matin un golfe de Gascogne démonté. Thierry Chabagny sur Gedimat a annoncé ce midi son abandon à la direction de course suite à une avarie de grand-voile trop importante pour tenter une réparation en mer. Avarie de grand-voile également pour Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) qui continue de faire route et semble confiant. Pendant ce temps, Fred Duthil (Sepalumic) prend les commandes de la course et maintient l’écart avec ses concurrents les plus proches.
« C’est la guerre ! » confiait ce matin en vacation Simon Troël (Les Recycleurs Bretons). « C’est la galère » ajoutait Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir). « On fait le dos rond » avouait Gildas Morvan (Cercle Vert). Pour les quinze skippers, bizuths ou vieux briscards, le début de la Transat Bretagne-Martinique n’a rien d’une partie de plaisir. Comme annoncé par Météo Consult, le ticket d’entrée dans le golfe de Gascogne est pour le moins salé. Le vent n’a cessé de monter depuis ce matin, et les marins, malgré une légère accalmie prévue dans les heures à venir, se préparent à affronter une deuxième grosse dépression de sud-ouest juste après le cap Finisterre. Tout en tentant de préserver le matériel, les concurrents ne doivent pas traîner en route pour passer le cap (demain soir) avant l’arrivée du gros coup de vent. Mauvaise nouvelle du jour : Thierry Chabagny (Gedimat) a été contraint d’abandonner ce midi se doutant qu’une éventuelle réparation (dix mètres de déchirure sur sa grand-voile) ne tiendrait pas face à la météo des jours à venir. Malgré quelques petits soucis techniques pour les uns, un mal de mer pour les autres, et un manque de sommeil pour tous, la course bat son plein. Derrière Fred Duthil (Sepalumic) en tête depuis le classement de 5 heures ce matin, et très rapide à plus de 9 noeuds de moyenne, ça bataille ferme. Yoann Richomme (DLBC – Module Création) ne lâche rien et conserve une belle deuxième place depuis la sortie du goulet de Brest. Trois compères se tiennent dans un mouchoir de poche : Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance), Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) et Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer). Pour l’heure, la flotte reste assez groupée : 9 milles d’écart seulement en latéral entre le plus à l’ouest, Yann Eliès, et le plus à l’est, Adrien Hardy (Agir Recouvrement). La stratégie devrait venir plus tard, pour le moment, il s’agit plutôt d’un long bord de « sanglier », l’étrave sous l’eau, la tête sous la capuche, en attendant des jours meilleurs.
Les cinq premiers à 16 heures
- Sepalumic (Fred Duthil) à 3 290,90 milles de l’arrivée
- DLBC – Module Création (Yoann Richomme) à 0,43 mille
- Bretagne – Crédit Mutuel Performance (Anthony Marchand) à 2,35 milles
- Armor Lux – Comptoir de la Mer (Erwan Tabarly) à 2,44 milles
- Skipper Macif 2012 (Fabien Delahaye) à 2,57 milles…..
Ils ont dit :
Yoann Richomme (DLBC – Module Création) :
« On sera après le Cap Finisterre quand le coup de vent arrivera. Normalement on doit avoir une dorsale donc des conditions meilleures à partir de demain soir. On pourra souffler un peu avant le gros temps. Mais, là c’est un bord de sanglier, c’est incontestable. Il y a 3 à 4 mètres de creux, avec les déferlantes de 5 à 6 mètres de temps en temps ça passe par dessus le bateau. Depuis que je vous parle ce n’est pas tombé en dessous de 45 nœuds. »
Yann Eliès (Groupe Queguiner – Leucémie Espoir) :
« Maintenant, c‘est en train de grossir et l’état de la mer devient de plus en plus impressionnant. 40 nœuds, c’est difficile à gérer en Figaro, ce sont des petits bateaux. Là, j’ai deux ris et le solent, mais ça m’énerve car je fais pas mal d’aller et retour à l’intérieur quand il y a des variations de vent, du coup j’ai de l’eau dans le bateau. »
Eric Baray (Tektôn-AGM -Région Martinique) :
« Je n’ai pas trop mangé depuis le départ. Je m’envoie des gelées de glucose et de l’eau. J’avais cuisiné des choses mais je n’ai pas réussi à manger, ça bougeait trop. J’essaie vraiment de récupérer parce que je suis parti fatigué, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer à Brest. J’ai mon hale-bas qui a lâché, mais sinon tout va bien. »
Simon Troël (Les Recycleurs Bretons):
« C’est bien instable. Je suis un peu malade donc j’ai mis le pilote, le bateau fait un peu sa vie. Je me vois au cap Finisterre demain, pour le moment je n’ai pas trop regardé car je suis plus occupé à me refaire une santé. Je suis à 230 miles du cap Finisterre et ça devrait mollir un peu. J’ai des bateaux à côté, comme Corentin, je l’ai bien largué cette nuit et c’est plutôt une bonne nouvelle. C’est un peu la survie pour moi là. Je pensais vraiment que ça serait moins fort que ça quand même. »
Gildas Morvan (Cercle Vert) :
« J’ai Bretagne-Crédit Mutuel à deux milles à mon vent et Agir Recouvrement qui est à vue. Je me fais valdinguer quand je suis à la barre, je m’attache depuis hier soir. J’ai le harnais très court pour ne pas tomber. Cette nuit en prenant le deuxième ris, je me suis cogné la tête sur la bôme. Rien de grave, mais je m’attache. J’attends un peu avant de pouvoir me mettre à la table à cartes. Tout est un peu en vrac, il y a un peu tout qui tombe. Ce n’est pas facile d’allumer l’ordinateur. J’ai tout de même réussi à manger les paupiettes de ma maman et du gâteau au chocolat donc je suis calé, le ventre est plein !
Crédit Photo: Thierry Martinez/SEA&CO
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– CP –
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