Vendée Globe : fin de chevauchée sous pression pour MACIF
Après avoir contourné sans encombre l’anticyclone des Açores, le bateau MACIF, a pointé hier midi à moins de 800 milles du but. Il fait désormais route vers les Sables d’Olonne, où il est attendu dimanche matin, après environ 78 jours de mer. D’ici là, une dorsale anticyclonique et un Golfe de Gascogne tonique attendent François Gabart, toujours leader avec une centaine de milles d’avance sur Armel Le Cléac’h. Dans ces conditions, pas question pour le skipper charentais de se laisser distraire, l’heure est à la plus grande vigilance…
Quel est ton état d’esprit à 48 heures de l’arrivée ?
« C’est toujours le même : concentré à fond ! La ligne approche, cela commence à sentir l’écurie comme on dit, mais tant qu’elle n’est pas franchie, il peut se passer beaucoup de choses. Ce n’est pas le moment de tergiverser : je pense au bateau, à ce qu’il y a devant l’étrave de MACIF, aux cargos, pêcheurs et autres baleines qui vont parfois jusqu’à la plage des Sables-d’Olonne (une baleine de 18 mètres s’y est échouée vendredi, ndlr). »
Prudence avant tout, donc ?
« Oui, je fais en sorte de ne prendre aucun risque tant au niveau du pilotage du bateau que de la stratégie. L’objectif est de rester dans une position qui, quels que soient les aléas de la météo, me permette de toujours garder un léger avantage par rapport à Banque Populaire. »
Justement, te sens-tu encore sous pression par rapport à Armel ?
« Pas forcément par rapport à lui, mais je suis sous pression parce qu’il reste 800 milles qui ne s’annoncent pas très simples. Si Armel était à 800 milles derrière, j’aurais évidemment moins de pression. J’ai une centaine de milles d’avance, c’est à la fois beaucoup parce que cela représente plus de 10% du chemin qu’il reste à parcourir, et pas suffisant s’il arrive quelque chose et que je dois prendre la journée pour réparer. 100 milles à notre vitesse actuelle, cela signifie 7-8 heures, ce n’est pas énorme. »
Vas-tu passer en mode Figaro d’ici l’arrivée, c’est-à-dire très peu dormir ?
« Ne pas dormir, ce serait se mettre dans un état de fatigue qui peut t’amener à faire des bêtises. Il y a du vent jusqu’à la fin, si jamais tu ne tiens plus le coup physiquement à 20 milles de l’arrivée dans 35 nœuds et qu’il t’arrive un souci, tu n’es pas capable à répondre à la problématique. Donc je pense qu’il faut continuer à dormir, mais en fractionné, c’est-à-dire faire des petites siestes le plus souvent possible, pour pouvoir assurer une veille régulière. Il commence à y avoir du trafic donc je ne peux pas me permettre de dormir des longues heures d’affilée comme dans le Sud. »
Mesures-tu l’exploit que tu es en train de réaliser ?
« Non, et je ne le fais pas volontairement, parce que si je commence à réfléchir à tout cela, les 48 prochaines heures risquent d’être compliquées à gérer. Pour le moment, j’essaie de faire le plus simple possible. Je me dis que je dispute une course à la voile, peu importe qu’elle s’appelle Vendée Globe ou régate avec les copains de Port-la-Forêt. Si je réfléchis à autre chose, c’est le meilleur moyen de me mettre une pression dont je n’ai pas besoin. »
Il y a dix jours, l’anticyclone des Açores ne se présentait pas bien pour toi, le contournement s’est finalement mieux passé que prévu ?
« Oui. J’ai un peu perdu au début, mais nous avons toujours eu de la pression dans l’anticyclone. Armel n’a jamais été au-dessous de 14-15 nœuds de vitesse, ce qui lui a permis de raccourcir la route un peu par rapport à moi. J’ai dû perdre 20 ou 30 milles dans l’histoire, mais c’est moins que je craignais dix jours auparavant. »
Quelles sont tes conditions actuelles et comment vont se passer les 48 dernières heures ?
« Je navigue au portant dans un vent en train de mollir. Une dorsale de l’anticyclone des Açores s’apprête à nous passer dessus, entre deux dépressions, nous aurons un empannage à caler, a priori en fin de journée pour Armel, en milieu de nuit pour moi. Derrière ce « jibe », le vent va refuser et rentrer assez fort, nous nous retrouverons au reaching avec du vent jusqu’à 35 nœuds dans le Golfe de Gascogne. Plus on ira vite, plus on arrivera dans du vent maniable. Si on prend du retard, il y aura du vent fort sur l’arrivée mais aussi une grosse mer qui s’annonce même exceptionnellement forte lundi. Il faudra rentrer les bateaux au port dimanche parce que lundi, ce ne sera pas bon de traîner dans le Golfe de Gascogne… »
Crédit Photo: JM Liot/MACIF
Tags sur NauticNews: Vendée Globe
– CP –
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1 Commentaire
C’ est superbe comme performance et bravo déjà à François