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L’Hydroptère DCNS: l’appel du large

l’Hydroptère DCNS, le trimaran volant d’Alain Thébault, termine ses essais en Méditerranée et s’apprête à rejoindre Los Angeles pour tenter le premier record océanique d’un voilier sur foils.

Ca y’est ! Ils attendaient ce moment depuis des semaines, les cinq équipiers de l’Hydroptère DCNS ont pu tester la nouvelle configuration du trimaran volant dans un puissant mistral méditerranéen. Tout le week-end, sous les regards attentifs de leur équipe technique, Alain Thébault, Jean Le Cam, Yves Parlier, Jacques Vincent et Luc Alphand ont enchaîné les runs, évoluant entre 20 et 45 nœuds de vitesse selon les angles de vent. A l’heure du premier bilan, plusieurs résultats se démarquent.

Le travail sur la polyvalence du bateau a porté ses fruits. Le trimaran est stable dans le passage des vagues. Sur le plan technique comme sur le plan mental, cette donnée est cruciale. « l’Hydroptère est un engin nerveux, qui décolle dans des accélérations prodigieuses, mais c’est aussi un bateau relativement petit face à la concurrence. Pour survoler la houle du Pacifique à 35 nœuds sur un 60 pieds de 7 tonnes on n’adopte pas la même stratégie que pour la fendre avec la puissance et la tenue d’un 130 pieds de 23 tonnes. Le record se jouera au mental et c’est important de savoir que le bateau sous nos pieds est fiable, qu’il encaisse bien dans les vagues », explique Jean Le Cam.

Pour réussir ce pari, les profils des foils ont été reconstitués cet hiver au chantier B&B de La Trinité Sur Mer dans leur définition d’avant les records de vitesse. Les changements d’incidence sur les ailes immergées, lorsque le bateau monte ou dévale la houle, se feront sans perte de stabilité. « Entre 2006 et 2009, au moment des records absolus de vitesse, nous avions conçu des profils permettant de limiter les effets de la cavitation sur le comportement et les performances du bateau au-delà de 50 nœuds mais moins tolérants aux variations d’incidence car ces records se font sur des plans d’eau les plus calmes possibles. Cette année c’est un peu l’inverse, les profils sont dessinés pour fonctionner dans un champ de bosses mais avec une vitesse maximale réduite à 50 nœuds », explique Philippe Perrier, l’un des papés du team.

Au niveau du plan de voilure, les améliorations permettent désormais d’évoluer à 140° du vent avec une vitesse bateau de l’ordre de 30 nœuds pour 20 nœuds de vent. « Nous sommes enthousiastes, il y a encore quelques travaux pour renforcer la tenue du bout dehors et optimiser la courbure des voiles d’avant mais l’essentiel est là, le bateau pourra descendre efficacement au vent » explique Jacques Vincent, co-skipper du bateau.

Autre sujet central : l’asservissement du plan porteur arrière. Jusqu’à présent le réglage de ce dernier était fait manuellement et servait simplement à optimiser l’assiette moyenne du bateau en fonction des conditions de navigation. Les centaines d’heures de navigation enregistrées, analysées et comparées à la modélisation par l’équipe technique ont permis de définir un mode d’asservissement du plan porteur arrière permettant d’amortir considérablement les mouvements de roulis et de tangage du bateau et ainsi d’améliorer son comportement, donc ses performances, en haute mer. L’équipe technique a confié aux ingénieurs de DCNS le soin d’installer sur le bateau le système permettant de réaliser cet asservissement. L’expérience de DCNS dans le domaine sera également mise à profit pour envisager d’autres modes de pilotage nécessitant éventuellement de nouveaux capteurs. Dans cette perspective des senseurs de hauteur au-dessus de l’eau ont été installés autour du bateau et la connectique sur l’ensemble du système a été synchronisée avec sa centrale inertielle.

« Ce sont des problématiques que l’on rencontre sur les SNLE (sous-marins lanceurs d’engins) ou sur d’autres bâtiments que l’on construits » explique Damien Laval, ingénieur chez DCNS. Reste maintenant l’étape la plus délicate de l’opération : mettre l’ensemble en musique. « La tâche n’est pas simple, et sur des sujets aussi complexes, il vaut mieux rester humbles. Les phases d’optimisation peuvent être longues sur l’Hydroptère. On est face à l’inconnu mais je suis un paysan du high-tech et j’aime quand c’est difficile » plaisante Alain Thébault, concepteur et skipper de l’Hydroptère.

l’Hydroptère DCNS naviguera encore quelques jours en baie de La Ciotat pour une dernière série de tests. Il sera ensuite chargé sur un cargo pour rejoindre Los Angeles où il se positionnera en stand-by météo pour sa tentative de record de la traversée jusqu’à Honolulu. Les cinq corsaires pourront bientôt répondre à l’appel du large.

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Crédit Photo: Francis Demange

– CP –

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