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Barcelona World Race: Atlantique, les (re)voilà !

Et de quatre ! L’émotion a encore coulé à grands flots ce mardi dans les rangs de la Barcelona World Race. La course a en effet vécu, dans le petit jour de ces latitudes lointaines, un passage au pied du rocher noir qui restera dans les mémoires salées. Boris Hermann et Ryan Breymaier, accompagné sur l’eau par Thomas Coville à bord de Sodebo, ont salué le cap Horn en direct lors de la visioconférence. Après Pachi Rivero et Tonio Piris (Renault ZE), accueillis hier soir comme des rois par couple de dauphins dans des conditions de rêve, quatre équipages, ont désormais  – non sans soulagement –  laissé le Pacifique Sud dans les tableaux arrières. C’est parti pour une remontée de l’Atlantique à haute teneur stratégique, où Virbac-Paprec 3 et MAPFRE tracent leur trajectoire au dédale d’un anticyclone comme s’ils disputaient une partie d’échec…

Adios, bye, tchüss…

Drôle d’endroit pour une rencontre !  Ce mardi, c’est un cap Horn bien insolite qu’a doublé le duo germano-américain de Neutrogena, accompagné pour la circonstance par un invité de marque : Thomas Coville engagé dans le record du tour du monde en solitaire à la barre de son maxi-multicoque Sodebo. Preuve s’il en est, que sur le parcours des circumnavigations planétaires, tous les chemins mènent au Horn. Roland Jourdain, présent en duplex pour saluer et encourager, les co-skippers aux manettes de son ancien bateau, ne cachait pas sa satisfaction de voir les complices du bord, aux prises avec des soucis techniques au niveau de la quille, tourner le dos au Pacifique et rejoindre l’océan qui ramène à la maison. Le « cap dur », ou cet « Horn sweet Horn », reste celui de tous les extrêmes et de tous les superlatifs. Le parer au plus près pour la première fois, comme Ryan Breymaier ce matin, à l’issue de cette édition marquée par la virulence des éléments, c’est entrer dans le cercle restreint des marins qui ont essuyé les pires tempêtes de ce début d’automne au pays du Grand Sud.

Mode sécurisé, mode solitaire

Après Neutrogena, plusieurs équipages, qui rencontrent leur lot de difficultés, ne doivent toujours pas ménager leur peine pour rejoindre la sentinelle redoutée entre l’Antarctique et le continent sud-américain. Prochains concurrents sur la liste du Horn qu’ils devraient franchir dans la soirée, Kito de Pavant et Sébastien Audigane progressent toujours en mode sécurisé depuis qu’ils ont constaté, et déplorent, une avarie de quille. Les conditions météo tendent à s’améliorer sur zone, leur permettant de mener Groupe Bel à 13 noeuds vers Ushuaia, où ils feront escale mercredi dans la journée pour dresser un état des lieux. Pour le double mixte de Mirabaud aussi, le 3e et dernier des trois grand caps à saluer, se laisse désirer. Dominique Wavre progresse, lui, en mode solitaire pendant que Michèle Paret, souffrant d’anémie, reprend des forces dans sa bannette. Pointés à 155 milles du rocher, le marin suisse, sans nul doute l’un des plus rompus sur le parcours autour du globe, et sa co-skipper progressent à 14 nœuds vers leur onzième Horn à eux d’eux. Excusez du peu ! De retour dans des eaux plus calmes et surtout moins hostiles, ils pourront alors envisager, au regard de l’état de santé de Michèle, la suite à donner à cette course planétaire. Cap sur le Horn pour tourner la page du Pacifique Sud qui n’aura épargné aucun des équipages sur les rangs…

En duel pour Sainte-Hélène

Mais, gravir ce plus haut sommet de la course au large, c’est aussi s’engager dans l’ascension des 7000 milles qu’il reste à parcourir sur l’Atlantique au dédale de ses anticyclones et autre Pot au Noir, avant de finir  aux détours des pièges et des embûches de la Méditerranée. Difficile d’imaginer parcours plus jalonné de chausse-trappes. Aux avant-postes, Virbac-Paprec 3 et MAPFRE se creusent les méninges devant la table à carte pour trouver le meilleur chemin possible, celui qui mène le plus vite à la sortie du labyrinthe de hautes pressions dans lequel ils naviguent aujourd’hui. Au régime de « Sainte-Hélène », les écarts continuent de se resserrer (170 milles au dernier pointage) entre le duo Dick-Peyron et la paire olympique, qui profite de son léger décalage en arrière pour attraper des vents un peu plus soutenus dans ses voiles. Mais d’un bateau à l’autre, les vitesses se réduisent à mesure que ces premiers tandems, engagés sur une route nord-est, se rapprochent du centre de l’anticyclone : du vrai travail de précision pour tracer sa trajectoire sans se laisser prendre au piège de calmes trop lancinants. La pire des punitions après les tempêtes survoltées du Pacifique. La pire des sanctions quand le sel de la régate reprend enfin tous ses droits sur la route retour du cap Horn…

Classement du 8 mars à 15 heures (TU+1) :

  1. VIRBAC-PAPREC 3 à 5316,6 milles de l’arrivée
  2. MAPFRE à 170,4 milles du leader
  3. RENAULT ZE à 1324,5 milles
  4. NEUTROGENA à 1548,5 milles
  5. GROUPE BEL à 1620,4  milles
  6. MIRABAUD à 1718,7 milles
  7. ESTRELLA DAMM à 1731,3 milles
  8. HUGO BOSS à 2448,8 milles
  9. GAES CENTROS AUDITIVOS à 2614,4 milles
  10. FORUM MARITIM CATALA à 4482,4 milles
  11. CENTRAL LECHERA ASTURIANA à 6233,7 milles
  12. WE ARE WATER à 6233,7milles

ABD FONCIA
ABD PRESIDENT

Ils ont dit

Kito de Pavant, Groupe Bel : « On a deux ou trois soucis à bord de Groupe Bel. La nuit précédente, nous avons entendu des bruits assez secs dans le bateau. Mais quelques heures après, je me suis aperçu que la tête de quille avait pris un peu de jeu. Nous allions vite entre 15 et 25 nœuds et c’est quand le vent a molli et la quille a commencé à ballotter avec les vagues que nous nous sommes rendus compte que le jeu était plus important qu’on le pensait. La première des choses est de passer le cap Horn, car c’est dans le sens des vagues. On ne veut pas se mettre travers avec la quille. Nous allons  ensuite nous diriger vers Ushuaia pour faire un diagnostic complet. »

Roland Jourdain :« Ils sont gâtés, Neutrogena, de passer le Cap Horn avec Sodebo, car ce sont de rares moments dans la vie ça!
Très franchement, depuis le départ,  je suis fier de Boris et Ryan, et particulièrement de leur course dans le Sud, car on savait que ce bateau n’était plus le meilleur sprinter, mais ils l’ont mené de manière régulière, toujours avec une bonne vitesse. Et avant de tourner à gauche sur ce parcours, avec toute l’équipe, on a une émotion spéciale et moi particulièrement sachant que la délivrance après le virage à gauche c’est tellement bon, on l’attend tellement donc je suis heureux pour eux, heureux pour le bateau… Très fier !
Les conditions qu’ils ont vécues dans le Pacifique ont vraiment été musclées, et j’ai une pensée spéciale pour Kito et Seb dans l’actualité du moment, car ce n’est pas drôle. Le fameux cyclone Atu a donné de la virilité à tout le programme et les derniers jours passés, les conditions ont dû être sacrément dures au niveau mer. Mais, ça reste un tour du monde avec la météo que l’on connaît dans ces endroits-là. »

Boris Hermann, Neutrogena
: « Ça va très bien. Nous avons passé un moment très excitant avec ce passage du cap Horn. Je ne pensais pas être si proche. On est à 200 m du rocher. Thomas Coville est passé à une longueur de nous il y a 15 minutes et nous avons pu nous dire bonjour. C’est fantastique. Vraiment. »

Ryan Breymaier, Neutrogena :« Nous avons un problème avec les vérins de quille. Dans un vérin, nous avons des joints à moitié cassés. Nous n’utilisons donc qu’un seul vérin par rapport à la base de quille. C’est difficile d’être à 100 % tout le temps. Nous avons besoin de réduire l’angle de quille si les conditions ne sont pas bonnes, donc nous allons à 70 % des possibilités du bateau. Ces derniers 4 à 5 jours, nous avons beaucoup bricolé sur la quille. Et pour l’instant elle est dans le meilleur état possible sans que nous ayons dû nous arrêter. Là maintenant, nous laissons la quille comme elle est, et nous allons bien surveiller que cela n’empire pas plus tard pour que nous puissions finir la course. »

Dominique Wavre, Mirabaud
:« Michèle a des vertiges dès qu’elle se redresse, mais elle est dans un état stationnaire, elle toujours en train de récupérer en fond de bannette, elle est toujours malade. Forcément, j’essaye de dormir quand je peux et aider Michèle quand elle est réveillée. C’est un rythme un peu spécial, mais ça navigue presque normalement, sous toilé car il ne faut pas prendre de risques quant à la suite des événements. Aujourd’hui, j’imagine passer le Horn et aller en direction des Malouines et faire le point sur la santé de Michèle. Si jamais ça va mieux on va continuer la course nous serons très fiers d’arriver à Barcelone. »

Crédit Photo: © Neutrogena

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Plus d’informations: www.barcelonaworldrace.org

– CP –

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