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Franck Socha : L’art et la lumière

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Franck Socha est le photographe de Louis Vuitton et de l’équipe ALL4ONE, anciennement K-Challenge. Professionnel depuis plus de 15 ans, il ne se considère pas comme un photographe maritime bien que fortement attiré par l’élégance et l’élancement des Class America. Ainsi comme une grande partie de son parcours est liée à ces voiliers extraordinaires, NauticNews.com a tenu à le rencontrer. Sensibles à la couleur et la construction de ses photos, nous avons profité du Louis Vuitton Trophy – Nice Côte d’Azur [voir notre article], où il a officié pour l’organisation, pour lui poser quelques questions sur sa rencontre avec les Class America, et plus globalement sur la façade maritime de son métier.

NauticNews.com : Depuis quand photographies-tu des Class America ?

Franck Socha : Fin 1999, je suis parti couvrir la Coupe de l’America en Nouvelle Zélande avec 1 mois de budget en poche. J’y suis resté 7 mois. Ensuite, Marcus Hutchinson et Bruno Troublé ont fait appel à moi pour devenir le photographe officiel de l’édition suivante. A partir de 2003, je suis aussi devenu le photographe de K-Challenge (aujourd’hui ALL4ONE). J’avais rencontré Stéphane Kandler 5 ans auparavant sur la Copa del Rey en Espagne. Alors, quand il a lancé son syndicat, je lui ai proposé à l’aider à constituer sa banque d’images. Depuis, je suis intégré à l’équipe communication.

NN : Qu’est ce qui te plait dans la photographie de voiliers ?

F.S. : Je peux dire sans me tromper que ce que j’apprécie, c’est l’humain qui se cache derrière. Je ne suis pas attiré plus que ça par la machine en elle même, mais par les hommes. Par contre, j’aime beaucoup l’élégance et l’élancement des Class America.

NN : Quel est ton meilleur souvenir de photos ?

F.S. : J’en ai deux, très en rapport l’un avec l’autre. Le premier c’est lorsqu’après être allé faire le portrait de Peter Blake en haut du mont Victoria à Auckland, assis dans le gazon, avec le Golfe d’Hauraki  et le volcan Rangitoto en fond, je lui ai apporté les tirages. Il les a regardés du haut de ses 2 mètres 04 et 120 kg avec une moue qui m’a fait lui demander s’il aimait les photos. Ce à quoi il m’a répondu,  » Oui beaucoup, je n’ai juste pas l’habitude de me voir comme ça ». Si ce souvenir me touche beaucoup, c’est que pour mon premier reportage dans le milieu de la coupe, je venais non seulement de photographier « Zidane » mais en plus il aimait mes images… Le deuxième grand souvenir, c’est quand le même Peter Blake m’a invité à joindre les Blakexpeditions à la fin de seulement trois mails qu’il a successivement signés : « Sir Peter Blake », « Peter Blake », et pour finir « Welcome on board , Peter ». J’ai littéralement sauté de joie dans toute la maison et  3 semaines plus tard je partais pour Belem…

NN : Et ton pire souvenir ?

F.S. : L’un des plus mauvais souvenirs est de m’être fait attraper en 2004 par la vague de « One eye » à Maurice alors que celle ci faisait 4m de haut et que je faisais des images dans l’eau des premiers kitesurfers à entrer dans un tube. J’ai donc été projeté sur le reef par la vague dans ce que les surfers appellent  » la machine à laver » qui est un mélange de mousse, d’eau et d’air, dans lequel on ne sait plus où est le haut du bas, dans lequel il est impossible de nager car c’est composé d’air a 90% mais aussi dans lequel il est impossible de respirer… 20 secondes que j’ai trouvées très longues…

NN : Qu’est-ce que pour toi une photo réussie ?

F.S. : C’est une photo qui correspond à l’idée que je me faisais d’elle. Que se soit en photo d’action ou en portrait, je suis un ardent défenseur de la subjectivité. Cela ne doit pas être l’action qui dirige, mais l’oeil du photographe. Donc quand je photographie, j’ai une idée de ce que je veux raconter. C’est pour ça que le moyen importe peu pourvu qu’il aille dans le sens du sens. La composition, la lumière,  la technique, tout cela c’est le pinceau du peintre… Chacun les utilise comme il veut.

NN : Qu’est-ce que tu aimerais que l’on sache sur ta profession ?

F.S. : La profession souffre, elle est assez malade. Elle souffre d’une maladie qui s’appelle le « manque de respect aigu ». « Manque de respect aigu » par certains commanditaires, par certains magazines, par certains sites web, mais aussi par certains photographes et ou agences envers eux-mêmes. L’arrivée du numérique à changé quelques données. Il y a dix ans, un photographe qui savait faire de belles images et a peu près écrire s’en sortait. Maintenant il doit être un as de la chromie, de l’editing sur ordinateur, un as des dernières générations de transmission pour pouvoir envoyer toujours plus vite, un as du web. Cela pourrait également s’appeler « le manque d’estime ».

NN : As-tu un matériel de prédilection ainsi qu’un moyen préféré pour photographier ?

F.S. : Je n’ai pas de matériel de prédilection. Je photographie aussi bien avec un appareil photo numérique NIKON D3 qu’avec une chambre Arca 20*25, en plein air ou en studio ou en studio de plein air… Pour le moyen, j’ai les même exigences que pour une « photo réussie », c’est a dire avoir les moyens de faire une image qui corresponde à l’idée. Un bateau, un hélico, un caddie, un pont, un Jet ski, des palmes… Bref, tout ce qui permet d’être au bon endroit  sachant que le véhicule principal du photographe reste encore ses jambes. Willy Ronis a arrêté de photographier au moment où il ne pouvait plus marcher correctement, vers 90 ans.

A tout juste 40 ans, Franck Socha a toutes ses jambes, ainsi qu’une belle vision des voiliers qu’il photographie. Des Class America du Louis Vuitton Trophy aux F-18 du Raid de Ronces les bains [voir notre galerie], il promène son oeil original pour capter les lumières et les couleurs en effectuant des cadrages ingénieux. Dans sa photothèque, on peut également découvrir des séries consacrées au Surf, aux Voiles de Saint Tropez, à l’Ile de Pâques ou encore aux magnifiques Blakexpedition sur l’Amazone.

Plus d’informations : Site de Franck Socha.

-NG-

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