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TFV: Bertrand Pacé grand vainqueur à la Seyne sur Mer

Bertrand Pacé signe sa deuxième victoire consécutive sur le Tour de France à la Voile. Il s’était déjà imposé l’an dernier sous les couleurs de Nouvelle-Calédonie. Cette année, les choses étaient bien différentes. L’équipage de Sud de France/Languedoc-Roussillon a pris en main son M34 tardivement.

Il a fallu apprivoiser cette nouvelle monture, trouver la bonne vitesse et grimper progressivement dans le classement général. Une victoire acquise grâce à la régularité, à la pugnacité et au talent d’un équipage très professionnel ! Bertrand Pacé a su bien s’entourer : il a navigué pendant ce Tour de France à la Voile successivement aux côtés de Sébastien Col, de Laurent Pagès et de Torben Grael ! Un plateau de champions à la hauteur de la difficulté de la régate. L’alternance d’étapes de ralliement et de parcours banane pendant un mois, de nuit comme de jour, dans les petits airs comme dans la brise, a mis le physique et les nerfs des marins à rude épreuve ! « La gestion du sommeil est fondamentale sur ce genre de course », commente Daniel Souben. « Il faut être concentré tous les jours, car la victoire se joue à peu de choses. Pour moi, nous avons perdu le Tour de France à la Voile en deux jours de parcours banane : à Royan et à Gruissan. »

Si Daniel Souben et ses hommes sont déçus de devoir se contenter de la médaille d’argent à si peu de points de la victoire, l’équipage de Bretagne Crédit Mutuel Elite est satisfait de sa 3ème place. « Notre objectif était d’être sur le podium, rappelle Nicolas Troussel. Nous l’avons donc atteint ! ». Pour sa première participation au Tour de France à la Voile, le figariste a fait une entrée remarquée ! Non habitué à la gestion d’un équipage et à la logistique que cela implique, Nicolas Troussel a des ambitions plus grandes pour l’édition 2012. De toute évidence, le Tour de France à la Voile est tellement exigeant qu’il est extrêmement difficile de le remporter dès la première participation.
Exception à cette règle, Julien Villion, skipper de Safran-Multiplast, décroche une victoire chez les étudiants dès sa 1ère participation l’année dernière. Avec quasiment la même équipe, les jeunes Trinitains, amateurs cette année, réitèrent l’exploit. Ils gagnent 14 points devant Bred/La Normandie. Les jeunes menés par Benoît Charon, qui font partie du Collectif France Espoir Monotype, n’ont pas réussi à détrôner les « Safranais », qui ont gagné 6 parcours banane au nez et à la barbe des équipages professionnels ! Avec 23 ans de moyenne d’âge à bord, ces jeunes rêvent de pouvoir remporter un jour le Tour de France à la Voile et soulignent leur admiration pour Bertrand Pacé, qui cumule 8 victoires sur cette compétition !

Pour atteindre leur but, ils devront notamment progresser sur les étapes de ralliement, qui ont été parfois très laborieuses ! Jullien Villion revient sur ces moments forts : « l’année dernière, nous avons bénéficié de la chance du débutant. Cette année, c’était beaucoup plus dur ! Nous avons parfois eu des moments très difficiles, comme la blessure d’un de nos équipiers lors de l’étape Pornic-Royan. Mais heureusement, nous nous sommes aussi éclatés. Notre force est la cohésion de l’équipage. Avant d’être mes équipiers, c’est d’abord ma bande de copains ! ».

L’arrivée du nouveau monotype promettait la redistribution des cartes. Finalement, les deux premières places du classement général sont monopolisées par deux bateaux coutumiers du Tour de France à la Voile. Mais maintenant que les « petits nouveaux » ont fait leur tour de chauffe, l’édition 2012 sera peut-être encore plus serrée !

Avec du sang neuf et un nouveau monotype, le Tour de France à la Voile a pris un coup de jeune ! Le M34 a ses défauts de jeunesse comme tous les bateaux, mais il a prouvé à la fois sa capacité à glisser dans les petits airs et à résister aux assauts du vent fort et d’une mer formée. Exigeant aux réglages, il est une bonne école de la course en habitable. Certains équipages comme celui de BAE Systems ont d’ailleurs pour vocation première de former des équipiers qui se destinent à la course au large. Les Omanais de Cédric Pouligny, 5èmes l’an passé, occupent la même place pour l’édition 2011. Un temps 3èmes, ils n’ont pas réussi à tenir le rythme jusqu’à la fin de la compétition. Ils sont doublés par les Bretons (3èmes) et les Hyérois de Toulon Provence Méditerranée qui terminent 4èmes.

Corentin Douguet termine 6ème à bord de Nantes Saint-Nazaire E. Leclerc. Conscient du potentiel de ses jeunes équipiers, il espère faire de meilleurs résultats l’an prochain. « Nous avons souvent raté des courses à cause de mauvaises manœuvres, alors que nous avions de l’avance sur le reste de la flotte. Le Tour de France à la Voile demande beaucoup d’énergie sur l’eau et d’organisation à terre, maintenant que nous l’avons vécu une fois, nous savons sur quoi nous devons nous améliorer. »

Christophe Gaumont, directeur de course, revient sur un mois de course intensif : « Ce tour a été fort en vent mais le bilan est positif. Tout s’est bien passé. Le plateau est extrêmement relevé, nous avons vécu des départs sur des parcours banane, aussi serrés que sur des séries olympiques. Le niveau était très haut sur l’eau quelques soient les conditions rencontrées. Safran-Multiplast a fait de très belles choses. Il a eu des petits moments sans mais c’est un superbe vainqueur en amateur. Quant à Bertrand Pacé et son équipe, ils ont réussi à rester en embuscade jusqu’en Méditerranée, à prendre le pouvoir, résister à la pression et gagner à la fin ! ».

En gagnant l’édition 2011 du Tour de France à la Voile consécutivement après celle de 2010, Bertrand Pacé met la barre haute pour 2012 ! Malgré son talent et après avoir dominé en Atlantique, Courrier Dunkerque doit s’avouer vaincu. Rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle régate aussi intense que passionnante.

Bertrand Pacé : un concentré de technicité
Le Tour de France à la Voile n’est pas remporté par un jeune premier. Bertrand Pacé gagne le Tour de France à la Voile pour la 8ème fois. Un nombre impressionnant de victoires qu’il doit à sa grande technicité. Bertrand Pacé n’hésite jamais à venir au contact de ses adversaires, au point que certains parcours banane ont pris des airs de Match-Racing entre le vainqueur et son poursuivant Courrier Dunkerque. Rien d’étonnant de la part du dernier champion du monde français de Match-Race en 1994, qui a aussi été 2nd en 1998 et en 1999. Si Bertrand Pacé a navigué sur ce Tour de France à la Voile aux côtés de pointures comme Torben Grael, c’est qu’il est connu des circuits de renommée internationale. Il a participé cinq fois à la Coupe de l’America ! Un palmarès qui ne l’empêche pas de faire preuve d’une concentration extrême avant chaque régate. Ce tour remporté, Bertrand se tourne de nouveau vers la Coupe de l’America. Dès demain, il s’envole pour Cascaïs au Portugal afin de participer à la première épreuve du circuit AC45 avec son équipage d’Aleph.

Ils ont dit :

Bertrand Pacé, skipper sur Sud de France / Languedoc-Roussillon, vainqueur du Tour de France à la Voile 2011: « Je n’y croyais pas vraiment lorsque nous avons commencé le Tour. Je n’avais pas l’esprit libre car j’étais aussi concentré sur le projet Aleph Team. Je n’aimais pas le bateau et  partir en Belgique me tracassait un peu. J’étais vraiment sur la défensive au départ. Une fois que nous étions dedans, à Dieppe ou St Quay je me suis dit que nous avions une chance de pouvoir gagner. J’ai beaucoup apprécié la présence de tacticiens, qui sont tous  fabuleux comme Sébastien Col, Laurent Pagès et Torben évidemment… Il est certes extrêmement compétent, mais j’ai pris aussi beaucoup de plaisir à naviguer avec lui pour ses qualités humaines. Il est d’une exigence farouche … De ce point de vue là, je pense que nous sommes un peu de la même lignée. Et puis, il aime gagner et j’aime aussi gagner ! En définitive, nous sentions que nous avions cette possibilité ! Avant le départ aujourd’hui, j’avais beaucoup de pression car il ne fallait pas que la victoire nous échappe si près du but. Nous avions fait le plus gros du boulot. Cela aurait pu arriver car Courrier Dunkerque navigue très bien, surtout dans la brise. Leur équipe est très soudée, très forte avec de gros tempéraments… Globalement, notre victoire, nous l’avons construite sur les 3-4 dernières étapes en Atlantique et 3-4 étapes en Méditerranée. Je garde en souvenir la complicité que j’ai eue avec Laurent Pagès en Atlantique et celle que j’ai eue avec Torben en « Med ». L’équipe cette année a été vraiment solidaire, très forte, elle m’a beaucoup aidée. Autant l’année dernière, nous allions plus vite donc les choses étaient beaucoup plus simples, autant cette année nous étions en déficit de vitesse sûrement à cause de ma conduite. Face à cela, les gars m’ont beaucoup apporté ! Ils m’ont toujours renforcé, toujours poussé…  Aujourd’hui, c’est moi qui ressort dans les médias mais je n’y suis pas forcément pour grand-chose. J’ai réussi dans un seul domaine : j’ai réussi à faire prendre la mayonnaise entre les gars à bord. Tout cela me procure un sentiment exceptionnel ! Dès demain, je pars au Portugal où notre team en AC45 a déjà commencé à naviguer. Là aussi,  nous avons une équipe très étonnante avec des gens de tous horizons. J’ai voulu avoir une équipe pluridisciplinaire qui avait envie de le faire ensemble car une équipe composée seulement de cadors a ses limites. »

Torben Grael, tacticien sur Sud de France/Languedoc-Roussillon, vainqueur du Tour de France à la Voile : « C’était la 1ère fois que je naviguais avec Bertrand et j’en suis très content ! C’est aussi ma 1ère expérience française. Je n’ai participé qu’à la portion méditerranéenne du Tour de France à la Voile, mais c’est suffisant pour me rendre compte que c’est une très belle course. Chaque course en Méditerranée a été très ventée. Quand j’ai rejoint l’équipage de Sud de France/Languedoc-Roussillon avait 3 points de retard sur Courrier Dunkerque. Cette équipe navigue très bien, c’est l’addition de plein de petites choses qui a fait la différence. Nous avons su profiter de chaque opportunité pour remporter la victoire. Si j’ai l’occasion de revenir sur le TFV, je le ferai avec plaisir ! L’alternance de parcours côtiers et de parcours banane est très intéressante, encore plus pour un étranger que pour un Français car l’on profite encore plus du paysage. »

Julien Villion, skipper de Safran-Multiplast, vainqueur du classement amateur : « C’est encore une fois une super année pour nous mais plus dure que l’année dernière. Nous n’avons pas eu la chance du débutant comme en 2010. Il a fallu se battre, nous sommes bien allés la chercher celle-là donc nous sommes contents. Nous sommes passés par tous les stades cette année avec des coups durs comme la blessure de « Jeanjean » (Arthur Ponroy, ndlr) notre équipier ou la disqualification à Calais. Nous avons aussi eu des supers phases comme des journées où l’on gagne quasiment 3 manches. Plus que mon équipage, c’est surtout ma bande de potes. C’est notre force ! Nous arrivons toujours à monter en puissance. Cela fait deux ans que l’on démarre bien à Dunkerque et ce n’est pas un hasard. Nous sommes tous contents d’être là, il y a une super ambiance et cela a duré tout le mois. Nous sommes admiratifs de Bertrand Pacé et son équipage. Ils sont hyper accessibles, jamais avares de félicitations à notre égard quand on termine devant eux. J’espère qu’un jour, nous pourrons gagner le TFV comme eux. J’ai aussi pas mal de respect pour leur projet car ils sont arrivés tard sur le M34, ils sont montés en puissance sur le mois pour arriver à gagner, c’est impressionnant ! »

Daniel Souben, skipper de Courrier Dunkerque, 2ème du classement général : « Il y avait beaucoup de vent aujourd’hui avec des pointes à 37-38 nœuds donc cela n’était vraiment pas raisonnable de courir dans ces conditions. Le Comité nous a quand même laissé l’opportunité de tenter notre chance jusqu’au bout donc c’était plutôt bien.

Nous sommes un peu déçus de finir à la deuxième place parce que nous pensions avoir bien préparé notre affaire. Le combat avec le bateau Sud de France / Languedoc-Roussillon a été de qualité. C’était plutôt intéressant d’avoir une grosse équipe en face. L’avantage de l’arrivée des M34 est que tout le monde est reparti avec des bateaux neufs. Cela a donné des flottes compactes. On peut d’ailleurs observer qu’un grand nombre d’équipages a remporté des manches. En revanche, le bateau est loin d’être au point et mériterait quelques modifications.

Les meilleures images que je garde sont celles des victoires comme hier dans la brise hier. C’est toujours très plaisant de gagner dans de telles conditions. Il y a aussi de beaux parcours bananes qu’on a pu gagner tout au long du TFV. C’est vraiment une épreuve qui est superbe. Toutes les régions et les plans d’eau que l’on traverse sont vraiment intéressants. Sur le plan sportif, c’est une épreuve qui reste très intense car il faut être régulier. C’est toute une alchimie à gérer ! »

Christophe Gaumont, directeur de course du Tour de France à la Voile : « Ce tour a été fort en vent mais le bilan est positif. Tout s’est bien passé. C’était mon premier tour en tant que directeur de course mais depuis le début, on a réussi à se parler, à échanger, à commenter, à prendre des décisions qui soient dans l’intérêt de la course et comprises des coureurs. Pour moi, c’est le gros point positif. Le plateau est extrêmement relevé, nous avons vécu des départs aussi serrés que sur des séries olympiques. Nous avons eu un grand nombre de vainqueurs sur toutes les étapes, cela veut dire que chacun a eu sa chance de bien faire. Des équipages moins connus ont battu des pros. Au fur et à mesure du classement, le podium s’est dessiné mais c’est resté très serré. Nous avons eu un très haut niveau sur l’eau quelques soient les conditions rencontrées. Chapeau messieurs pour ce que vous avez fait avec ce bateau ! Le M34 va vite et est solide puisque tous sont à l’arrivée ! Safran-Multiplast a fait de très belles choses. Il a eu des petits moments sans mais c’est un superbe vainqueur en amateur. Quant à Sud de France / Languedoc-Roussillon, il a réussi à rester en embuscade jusqu’en Méditerranée, à prendre le pouvoir, résister à la pression et gagner à la fin ! »

Classement général du Tour de France à la Voile 2011 :

  1. Sud de France / Languedoc Roussillon    Bertrand Pacé    119pts
  2. Courrier Dunkerque    Daniel Souben    126pts
  3. Bretagne-Crédit Mutuel Elite    Nicolas Troussel    160pts
  4. Toulon Provence Méditerranée    Fabien Henry    175pts
  5. BAE Systems    Cédric Pouligny    181pts
  6. Nantes Saint Nazaire E. Leclerc    Corentin Douguet    248pts
  7. Safran – Multiplast    Julien Villion    264pts
  8. BRED – La Normandie    Benoît Charon    278pts
  9. Ile de France    Jimmy Pahun    286pts
  10. Côtes d’Armor Bretagne    Stéphane Letertre    293pts
  11. Batistyl Ville de Pornic    Cyrille Le Gloahec    331pts
  12. Ile de La Réunion – Ville du Port    Gabriel Jean-Albert    408pts
  13. Iskareen    Soenke Bruhns    455pts
  14. Région de Bruxelles-Capitale – Brussels Hoofdstedelijk Gewest    Courbière / Casaux / Ammeux / Michel     455pts
  15. Martinique-Centrale Paris-HEC    Mathieu Mourès    467pts

Tags sur NauticNews: Tour de France à la voileTFVBertrand Pacé Daniel SoubenNicolas TrousselM34

Crédit Photo: Jean-Marie Liot / TFV

– CP –

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