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Transat Jacques Vabre: Suspens aux Canaries pour les monos. Les multis sur un tapis roulant au Cap Vert
09/11/2007 –
Le trio Safran-Foncia-Gitana Eighty dans un mouchoir de poche aux Canaries. Groupama avale les milles et sera au Cap Vert dans la nuit. Crêpes Whaou ! leader chez les 50 pieds multis. Telecom Italia ne lâche rien en Class’ 40
Sept monocoques en 50 milles. La bataille fait rage en approche des Canaries que les trois premiers devraient passer en soirée. Décalage dans l’Ouest de VM matériaux et Brit Air. Un va-tout des Finistériens qui roulent les « r » ? Ca serait chouette qu’ils reviennent dans le match organisé par Safran Foncia, Gitana Eighty. Cheminées Poujoulat est environ 5 heures derrière le trio. C’est infime car nous n’en sommes qu’au tiers du parcours. Le roman de la course en monos ne fait que commencer. A noter que Safran, à la tête de l’héritage, est devant depuis le passage d’Ouessant. Ce qui faudrait c’est un coup d’état. Pour les prochaines heures ? Reste que les trois armements sont menés par des talents vigoureux et qu’ils ne sont pas prêts à taper dans le patrimoine. On verra tout ça demain, même heure. On notera avec profit que les premiers bateaux sont menés par des skippers passés par l’école du multi. Ah oui ! une dernière info, Cervin EnR, est à deux jours des premiers.
Côté Orma, Groupama 2 fait parler la poudre : plus de 500 milles en 24 heures. Banque Populaire s’est recalé derrière, mais à près de 90 milles quand même. Dans cette classe les écarts de 90 milles fondent comme neige au soleil. Les premiers sont à 1 000 milles du Pot au Noir. On peut imaginer que les bestiaux à trois pattes ont les narines qui fument. En un mot Groupama 2 contrôle. Chez les Multi 50 pieds Crêpes Whaou ! se félicite d’avoir embarqué son code « O » quand Laiterie de Saint Malo le pleure. Le trimaran malouin voit les chances de rattraper « la crêpe », (surnom donné par Vic et Fred, ndlr) s’amenuiser car toujours sous la menace de cet alternateur défaillant. Par dessus le marché Victorien Erussard a dû plonger pour dégager son bateau de filets de pêche. Enfin en Class’4O le duo Soldini-d’Ali mène toujours le bal.
IMOCA : Suspens aux Canaries
Le trio de tête marche toujours très bien. Safran, qui mène depuis Ouessant, fait un zéro faute et continue de contrôler ses adversaires directs (Foncia et Gitana Eighty) en s’intercalant entre eux et l’arrivée. Mais, nous n’en sommes qu’au tiers de la course et, derrière, ça s’accroche, ça pousse et ça revient… Si l’on en croit les échos du large, le passage des Canaries pourrait être l’occasion d’un « nouveau départ ».
L’archipel des Canaries faisant office d’entonnoir, les 60 pieds IMOCA s’alignent les uns derrière les autres, dans une presque parfaite file indienne. Safran atteindra le premier l’archipel en fin d’après-midi et profitera le premier de l’accélération provoquée par les différences de température entre la terre et la mer, soit le fameux effet Venturi. Un truc à faire bondir l’alizé, à le renforcer d’une bonne dizaine de nœuds, voire plus, en un rien de temps. Ce passage, qui va intervenir de jour pour Safran et ses deux proches poursuivants, implique une vraie vigilance de la part des équipages. A 20 nœuds, sous grand spi, tout va bien, avec 30 nœuds, c’est une toute autre histoire. L’inverse est également vrai, avec les fameux dévents qui peuvent faire chuter jusqu’à 0 la force du vent.
Sûr que les attaques et les prises de risque fuseront de toutes parts chez les poursuivants, soit le quatuor emmené par Groupe Bel. Ils ont là une opportunité pour combler une partie de leur retard qui tourne inexorablement entre 40 et 50 milles depuis 24 heures. Car après, la route vers les îles du Cap Vert et le pot au noir offrira moins de solution même si, avec les nombreux empannages à passer pour descendre sur la route, les possibilités de gain ou de perte restent très élevés. Derrière, Generali n’a pas concédé le moindre mille face à Safran, tout comme Akena Verandas ou Maisonneuve et Brit Air vient de réaliser son premier objectif : doubler Roxy. « Ca se passe pas mal en ce moment, on a du vent et un bon angle qui nous fait aller vite. On a pas mal accéléré cette nuit, c’est le phénomène accordéon… à nous maintenant de retrouver du vent ! se réjouit Armel Le Cléac’h (Brit Air). Les Canaries vont être un passage délicat, les îles sont hautes, les dévents importants. Ca va être intéressant de voir comment ça va se passer pour ceux en tête. Du coup, nous derrière, on pourra toujours changer de stratégie en fonction de leur négociation… » Et c’est bien de cela qu’il s’agit, de stratégie. Et à ce petit jeu, Brit Air et VM Matériaux sont les mieux placés pour changer leur fusil d’épaule, soit, si le chenal des Canaries se révèle un vrai ‘pot de pus’, passer à l’Ouest de l’archipel.
ORMA. Groupama au Cap Vert
Les multicoques ont parcouru un sacré bout de route depuis hier : 504 milles pour Groupama et 484 milles pour Banque Populaire. Le Cap Vert est en vue cette nuit pour les deux premiers. Derrière, Gitana 11 qui a bluffé son monde en changeant en moins de deux heures foil et gennaker, accuse 6-7 heures de retard sur la tête. Beaucoup plus loin Sopra et Brossard sont à plus ou moins 400 milles derrière le duo Cammas-Ravussin.
Groupama était sur le coup de midi tribord amure et Banque Populaire, bâbord amure. A 16 heures les deux s’étaient recalés au plus près de la route directe. Les premiers sont à 1200 milles du Pot au Noir. Extraits de deux vacations de l’après-midi : Brossard et Groupama 2. Yvan Bourgnon revient sur son option Ouest et ses conséquences. Cammas craint tout de même le passage de l’archipel du Cap Vert : « Ca va être un passage délicat, les archipels sont toujours des barrières énormes… » On l’a vu plus haut que la chasse au Groupama est ouverte. Grosse battue atlantique en prévision ! Le bateau vert et blanc sera cette nuit en approche du Cap Vert. Le trou commence à se faire. 82 milles pour Banque Populaire et 217 milles à 16 heures pour Gitana 11 qui, rappelons-le, s’est arrêté il y a juste pile 24 heures ( moins de deux heures de stop à Las Palmas), pour changer foil tribord et remplacer son gennaker. Ecoutons Yvan Bourgnon sur Brossard (5ème au classement de 12h00) car il est passé aujourd’hui à confesse radiophonique. Il avait malgré tout une bonne voix et est revenu sur l’option Ouest et les beaux dégâts causés. « C’est vrai qu’hier quand on a vu que notre option était difficile, ce n’était pas évident. Mais la route est encore longue, on fait du mieux qu’on peut. Il faut assumer ses mauvais choix et repartir… » Groupama 2 contrôlait ce midi en tirant des zigzags au grand largue. Au tour du voltigeur aixois de commenter les prochaines heures: « On regarde forcément le décalage avec Banque Populaire et en même temps, on est qu’à la moitié du parcours… »
MULTI 50, course poursuite
Crêpes Whaou ! fait désormais cavalier seul, plus rien ne lui résiste, même pas les 60 pieds IMOCA qu’il vient de tous laisser dans son tableau arrière. A bord de Laiterie de Saint Malo, c’est presque la consternation, Victorien Erussard et Fred Dahirel voient s’échapper leur ‘renard’ sans pouvoir y faire grand chose. Reste qu’ils feraient bien de jeter un œil dans le rétro, parce que les filles de la famille Caseneuve (Croisières Caseneuve) n’ont pas lâché leur proie, déclarée dès le Havre : « Vic, c’est notre chouchou, mais on veut sa peau ». Elles ont à leurs trousses les hommes Langevin (Négocéane), qui sont, eux, pris en chasse par Nim Intérim Management, lui-même menacé par Victorinox qui n’a qu’une envie, les dévorer tous, sans se laisser déborder par DZ energy.com. Bref, on ne s’ennuie pas au pays des 50 pieds multis.
Class 40 : Madère demain soir
Les 30 Class40 de cette 8e Transat Jacques Vabre ont retrouvé un peu de vent depuis hier soir : fini de tirer des bords dans de petits airs. Pour autant, ce n’est pas encore très violent et c’est, poussés par un vent de nord-est oscillant entre 10 et 16 noeuds, qu’ils poursuivent sous spi, leur route vers Madère. « C’était pénible cette pétole et on est bien content de retrouver un peu plus de pression mais surtout des vents plus portants « , avouait Giovanni Soldini, ce matin lors de la vacation. Toujours leader de la flotte – depuis maintenant cinq jours – le skipper de Télécom Italia a toutefois vu le tandem Bruno Jourdren – Nicolas Pichelin revenir à 12 milles de son tableau arrière ce matin (mais relégué de nouveau à 25,7 milles à 16h): « Ils ont bien joué en faisant le tour par l’ouest mais je n’échangerais pas ma place contre la leur », a ajouté l’Italien, qui poursuit sa descente vers Madère sur une route médiane à l’image de Damien Grimont et Erwan Le Roux sur Chocolats Monbana : « On pense qu’on n’est pas trop mal. On se trouve un peu dans une position d’attente. Pour l’instant, les bateaux plus à l’ouest (Vecteur Plus – Groupe Moniteur, Sidaction, A.ST Goupe ou encore Clarke Offshore Challenge) glissent dessous mais on attend impatiemment de voir ce qui va se passer dans 24 ou 48 heures. Toute la question est de savoir qui va attraper l’alizé de nord-est en premier » a expliqué le Morbihanais.
Photo: © MOCHET Marcel / AFP
– CP –
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