Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2018 : Damien Seguin, 6ème en IMOCA
Damien Seguin a franchi la ligne d’arrivée de la 11ème édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe aujourd’hui à 8 heures 55 minutes 02 secondes après 14 jours, 18 heures, 55 minutes, 2 secondes de course. Le skipper du 60’ Groupe APICIL a parcouru 4 291 milles à la vitesse moyenne de 12,09 nœuds et prend la 6ème place en catégorie IMOCA.
C’est une performance extraordinaire pour ce skipper né sans main gauche et triple médaillé paralympique. Après avoir disputé l’épreuve à deux reprises en 40’ (2010 et 2014), Damien boucle sa première transatlantique en solitaire sur un monocoque de 60’ (18,28m). Il se classe, par ailleurs deuxième bateau à dérives droites après celui du vainqueur Paul Meilhat (SMA).
Damien Seguin le confesse volontiers à son arrivée au ponton à Pointe-à-Pitre : il aurait sans hésitation signé pour cette 6ème place au départ à Saint-Malo. Et il peut être fier de lui car on le sait cette 11ème édition de la Route du Rhum aura été particulièrement exigeante pour les hommes et leurs machines. A l’instar d’une grande partie de la flotte, Damien a connu des premiers jours de course compliqués et douloureux en naviguant dans des conditions météo extrêmement ardues. Le skipper confiera d’ailleurs n’avoir jamais rencontré de telles conditions. Mais il a tenu bon et a parfaitement géré sa course, n’hésitant pas à plusieurs reprises à lever le pied pour protéger son bateau. Et s’il n’est pas parvenu à accrocher le premier train des IMOCA, c’est au contact d’Alan Roura et de Stéphane Le Diraison que ce dernier s’est battu dans les alizés. Un match à trois qui a incité Damien à se donner à fond face à deux skippers bien plus expérimentés que lui en IMOCA.
Même la perte de son grand gennaker survenue samedi soir n’aura pas eu raison de son moral et de son abnégation. Le skipper, alors en tête de ce petit groupe de poursuivants, a redoublé d’efforts pour conserver sa 6 e place et garder Alan et Stéphane dans son tableau arrière. Il amène son monocoque de 2008 à la 6e place d’une Route du Rhum qui restera à bien des égards comme l’une des éditions les plus marquantes. Damien, entame d’une très belle manière son aventure en IMOCA. Il aura marqué les esprits et forcé l’admiration de ses pairs à l’instar de Paul Meilhat, vainqueur, venu le saluer au cœur de la nuit guadeloupéenne, juste après le passage de la ligne d’arrivée.
Récit d’une Route du Rhum hors du commun pour Damien Seguin :
Une course incroyable
« Je ne sais pas si c’est une course incroyable, j’ai fait ma course. Je suis partie avec l’intention de bien faire et j’ai le sentiment d’avoir bien réussi en passant les différents obstacles au fur et à mesure. Le début a été compliqué mais j’ai su gérer ma course. Le petit match à trois bateaux était sympa. C’est bien, je suis content. J’aurais signé en partant pour cette 6e place. Cela s’est dessiné au fur et à mesure mais c’est top parce que je n’ai rien lâché du départ jusqu’à l’arrivée et c’est une vraie satisfaction. »
Des débuts difficiles
« Les quatre premiers jours de course avec les trois passages de front étaient vraiment costaud. J’étais content du matériel que j’avais. Tout à bord n’était pas tout jeune mais ça a tenu le coup comme le bonhomme. »
La perte de son gennaker
« Le moment où mon gennaker est tombé à l’eau a été un moment difficile. Nous étions déjà dans le dur depuis quelques jours. Je me battais avec mes petits copains et là il a fallu que je remonte 350 m² de toile de l’eau tout seul. Ce n’est pas évident mais parfois, nous allons chercher de l’énergie, on ne sait trop où. J’ai eu d’autres petits soucis mais à chaque fois j’ai essayé de m’adapter et de continuer ma course du mieux possible. C’est super bien. »
Le match à trois
« C’était super. Nous nous sommes retrouvés tous les trois, Stéphane, Alan et moi car nous n’avons pas réussi à passer sous la dorsale de l’anticyclone donc nous avons vu les premiers s’échapper au portant et nous, nous sommes restés dans la pétole à faire du près. Nous nous sommes dits que ça allait être long mais heureusement nous avons pu batailler à trois. C’était super. J’ai commencé par revenir sur eux puis j’ai essayé d’accélérer et d’avoir une bonne stratégie de course. Ça a payé donc c’est bien. »
L’apprentissage en 60’
« J’ai évidemment appris plein de choses. Déjà, je me sens bien sur ce bateau. J’ai confiance en lui et c’est essentiel. J’ai également appris sur moi et sur la gestion de la course. C’est de bon augure pour la suite car il y a plein de cases qui ont été cochées sur cette traversée. »
Groupe APICIL, 2e bateau à dérives droites
« Oui comme quoi les dérives reviennent à la mode. Elles vont valoir chères. Je vais les proposer à quelques-uns (rires). Nos bateaux sont très polyvalents. Le fait d’avoir des dérives classiques permet de jouer dans tous les types de temps. Mon bateau est de 2008, il n’est pas tout jeune mais il est fiabilisé et j’ai pu tirer dessus sans me poser la moindre question. Pourtant, je ne l’ai pas ménagé et il a encaissé tout ce que je lui ai fait subir. Les quatre premiers jours de course avec les trois passages de front étaient vraiment costauds. J’étais content du matériel que j’avais. Tout à bord n’était pas tout jeune mais ça a tenu le coup comme le bonhomme. »
Sa relation avec Jean Le Cam
« Je l’ai eu quelques fois au téléphone. Il suivait la course. C’était important de savoir Jean derrière moi. Il a préparé le bateau avec toute l’équipe. Je suis tout seul sur le bateau mais nous avons été toute une équipe à préparer cette course du mieux que nous avons pu. Je leur dois beaucoup. Avec Jean, c’est une relation particulière. Il a été très attentif à ma course, je le sais et je pense qu’en cet instant il est fier. Je suis très content de bosser avec lui car il parle peu mais il parle bien ! (rires)»
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– CP –
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