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Route du Rhum-Guadeloupe 2018 : Des milles et des cents

Alors que les deux premiers ULTIME livrent bataille dans un alizé qui a pris du coffre, quatre monocoques IMOCA sont au coude à coude au large des Canaries en compagnie du premier Multi50. Et du côté des Class40, Yoann Richomme continue son cavalier seul alors que de nouveaux solitaires font une escale technique, qui aux Açores, qui en Espagne ou au Portugal. Enfin dans le golfe de Gascogne, la situation météo s’améliore dès la nuit prochaine…

Ça déboule dans les alizés ! François Gabart et Francis Joyon bénéficient d’une belle brise de secteur Est 20 nœuds avec quelques nuages plus toniques qui permettent d’aligner plus de 30 nœuds au compteur… Les deux duellistes s’en donnent à cœur joie à moins de mille milles de la Tête à l’Anglais avec toujours un léger décalage à l’avantage du jeune skipper. Mais il semble que Francis Joyon soit capable de glisser un poil mieux sous le vent et que François Gabart arrive à conserver un à deux nœuds de plus. De quoi maintenir le suspense jusqu’à ce que la Soufrière apparaisse à l’horizon, normalement dimanche au petit matin métropolitain… D’ici là, les deux hommes vont encore tirer sur les machines et enchaîner les empannages pour conserver ou réduire un delta d’une centaine de milles seulement !

Du match en IMOCA

Et mille milles plus loin, du côté des Canaries, le match à quatre perdure entre le Britannique Alex Thomson, toujours aussi percutant (et qui tient tête au premier Multi50 d’Armel Tripon) et qui lui aussi manœuvre de conserve avec Paul Meilhat, décidément le plus incisif sur son monocoque de 60 pieds sans foils. Et à une centaine de milles en retrait, Yann Éliès tente de refaire son retard quand l’Allemand Boris Hermann, 400 milles plus au Nord, reste encore un danger avec sa trajectoire très tendue…

Car cette option septentrionale pourrait relancer le débat si le solitaire trouve le « trou de souris » anticyclonique qui lui permettrait de glisser d’un régime de vent de Nord-Ouest dû à la troisième dépression de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe, à un flux alizéen de secteur Nord-Est : c’est cette transition qui déterminera si la voie du Nord était la bonne solution ! Quant à Armel Tripon, leader chez les Multi50, l’arrêt technique de Thibaut Vauchel-Camus et d’Erwan Le Roux à Sao Miguel (Açores) lui laisse un peu plus le champ libre avec plus de 400 milles de marge sur Lalou Roucayrol en train de tricoter dans l’archipel des Canaries…

Glissades pour les Class40

La plupart des Class40 en mer peuvent désormais glisser vers le Sud en direction des alizés mais ce sont encore des vents de secteur Ouest qui sévissent entre les Açores et Madère. Le leader Yoann Richomme indiquait qu’un front doit passer avant que l’anticyclone ne se rétracte et laisse la porte ouverte. Au moins la mer se calme au fur et à mesure que les solitaires passent la latitude de Gibraltar et de fait, tous ces voiliers vont enfin pouvoir naviguer dans des conditions moins musclées. Pour autant, il leur faudra bien se positionner pour aborder cette phase de transition avant les bonnes glissades alizéennes, au Sud des Canaries.

Enfin, Sidney Gavignet sur son Rhum Mono réalise un superbe premier tiers du parcours en titillant le peloton des IMOCA (8 pieds de plus en longueur !) comme Damien Seguin, Arnaud Boissières ou Erik Nigon ! Là encore, les alizés sont un objectif à atteindre ce week-end car il y a encore 300 milles à gagner dans le Sud pour sortir de cette langue de vents instables et irréguliers : entre les deux archipels atlantiques de Madère et des Canaries, une longue dorsale doit être traversée…

Et si Pierre Antoine continue sa partition solitaire en Rhum Multi au large de Madère, il faut tirer le chapeau à Jean-François Lilti qui vise les Canaries, à Étienne Hochédé et Jean-Pierre Balmès qui débordent le cap Saint-Vincent, et au trio François Corre, Loïck Peyron et Gilles Buekenhout qui ont atteint la latitude de Lisbonne dans des conditions très dures. Il ne reste plus qu’à patienter jusqu’à dimanche : lorsque les deux leaders en trimaran ULTIME s’approcheront de l’arrivée, nombre de solitaires à l’abri en Bretagne ou en Espagne reprendront la route derrière cette troisième dépression encaissée dans le golfe de Gascogne depuis le départ de Saint-Malo.

Ils ont dit :

Yoann Richomme (Class40-Veedol-AIC) : « J’attaque la petit transition là, ça s’est fortement calmé. Je ne peux pas descendre trop dans le Sud parce que je vais buter dans l’anticyclone en premier. J’essaie en attendant de décaler ma route dans l’Ouest car c’est un front qui va nous ouvrir l’anticyclone et on va réussir à descendre avec. J’ai fait un check du bateau tout à l’heure, il n’a pas l’air d’avoir de problèmes pourtant on a bien tiré dessus, ça a été très violent. Je me demande même comment ça a résisté. Le bonhomme ça va aussi, mais il a reçu des coups quand même ! Il n’a pas cassé non plus mais il a des bleus partout, je pense que j’ai un hématome dans le bas du dos, dans le mollet et dans le bras gauche parce que je me suis des ‘valdas’ dans la bateau. Tu crois que tu te tiens et que ça le fait et tu te fais éjecter dans le bateau. Mais ça va maintenant j’arrive à me lever et à sécher. On est vendredi et je commence à prendre enfin un rythme normal. Hâte de mettre le spi, de prendre une douche, de pouvoir ranger tout ça et d’avoir une navigation plus agréable. Ca va être intéressant, il va y avoir du jeu dans les alizés. »

Sidney Gavignet (Rhum Mono-Café Joyeux) : « Je ne pense pas qu’on soit encore dans les transitions mais on s’en rapproche, j’étais justement entrain de regarder la météo. La zone de transition descend en même temps que nous on descend . Après c’est une autre dépression qui passe dans notre Nord qui va nous aider en fait et nous permettre de passer sans trop nous arrêter. Là c’st super , il y a quelques heures je me suis réveillé et le bateau avançait, pas plus vite mais tout seul avec entre 11 et 14 noeuds de vent… C’est tout noir, il ne doit pas y avoir d’ étoiles à cause de nuages. Le bateau est nickel et moi aussi. Ca a été costaud quand même. Quand je regarde les positions ça ressemble à un champ de bataille, des bateaux arrêtés partout, les bateaux qui sont encore au près derrière dans tous les sens, je suis bien content d’être là où on est. J’ai déjà mis mon short dans ma journée d’hier , il y a moins d’embruns et le bateau est sec. »

Crédit Photo : V.Curutchet/Alea
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– CP –

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