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Vendée Globe : Avarie de quille sur PRB, Vincent Riou contraint à l’abandon

Sailing aerial images of the IMOCA boat PRB, skipper Vincent Riou (FRA), during training for the Vendee Globe 2016, off Belle Ile in South Brittany, on october 13, 2016 - Photo Jean-Marie Liot / DPPI / Vendee Globe

Le skipper de PRB a heurté un OFNI dimanche matin (HF) alors qu’il faisait route à vive allure dans le groupe de tête du Vendée Globe vers le Cap de Bonne Espérance (choc différent et antérieur à celui d’hier qui avait relevé un safran). Suite à ce choc, Vincent Riou n’a pas, dans un premier temps, détecté de dégât et a pu continuer normalement sa progression. Ce n’est que trois heures plus tard que la quille s’est mise à entrer en résonnance et à émettre des bruits stridents et constants, témoins d’un effort anormal sur l’appendice. Ces bruits ont continué à s’amplifier dans la nuit de dimanche à lundi.

Compte tenu des conditions météo qui régnaient alors (25 à 30 nœuds avec des moyennes de vitesse aux alentours de 19-20 nœuds), Vincent n’a pas pu immédiatement aller vérifier le puits de quille mais a pu prévenir son équipe à terre. Le Team PRB ainsi que l’architecte du bateau (Guillaume Verdier) et le cabinet de calcul de structures HDS GSEA Design (Hervé Devaux et Denis Glehen) ont alors commencé à étudier toutes les hypothèses à partir des éléments connus (essentiellement le bruit émis par la quille).

Ce n’est que ce matin, évoluant dans des conditions plus calmes que Vincent a pu faire les vérifications nécessaires. Il s’est alors aperçu que l’axe de quille avait été abîmé dans le choc. Cette pièce en titane est un élément essentiel du bateau. Elle permet de lier la quille au monocoque par l’intermédiaire d’une rotule en plastique et c’est également cet axe qui permet la rotation de la quille.

Dans le choc, c’est la rotule en plastique qui s’est cassée entrainant un frottement permanent entre l’axe de quille et le support de la rotule. A terme, et alors qu’il reste encore l’océan Indien, l’océan Pacifique et toute la remontée de l’Atlantique à effectuer, cela signifie que l’intégrité du bateau est mise en péril voire même que la quille se désolidarise du 60′.

La déception est immense chez le vainqueur du Vendée Globe 2004. Celui qui avait vu son rêve brisé il y a quatre ans (quasiment jour pour jour) sur un même choc avec un OFNI avait quitté les Sables d’Olonne le 6 novembre avec l’envie de faire jeu égal en tête de flotte avec les nouveaux bateaux équipés de foils. Un pari réussi puisque PRB n’a jamais quitté le groupe de tête. Longtemps au coude à coude avec Banque Populaire, Vincent a même occupé plusieurs fois la deuxième place et a réalisé une descente de l’Atlantique exceptionnelle avec son bateau à dérive. La performance, saluée par de nombreux observateurs, laissait tous les espoirs permis pour la suite de ce Tour du Monde.

Le skipper et PRB naviguent actuellement dans des conditions maniables (14 nœuds de vent) et Vincent n’est pas en danger. Il est en lien avec son équipe technique pour décider du lieu où il pourrait dans un premier temps faire escale pour réparer son monocoque avant de faire route vers la France, probablement au Cap en Afrique du Sud.

Interview de Vincent Riou :
« La déception est importante. Mais c’est comme à chaque fois, il faut continuer à vivre et pour moi, la suite, c’est ramener mon bateau en toute sécurité quelque part à terre. La nuit de dimanche à lundi, j’ai eu un petit choc sur le bulbe. La quille est partie en fréquence vibratoire. Elle a commencé à se balader d’un bord à l’autre. Ça s’est arrêté assez rapidement. Ça ne s’est pas arrêté tout de suite car le bateau allait à 25 nœuds quand c’est arrivé. Je n’en ai pas fait plus de cas que cela. Des petits chocs sur la quille dans les courses au large, on en a régulièrement. Celui-là ne me paraissait pas très fort.

Vers la fin de la nuit, j’ai commencé à entendre des craquements autour de la quille. Des craquements que j’avais déjà entendus car ça m’était déjà arrivé d’avoir des petites frictions de carbone entre la coque et la quille. Je me suis dit « tiens ça frotte un peu, ce n’est pas très grave ». Mais au fur et à mesure, le bruit s’est amplifié. J’ai commencé à me poser des questions, à réfléchir à ce qui avait pu arriver. J’ai commencé à consulter. (…). Nous n’étions pas super inquiets mais pas sereins non plus car ce n’est pas un endroit accessible dans le bateau. Sans enlever la quille, on ne peut pas constater exactement ce qui s’est passé. Ma démarche a été de dire : « je continue. Soit c’est un petit déplacement de la quille et le carbone va s’user sous le fond de coque et le bruit va petit à petit s’atténuer. Soit c’est plus grave et forcément le palier est endommagé et le bruit va augmenter ». J’ai continué à naviguer pendant 24 heures. Mais le bruit n’a fait qu’augmenter jusqu’à hier en fin de journée où j’ai commencé à entendre des bruits métalliques en plus des bruits de carbone. J’ai compris que le palier était endommagé et que l’axe commençait à toucher la cage du palier.(…)

J’ai contacté les gens qui ont travaillé sur ce bateau. Ils ont essayé d’imaginer ce qui pouvait se passer. Ils m’ont amené à la même décision : à court terme, ce n’était pas risqué car les pièces sont largement dimensionnées mais assez vite, cette friction métal sur métal risquait des dégâts plus graves. C’est compliqué de s’engager sur un tour du monde avec une avarie comme celle-là.

Ce matin, le temps s’est calmé après le passage du front. J’ai pu ouvrir le puits de quille et mettre les mains à l’intérieur. J’ai pu constater que la quille bougeait. Au niveau du palier avant, le trou est plus grand que l’axe de la quille. Cela a fini par confirmer mes craintes sur l’endommagement de ce palier.

Je ne sais pas quoi penser. Cette avarie est survenue à peu près au même moment que l’avarie d’il y a quatre ans. Quand je suis passé devant Salvador il y a quelques jours, j’ai passé ma nuit à y penser. Comme j’avais passé Salvador, je me suis dit, c’est bon, nous avons chassé nos démons. Et en fait comme il y a quatre ans, à la même place, 14 jours après le départ, on a une collision avec des incidences irréparables. C’est dur !
Le plus simple pour moi est de faire route vers l’Afrique du Sud, Cap Town. Je suis en train de regarder si je peux trouver là-bas tout ce qu’il faut. On s’organise avec l’équipe. Je pense à tous ceux qui m’accompagnent et qui me suivent depuis le début. Je sais qu’il y avait beaucoup de monde derrière. Je pense très fort à eux. Je suis déçu par ce qui m’arrive mais je suis aussi déçu pour eux ».

Jean-Jacques Laurent, Président de PRB :
« L’abandon de Vincent est évidemment une déception immense. Il a réalisé une course incroyable depuis le départ des Sables d’Olonne face aux bateaux de nouvelle génération. Il nous a fait rêver. Toute l’entreprise le suivait et l’accompagnait avec passion. Malheureusement, c’est une nouvelle fois un OFNI qui lui barre la route. Nous avons déjà connu cela il y a quatre ans. C’est difficile d’accepter cette loi des séries. Mais nous sommes solidaires du choix de Vincent qui, une nouvelle fois, réagit en bon marin. L’essentiel est de maintenir sa sécurité et de ramener le bateau à bon port. En ce sens, il fait le meilleur choix possible. »

Source : TEAM PRB

Crédit Photo Jean-Marie Liot / DPPI / Vendée Globe

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– CP –

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