Trophée Jules Vernes : Top départ
Le trimaran Spindrift 2 mené par Yann Guichard a franchi la ligne de départ du record autour du monde à la voile en équipage et sans escale, dimanche 22 novembre 2015 à 04 heures 01 minute 58 secondes GMT (05h01m58s, heure française) dans l’alignement du phare de Créac’h (Ile d’Ouessant) avec le Cap Lizard (Angleterre). Le bateau naviguait dans une dizaine de noeuds de vent de secteur Nord, grand voile haute et solent.
L’équipage de Dona Bertarelli et Yann Guichard entame donc son Trophée Jules Verne quatre ans jour pour jour après l’actuel détenteur, Loïck Peyron. Rappelons que le trimaran Banque Populaire V avait navigué à 19,75 nœuds (36,58 km/h) de moyenne sur la route théorique la plus courte de 21 600 milles mais l’équipage avait en réalité parcouru 28 965 milles en maintenant pendant un peu plus six semaines une cadence de 26,5 nœuds moyens (49,08 km/h). Une performance impressionnante qui place la barre haute avec un temps final à battre de 45 jours 13 heures 42 minutes et 53 secondes.
Premiers mots de Yann Guichard joint cette nuit par radio juste après la ligne : « Nous n’avons pas beaucoup de vent pour le moment, entre 8 et 10 nœuds, avec une mer pas facile parce qu’il y a pas mal de courant mais le vent va forcir pour atteindre une trentaine de nœuds dans le Golfe de Gascogne. Donc là, ça part doucement, tranquillement entre 15 et 18 nœuds de vitesse. On est ravi de couper la ligne un 22 novembre, le même jour que Loïck Peyron et son équipage donc j’espère que ce sera de bon augure pour la suite. Maintenant, on est tous sur le pont, on manœuvre pour faire avancer le bateau afin de s’éloigner le plus rapidement possible de Ouessant et récupérer du vent un peu plus fort et établi. »
Pour l’emporter, Spindrift 2 devra être de retour à Ouessant avant le 6 janvier 2016 à 17 heures 43 minutes 51 secondes TU (18h43m51s heure française), soit une minute de mois que le précédent chrono (règlement du WSSRC). D’ici là, un tour du monde par les trois caps (Bonne Espérance, Leeuwin, Horn) s’ouvre devant les 14 marins à bord du plus grand trimaran de course au monde. Ils seront épaulés dans ce défi par le routeur à terre, Jean-Yves Bernot depuis son quartier général, situé près de La Rochelle. Il vit jour et nuit au rythme du bateau et des mises à jour régulières des données météorologiques qui lui permettent d’épauler Yann Guichard et le navigateur embarqué, Erwan Israël, afin de définir la meilleure route à suivre.
Egalement en stand-by à Brest, le trimaran IDEC Sport de Francis Joyon s’est lui aussi élancé de Ouessant cette nuit, à 02 heures 02 minutes et 22 secondes TU (03h02m22s heure française), soit 1 heure 59 minutes et 36 secondes avant Spindrift 2.
Le suspense autour de la fenêtre météo a pris fin ce samedi midi dans le port du Château à Brest, quand Francis Joyon et ses cinq membres d’équipage sont passés en « code vert », signifiant un départ imminent. Quelques heures plus tard, ils larguaient les amarres du grand trimaran rouge : «Nous faisons le pari que la situation météo sur l’Atlantique Sud va devenir favorable, quand une fenêtre se présente, il faut la saisir» a souri Francis Joyon. Et puis voilà, ils sont partis vers Ouessant.
Revenir aussi avant le 6 janvier 2016
Là-bas, installé dans le sémaphore de la pointe du Créac’h, un homme scrutait l’océan : Claude Breton, le chronométreur officiel du World Sailing Speed Record Council (WSSRC), à savoir l’organisme international qui valide tous les records à la voile. A 02 heures, 02 minutes, 22 secondes TU (soit 03 heures, 02 minutes et 22 secondes heure française), il a déclenché le top, quand IDEC SPORT a franchi le célèbre alignement entre le phare du Créac’h et le cap Lizard.
Pas de round d’observation donc, les six hommes d’IDEC SPORT sont entrés directement dans le vif du sujet ! Ils devraient aller très vite vers l’équateur, où il est jouable d’améliorer le premier chrono intermédiaire, en moins de 5 jours et demi. Une question importante sera de savoir quel enchaînement météo interviendra ensuite, quand il s’agira de « descendre » l’Atlantique Sud. Jusqu’à ce matin, c’était sur ce sujet que portaient les interrogations de Francis Joyon et de son routeur Marcel Van Triest. Ce doute est « levé à 50% » selon Francis. Mais désormais, il n’y a plus de question à se poser. Il faudra être de retour dans moins de 45 jours, 13 heures, 42 minutes et 53 secondes après avoir avalé plus de 26 000 milles – en route directe théorique, beaucoup plus en réalité. Le tout à 20 nœuds de moyenne sur l’orthodromie !
Les deux bateaux entament donc ensemble leur descente vers l’équateur qu’ils devraient couper dans plus ou moins 5 jours. Le record à battre sur ce premier tronçon appartient à Banque Populaire V en 5 jours 14 heures et 55 minutes. Dans les prochaines heures, le vent va forcir à trente nœuds dans le Golfe de Gascogne. La mer devrait également se ranger petit à petit permettant d’accélérer dans des conditions de glisse rapides le long de l’anticyclone des Açores.
Crédit Photo: Eloi Stichelbaut (Spindrift), JM Liot (IDEC SPORT)
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– CP-
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