09/2010 –

Yvan Bourgnon et Jérémie Lagarrigue vont traverser la Méditerranée sur un Hobbie Cat Fox (6,1 mètres de long pour 2,6 de large). Ils espèrent effectuer les 480 milles entre Marseille et Carthage en moins de 60 heures et établir un temps de référence pour des équipages qui aimeraient tenter l’aventure. Pour en savoir plus sur ce défi sportif, NauticNews.com a questionné Yvan Bourgnon qui à moins de 2 jours de son départ nous a expliqué la teneur de son projet. Le navigateur suisse, vainqueur de Jacques Vabre 1997 avec son frère Laurent, et du championnat de France 2008 des raids en F18, a terminé cet entretien par un : « Faut en avoir un petit peu, mais ça va être sympa ! » qui annonce bien la couleur.

NauticNews.com : Yvan Bourgnon, comment est née l’idée de ce défi ?

Yvan Bourgnon : Le Défi Terrésens, c’est un petit peu un retour aux premiers amours. J’ai commencé la voile avec le cata de sport. J’ai tout de suite compris que pour moi la voile c’est des bateaux à plusieurs coques, c’est la glisse et des défis extrêmes. J’ai eu la chance de naviguer sur des gros bateaux ensuite mais depuis un an et demi, j’ai repris goût aux petits. Alors on a réfléchi à comment on pourrait repousser les limites de l’utilisation de ces engins, et comment on pourrait réaliser des défis pour un budget raisonnable [dans les 50 000 euros, ndlr].

NN : Cette aventure, elle consiste en quoi exactement ?

Y.B. : L’idée, c’est de revenir à un défi à taille humaine, de se remettre à jour avec le défi des hommes, des marins. Loin des gros projets technologiques et élitistes. Ce doit être un défi sportif à la voile pour montrer qu’il y a encore des choses à faire, des chemins à tracer, de nouvelles voies. Mais le but c’est aussi de ne pas garder ça que pour nous. On souhaite donc établir un temps de référence et montrer que c’est possible. Ca va donner l’idée à des équipages de venir faire des tentatives. Le sponsor va d’ailleurs donner des primes à ceux qui battront le temps. Ce serait bien qu’il y ait 2 ou 3 tentatives par an.

NauticNews.com : 480 milles en pleine mer sur un Hobbie, ça ne va pas être simple ?

Y.B. : Comme avec Jérémie [Lagarrigue, ndlr] nous sommes des compétiteurs, on a cherché un format de défi qui permette d’être pied au plancher tout du long. Ainsi la Méditerranée nous est apparue comme intéressante pour ce genre d’aventure. L’idée, c’est de descendre une piste noire durant 2 jours. Du fun avant tout même si on s’attend à arriver de l’autre côté dans un état de forme pitoyable.

NN : Il faut être bien préparé pour ce genre d’aventure. Comment vous y êtes vous pris ?

Y.B. : Ca fait plus d’un an que l’on se prépare. Nous avons effectué beaucoup de navigation sur ce bateau, environ 12 régates cette année, ainsi qu’une grosse préparation technique. On a choisi un Hobbie de série sur lequel on a peaufiné quelques ficelles, comme une prise de ris sur la GV. Mais c’est le bateau de Monsieur « Toutlemonde ». Il a aussi fallu qu’on aille naviguer dans la haute mer pour voir le comportement du bateau et des hommes. On a du faire face à quelques problèmes comme la teneur en sel de la Méditerranée. Pour ne pas devenir aveugle au bout de 2 heures, car on est tout le temps sous l‘eau, on va porter des masques la journée. Malheureusement pour la nuit, on n’a pas réussi à trouver la solution par rapport à la vision nocturne.

NN. : Comment va s’organiser votre vie à bord ?

Y.B. : On va se relayer à la barre et au trapèze afin de varier les tâches pour qu’on puisse supporter les douleurs surtout que l’on va être tout le temps sur le même bord. Pour l’avitaillement de cette soixantaine d’heures sans sommeil, on a embarqué beaucoup d’eau et environ 1,5 kg de barres céréales et de fruits séchés. Mais la grande difficulté c’est d’être tout le temps sous l’eau. Un sous-marin pendant plus de 48 heures.

NN. : En conditions météo, vous vous attendez à quoi ?

Y.B. : On a choisi de partir mercredi 8 septembre entre 6 heures et 9 heures du matin. On devrait bénéficier d’un vent de NW de 25 nœuds, qui devrait passer au niveau de La Sardaigne dans les 15 nœuds.  Comme le vent a soufflé du sud pendant quelques jours, on va se retrouver avec une mer un peu de face pour débuter la traversée mais avec un vent plutôt favorable. On devrait pouvoir atteindre les 15 nœuds de vitesse.

NN. : Merci beaucoup Yvan. Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance dans ce défi Terrésens que nous suivrons avec intérêt sur NauticNews.com.

Y.B. : Merci. Faut en avoir un petit peu, mais ça va être sympa !

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Propos recueillis le 6 septembre 2010

Plus d’informations : Site du Défi Terrésens

Crédit photos : Antoine Beysens

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