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Phenomenon : La course contre la montre

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03/2010 –

Un étrange phénomène a attiré les foules au salon nautique de Miami. Al Copeland Jr présentait le Phenomenon, un catamaran de course aux frontières du réel. En apparence, rien d’irrationel : 17 mètres sur 13 et demi, une peinture flashy et un « plan canard ». Mais dans le ventre de cet ovni quatre turbines comptabilisent pas moins de 11000 CV pour une vitesse estimée à… 391 km/h ! Décoiffant.

Le projet a démarré en 1998 sous la houlette d’Al Copeland, ex-champion des courses off-shore à la tête de Copeland’s Motorsports et fondateur de Popeyes Famous Fried Chicken (deuxième chaîne mondiale de restauration rapide spécialisée). Fatalité, le créateur n’a pas pu contempler son œuvre, ayant succombé à la tumeur de Merkel, une forme rare et foudroyante de cancer de la peau. Et c’est son fils, Al Copeland Jr qui a repris le flambeau, en été 2008. A vrai dire, un peu par force majeure : les dernières volontés du père furent d’achever le Phenomenon pour battre le record mondial de vitesse et trouver un rémède contre la tumeur de Merkel. Mais, au fur et à mesure des progrès techniques réalisés par les scientifiques de la NASA (designers du bateau), Al Copeland Jr est devenu un fanatique du Phenomenon. « C’était une tâche difficile », a-t-il déclaré lors de la mise à l’eau en novembre dernier au championat mondial off-shore de Key West. « Le projet était une ébauche quand je l’ai pris en mains. Nous avons dû distribuer les rôles différamment et modifier pas mal de choses. Personne dans l’équipe n’a jamais construit ce genre de prototype avec toutes les nouvelles technologies nécessaires à la finalisation ». Complètement novice dans le domaine donc, le jeune maître de l’empire Copeland ne s’est jamais découragé. « Je suis resté très optimiste, malgré la complexité évidente du projet. A l’issue de chaque réunion j’exigais un compte-rendu pour être certain que tout le monde sache où il va et qu’on obtienne les résultats escomptés ».

Battre le record  

La participation de Scott Barnhart, qui a commencé le projet avec Al Copeland Senior, contribue aussi à rendre le record envisageable. Celui-ci a travaillé 18 années durant pour Copeland’s Motorsports, ayant supervisé cinq autres projets de catamarans à turbine. Ses calculs ont abouti à une propulsion à peine croyable. Le Phenomenon est doté de quatre turbines t-55 L7C, quatre gearboxes sur mesure, deux crashboxes et quatre drives Arneson ASD 11. Le montage a pris 20 mois au lieu de trois à six, espérés par Al Copeland Jr. Malgré ces efforts, les visiteurs de Miami n’ont pas pu voir la bête dans l’eau. Le Phenomenon doit encore effectuer de nombreux tests pour faire ses preuves au Kilo World Speed Record organisé le 2 juillet prochain à Sarasota, en Floride. Le junior pilotera lui-même le bateau aux côtés de Scott Barnhart. Le couple tentera d’approcher les 391 km/h et battre le dernier record établi à Sarasota en janvier cette année (365 km/h). Pour cette ultume épreuve, Al Copeland part en toute confiance : « Scott a complètement équipé et préparé le bateau pour battre le record. Il a travaillé en totale osmose avec toute l’équipe d’ingénieurs, mécaniciens, architectes navals. Mon père m’a toujours dit, peu importe qui construit le bateau, il doit être impliqué de A à Z, prendre les mêmes risques. Je pense que Scott est la bonne personne pour être à mes côtes le jour J ».

Réduire les risques

Al Copeland senior a arrêté de courir suite aux accidents graves vécus sur l’eau dont le décès tragique d’un ami proche. Aussi, son fils est réaliste quant à la dangerosité éventuelle du Phenomenon. « J’espère qu’avec les dernières technologies de pointe tout se passera bien », disait-il à Key West. Ce projet est totalement expérimental. Il est dessiné pour dépasser les 391 km/h, mais il est hors de question que je joue à la roulette russe. Tout au long de la conception, j’ai repéré et éliminé des failles pour améliorer la sécurité et en même temps rendre ce bateau le plus rapide possible ». Ce réalisme a mené à étudier le poids idéal. Le Phenomenon n’est pas des plus légers (11793 kg), mais il intègre ce qu’on appelle en aéronautique « le plan canard », le même que sur le Miss Budweiser. L’air est dirigé en-dessous de la carène ce qui créé un véritable tapis volant et permet de réduire la résistance de l’eau, le roulis et les vibrations. Ainsi paré, le Phenomenon est à mi-chemin entre bateau et avion de chasse… Dans ces conditions, et dans l’optique qu’il batte le record mondial, il est difficile de prévoir l’impact sur l’évolution des courses off-shore. « La seule limite est le ciel après ça », prophètise Al Copeland Jr. Et si c’était vrai ?

Fiche technique NauticNews.com du Copelands Phenomenon

Tags sur NauticNews.com : Salon Nautique de Miami

Crédit photos : Glob’eau

-KL-

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