Solitaire du Figaro : Ecarts à Penmarc’h
Depuis tôt ce matin, la flotte progresse bâbord amures sous spi, puis sous génois, puis sous spi, depuis que le vent s’est établi au sud-ouest. Les marins épuisés par le tonique parcours côtier et la nuit instable, en ont profité pour récupérer un peu en début d’après-midi. Preuve en est : la VHF est restée muette !
Entre misainiers et pêcheurs de langoustines
Il a fallu garder un œil sur l’AIS, car le long de l’archipel des Glénan et de la baie d’Audierne, les pêcheurs sont légion. Les Figaristes ont pu maintenir leur cap en passant entre les travailleurs de la mer. Sous pilote, armés de jumelles, les skippers sont restés attentifs au plan d’eau et forcément à leurs camarades de jeu. Toujours en tête, Corentin Douguet (Un Maillot pour la Vie) surveille dans son rétroviseur Vincent Biarnes (Guyot Environnement) et Yoann Richomme (Skipper Macif 2014), lesquels voient se rapprocher deux dangereux coureurs : Alexis Loison (Groupe Fiva) et Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste).
Les grands perdants du début de course
Perdants, mais jusqu’à quand ? Ceux qui ont choisi d’aller chercher la bascule la nuit dernière et qui ne l’ont jamais trouvé, se retrouvent donc toujours décalés à l’Ouest et en arrière de la flotte. Une erreur fatale ! Charlie Dalin (Normandy Elite Team), Adrien Hardy (Agir Recouvrement), Gildas Mahé (Interface Concept) ont pris cher comme on dit. Mais, il va falloir surveiller de près Corentin Horeau (Bretagne Crédit Mutuel Performance), Paul Meilhat (SMA) et Yann Eliès (Groupe Queguiner-Leucémie Espoir) en tête du groupe de l’Ouest relativement bien positionnés pour passer la pointe de Bretagne.
Dans 4 heures, les premiers devraient atteindre l’Occidentale de Sein. D’ici là, le vent devrait reprendre de la vigueur en restant sud-ouest. Il peut encore se passer des choses sur la dernière étape de cette course d’endurance. Maintenant les bons réglages sont aussi importants que la bonne gestion du sommeil pour rester lucide…
Ils ont dit…
Gildas Morvan (Cercle Vert) : « On vient d’affaler. C’est assez nuageux, le vent bouge pas mal. On attend du sud sud-est. Mais c’est trop refusant donc je viens d’affaler. Il y a pas mal de latéral, quasiment 12 milles entre les bateaux les plus à l’est et les bateaux les plus à l’ouest. Tout le monde a du vent. On a à peu près les mêmes conditions pour tout le monde. On est à 80 milles du raz de Sein et à 48 milles de Penmarch’. On a eu un peu de molle cette nuit, tout doucement ça revient, on a entre 12 et 14 nœuds. Ça va c’est agréable. On va avoir un peu de vent sur la traversée de la Manche, entre Sein et Ouessant et pour aller en Angleterre. On n’a pas pu beaucoup dormi, le vent était très changeant. Je vais essayer de dormir dès que je peux ».
Adrien Hardy (Agir Recouvrement) :« La nuit n’a pas été facile, ça avait pourtant bien débuté avec un bon départ, un bon louvoyage et une bonne vitesse. Jusqu’à 3 heures du matin j‘étais en tête avec Normandy Elite Team (Charlie Dalin). Il y a eu un gros nuage avec de la pluie et on s’est fait passer au vent et sous le vent. Depuis on est un peu derrière et je ne suis pas très content. On a envoyé le spi tout à l’heure et comme le vent varie beaucoup – entre 10 et 20nds – on est sous génois. On est sorti de la dorsale mais j’aurais aimé surtout être devant. J’espère saisir la prochaine opportunité pour revenir. Normalement ça aurait du passer d’un côté ou de l’autre mais pas forcément des deux côtés. J’avais tendance à protéger le large parce que le vent devait rentrer du large et en fait ce sont ceux de la route directe qui s’en sont sorti le mieux».
Isabelle Joschke (Generali Horizon Mixité) :« C’était sportif le départ aux Sables d’Olonne ! C’était sympa mais il y avait un peu de mer, un peu de vent … heureusement ça s’est bien passé pour tout le monde, mais on a connu plus soft comme entrée en matière. Ca s’est arrêté en début ou milieu de nuit. Après on a eu de nouveau une mer assez difficile donc ça a été dur de se reposer car il fallait barrer, régler les voiles, on a eu une nuit très active. On a eu de tout : du vent, de la mer très formée… je n’ai pas trouvé de moments pour me reposer. Là, la mer est plate, c’est très agréable, je suis sous génois et j’ai pu prendre un petit-déjeuner. J’appréhende la nuit prochaine, je pense qu’elle va être difficile avec le contournement de Ouessant, des manœuvres en milieu de nuit, on verra bien mais j’espère que cela ne va pas être ainsi pendant les 4 jours sinon on va y avoir des problèmes de lucidité. Les nuits sont sombres mais heureusement elles sont courtes. Sur cette quatrième étape, la fatigue se fait sentir, elle est présente. »
Yoann Richomme (Skipper Macif 2014) :« J’ai choisi de faire la route directe. Ils ont tous viré cette nuit, je n’ai pas compris pourquoi. Moi j’ai choisi de faire le bord le plus approchant. Je ne capte pas l’AIS. Le vent va adonner, on va pouvoir envoyer le spi et garder un rythme rapide jusqu’à Sein. Nous sommes sortis de la dorsale vers la fin de nuit, on a eu des grosses molles ça a été difficile. Ce matin, ce n’était pas prévu mais on a eu du sud-ouest, ça ne se passe pas trop mal pour l’instant. Là, je fais un tout droit, quelques milles au large de Penmarch’, je ferai un empannage car ça va basculer. Il faut bien anticiper la bascule mais ça va être difficile. J’ai trois quarts d’heure de retard sur les routages. On devrait être à Sein vers 18h40 et on sera à Ouessant demain. On a déjà pas mal de gros grains qui passent, assez volumineux. C’est possible que ce soit très humide aujourd’hui, j’avais vu qu’il allait pleuvoir mais c’est difficile à estimer. Je suis à 8 nœuds, sur la route directe, c’est plutôt plaisant, on est au reaching donc on peut se reposer. J’engrange des heures de sommeil. »
Crédit Photo : A.Courcoux
Tags sur NauticNews: Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard
– CP –
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