Solitaire du Figaro : Gildas Mahé, le retour !
Le skipper termine ce jeudi à 9h07’46 après trois jours 18 heures 07 minutes 46 secondes d’une troisième étape particulièrement sollicitante pour les nerfs et pour les corps qui ont enchaîné quatre nuits ! Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie espoir) termine avec seulement 27 secondes d’écart et Jérémie Beyou (Maître Coq) s’adjuge la troisième place de cette étape Roscoff-Les Sables d’Olonne.
Il avait fait un break de cinq ans avant de revenir sur La Solitaire : Gildas Mahé réalise non seulement une superbe troisième manche, mais aussi une très belle entame pour sa cinquième participation. Onzième de la première étape entre Deauville et Plymouth, cinquième de la deuxième étape à l’arrivée à Roscoff, il s’adjuge dans les derniers dix milles de cette troisième étape, sa première victoire aux Sables d’Olonne en cinq participations.
Match-race pour finir !
Patience et longueur de temps : c’est sous le signe des calmes blancs que cette troisième manche se termine… Après ceux de Belle-Île et ceux du golfe de Gascogne ! Trois arrêts buffet qui ont une nouvelle fois mis en valeur le « dominator » Yann Eliès qui a toujours réussi à s’extirper le premier de ces molles à rallonge. Mais la pression a été constante jusqu’au bout avec un Gildas Mahé (Interface Concept) particulièrement percutant : depuis le milieu du golfe de Gascogne, le solitaire a progressivement pris le dessus sur Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoir de la Mer) puis sur Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) à l’occasion des empannages qu’il a fallu effectuer pour parer la bouée ODAS.
De 0,7 mille de marge au passage de cette marque de parcours, Yann Eliès arrivait à creuser l’écart jusqu’à 1,2 mille lors de la traversée du golfe de Gascogne en direction de la bouée BXA, mais quand il a fallu remonter au près devant l’estuaire de la Gironde, le delta n’était plus que de 0,2 mille, soit à peine 350 mètres… Et ce bord vers Les Sables d’Olonne qui paraissait direct et sans surprise tourna vinaigre vers 2h00 ce jeudi quand au large de l’île de Ré, la brise commença à tournicoter et à décroître inexorablement.
Des Sables mouvants
Le final se transformait alors en duel, ballet de virements de bord pour tenter de conserver une position de contrôle. Mais quand les calmes succèdent aux risées évanescentes, difficile de gérer, et son adversaire, et les plaques de brises qui apparaissaient sur une mer transformée en lac suisse alors que le jour permettait enfin de visualiser les rides de ces souffles. Heureusement vers 8h00, la brise d’Ouest venait doucement balayer le plan d’eau : Gildas Mahé arrivait à se recaler devant Yann Eliès, une petite centaine de mètres seulement devant son étrave ! Ne restait plus qu’à tirer enfin tout droit vers la ligne d’arrivée…
27 secondes d’écart après plus de trois jours et demi de course ! Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) s’inclinait donc derrière Gildas Mahé dans les derniers milles de cette troisième étape à rebondissements puisque derrière lui aussi, la hiérarchie a été totalement chamboulée… Le Breton n’aura donc pas encore réussi à égaler le record de victoires d’étape détenu par Jean Le Cam, mais il a réalisé un parcours remarquable en prenant le commandement dès le milieu du golfe de Gascogne pour ne voir passer le vainqueur de cette manche, que dans les tout derniers milles.
A 9h15′ 13 », Jérémie Beyou (Maître Coq) s’octroyait la troisième place de cette manche avec un peu plus d’une minute de marge sur Corentin Horeau à 09h 16′ 56 » (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) tandis que Charlie Dalin (Normandy Elite Team) en finissait aussi à la cinquième place à 09h 19′ 38 »…
Du changement au général
Avec un peu plus d’une demie heure de retard sur Jérémie Beyou (Maître Coq) au classement général après deux manches, Gildas Mahé va combler une partie de son retard avec cette victoire aux Sables d’Olonne et titiller Charlie Dalin pour la troisième marche du podium. Corentin Horeau se hisse quant à lui à la deuxième place au général provisoire.
Avec la mise sur la touche de Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) qui a dû abandonner cette manche, et de plusieurs solitaires à la peine sur ce final à rebondissements comme Alexis Loison (Groupe Fiva), Adrien Hardy (Agir Recouvrement) ou Gildas Morvan (Cercle Vert), ils ne semblent plus être que quatre à s’extraire du groupe de tête.
Ils ont dit :
Gildas Mahé (Interface Concept), premier aux Sables d’Olonne : « Les quatre nuits de mer ont été éreintantes : ça ne paraît pas mais je ne suis pas vraiment en forme ! Ce matin, je dormais à la barre… Je me rendais compte que j’étais en train de tomber : je me mettais une grande claque et je repartais ! Il n’y avait pas de vent ou trop instable : il fallait absolument rester lucide et réactif. Se mettre la tête dans l’eau, boire du café : tout pour rester en veille. Cela m’a permis de passer Yann (Eliès). J’étais pas mal revenu depuis hier avant BXA mais je suis tombé dans une molle : Yann est un peu parti mais j’ai vu du vent au large. J’ai affalé mon spinnaker en premier pour aller chercher cette risée. Il était à vingt mètres sous mon vent, mais j’ai pu me glisser devant lui. Je n’avais jamais fait un final comme ça ! Les Sables d’Olonne, ça me réussit : j’ai gagné la Solo Les Sables il y a quelques années, et j’ai fini deuxième de la Solo Maître Coq… J’avais bien commencé la première étape de La Solitaire du Figaro, mais ça s’était dégradé à la fin. La deuxième manche était mieux et là, c’est bien car j’ai tenu jusqu’au bout ! On est parti dans le bon wagon parce que certains vont prendre cher… »
Yann Eliès (Groupe Queguiner-Leucémie Espoir), deuxième aux Sables d’Olonne :
« Ca se joue à pas grand chose, mais suffisamment pour je ne sois pas devant. J’ai peut-être un tout petit peu moins protégé l’Ouest que lui. Il a bien navigué, il était toujours un peu derrière moi. Malheureusement, il n’y a qu’une place de premier. Il y a eu de belles conditions, difficiles. Il y en a derrière qui vont être plus déçus que moi. Malheureusement, je ne joue pas le général, il n’y avait que les victoires d’étape qui me plaisaient, celle-là est ratée. J’ai eu les boules quand il est passé devant moi, j’ai eu l’impression d’avoir perdu le Figaro alors que ce n’est qu’une étape. Je pensais que la risée allait rentrer mieux que ça, et en fait elle a mis du temps à venir. »
Jérémie Beyou (Maître Coq), troisième aux Sables d’Olonne :
« Je suis content d’être sur le podium et surtout content de prendre la tête au général. C’était ça que j’avais en tête pendant toute la course, jusqu’au dernier mètre. Je n’ai pas contrôlé Corentin (Horeau), l’idée c’était d’arriver le plus vite possible. Ca n’avait pas bien commencé, j’ai fait une erreur à Penmarc’h. Mais je me disais que ce n’était jamais fini. Les deux devant ont fait une belle course, je suis content pour Gildas (Mahé), c’était mon préparateur l’an dernier. Chapeau à lui ! J’ai essayé de gagner mètre par mètre, place par place, je fais mon trou au classement, c’est mon objectif, je suis content d’être sur le podium sur les trois étapes. Ce n’est pas si facile que ça… Le plan ne se déroule jamais comme prévu. C’était fatiguant, long, mais on a connu pire. Sous Belle-Ile, j’étais tendu. Ma manivelle a parlé au winch ! J’avais du mal à sortir du paquet. Il y a tout le temps quelqu’un qui te colle aux baskets ! Au final, de sortir comme ça, je suis super content ! ».
Ordre d’arrivées aux Sables d’Olonne
- Gildas Mahé (Interface Concept) à 9h07’46
- Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) à 9h08’13
- Jérémie Beyou (Maître Coq) à 9h15’13
- Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) à 9h16’56
- Charlie Dalin (Normandy Elite Team) à 9h19’38
- Erwan Tabarly (Armor Lux-Comptoir de la Mer) à 9h28’30
- Corentin Douguet (Un maillot pour la vie) à 9h40’11
- Isabelle Joschke (Generali Horizon Mixité) à 9h 41’02
- Paul Meilhat (SMA) à 9h43’03
- Vincent Biarnes (Guyot Environnement) à 9h50’39
- Alexis Loison (Groupe Fiva) à 10h05’08
- Gwénolé Gahinet (Safran – Guy Cotten) à 10h15’17, 1er bizuth
Crédit Photo : A.Courcoux
Tags sur NauticNews: Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard
– CP –
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