Solitaire du Figaro : Un triangle à boucler
La deuxième nuit de la première étape de La Solitaire du Figaro-Eric Bompard cachemire n’a pas été aussi rude ni aussi aléatoire que la première : dans une brise de secteur Sud-Ouest d’une dizaine de nœuds, les 38 solitaires ont plongé vers la pointe de Star Point, mais juste avant le coucher du soleil le vent a basculé à l’Ouest en se renforçant au passage d’un front, à une vingtaine de nœuds : les skippers ont dû virer de bord. Alexis Loison et Yann Eliès les plus en pointe, furent les derniers à effectuer la manœuvre et lorsque la brise est revenue au secteur Sud-Ouest une heure plus tard, les deux compères menaient la flotte vers Star Point.
Arrivée prévue mercredi soir
Il n’y avait alors pas d’option tactique possible puisque le but était de faire du près serré en direction de Wolf Rock : ce mardi matin devant Plymouth, la flotte était ainsi étalée autant en latéral qu’en longitudinal (6 milles) avec Alain Gautier (Generali) le plus au Nord et Thierry Chabagny (Gédimat) en position méridionale. Il restait alors 60 milles avant d’obliquer vers la Bretagne et logiquement, il n’y a pas de surprise envisagée sur ce tronçon : le vent s’est stabilisé au Sud-Ouest 18-20 nœuds avec passages de quelques grains (surtout la nuit dernière) sur une mer qui s’est bien agitée.
Une fois passée cette marque de parcours dans une dizaine d’heures (vers 15-16h), cap au Sud-Est c’est à dire pour 100 milles de vent de travers sans option tactique : de la vitesse pure en perspective jusqu’à l’atterrissage sur Roscoff où la brise pourrait commencer à faiblir… En effet, la dépression atlantique qui génère le régime de Sud-Ouest actuel s’en va en se comblant vers l’Irlande en laissant la place à une bulle anticyclonique : selon la rapidité de cette transition, la molle attendue dès mercredi pourrait ralentir sensiblement la flotte.
Il ne restera plus que 100 milles entre la Bretagne et l’arrivée à Plymouth toujours dans un flux de Sud-Ouest modéré mais faiblissant, soit une dernière ligne droite avec un final programmé pour mercredi soir. Au vu de ces conditions, il ne faut pas s’attendre à des écarts très importants sur la ligne malgré 484 milles parcourus et une deuxième journée pleine de rebondissements, à moins que la bulle ne rattrape les retardataires et avalent les solitaires un par un jusqu’à la baie de Plymouth en provoquant un final au ralenti…
Ils ont dit :
Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) :
« C’est rentré dans la nuit, il y a eu une petite bascule à l’Ouest en fin de journée puis nous sommes allés chercher le vent de Sud-Ouest qui est rentré. C’est un peu la curiosité du parcours de passer devant le port d’arrivée mais on ne s’arrête pas ! Nous avons 18 nœuds de vent, ça va bien rentrer à 20 nœuds établis et cela va être un peu plus fort que ce que nous avions en début de course. La surprise pourrait venir de la fin car il y a peut-être des écarts à faire donc il vaut mieux être devant. Tout dépend aussi de l’heure a laquelle on va arriver devant Roscoff … Là on peut peut-être arriver mercredi soir ! »
Charlie Dalin (Normandy Elite Team) :
« J’ai mis du temps à récupérer de mon départ. La mer est désordonnée, il y a du clapot : ce n’est pas évident de laisser le pilote barrer. Dans une dizaine d’heures nous devrions être à Wolf Rock, mais si le vent forcit, il faudra changer la configuration des voiles. Le retour va être très compliqué, car la fin de parcours, à mon avis va être difficile et rien ne sera joué d’ici Plymouth. Je suis content d’être là, content de ma vitesse j’essaie de ne jamais faire des choix extrêmes depuis le début, j’essaie d’être dans le paquet : il y a eu des re-départs, des transitions, c’est cool d’être là pour se retrouver devant avec les copains. »
Gwenaël Gbick (Made in Midi) :
« Cette nuit, ça a été « bof ». Il n’y a rien de dramatique à bord, mais je n’ai pas beaucoup dormi. Je suis plutôt content car je n’étais pas très bien parti sur cette première étape et depuis cette nuit quand les conditions ont forci, c’est mieux. Le clapot est plus serré qu’en Méditerranée ici. J’imaginais le rythme mais tant que tu ne l’as pas vécu… J’avais bricolé un petit truc pour cette nuit avec une sieste pendant le reaching mais le vent est rentré donc j’ai été à la barre, et il y a eu un changement de voile… C’est pas imaginable le rythme ! Je pense qu’il peut se passer encore des choses en arrivant sur la côte anglaise s’il n’y a pas trop d’écarts. Le plus compliqué, on est en train de le vivre en ce moment ! »
Crédit Photo : Maxime Flipo / Alexis Courcoux
Tags sur NauticNews: Solitaire du Figaro, Trophée Eric Bompard
– CP –
Commentaires