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TFV : Il fallait oser…

Il fallait oser partir au large et sentir le meilleur vent. Ceux qui ont tout tenté remportent l’étape la plus longue de l’histoire TFV, la Deauville – Brest de 245 milles et de coefficient 5. Ce sont Sodebo et Bretagne Crédit Mutuel Elite, qui composent le podium brestois avec Courrier Dunkerque 3 et relèguent le grand favori Groupama 34 à la quatrième place. Classement chamboulé, bagarre relancée.

« Tout le monde voulait gagner cette étape » avoue Thomas Coville à l’arrivée. « C’est la plus longue, au portant. Elle fait toute la Manche avec beaucoup de courant et à la fin, une bagarre acharnée avec Nicolas Troussel. C’est le truc rêvé et ça relance la compétition. »

Vainqueurs à 15h07 devant le port du Château, ses hommes s’imposent 28 heures après le départ de Deauville, après un reaching laborieux hier, un portant tendu au nord du Cotentin, le passage du Raz Blanchard au moment de la renverse de courant, une nuit sous spi entre les Anglo-Normandes et une journée d’empannages autour de la pointe bretonne. Du vent de nord-est de 15 à 25 nœuds par moment, une mer assez calme et le courant qui change la donne toutes les six heures.

Mais les hommes de Coville doivent surtout leur victoire à une ‘cuillère’ audacieuse la nuit dernière, lorsqu’ils sont partis au large chercher le vent pour doubler les leaders Courrier Dunkerque 3 et Groupama 34 à l’aube.

Bretagne Crédit Mutuel Elite doit sa deuxième place à la même option, une spécialité du skipper breton qu’explique le barreur Félix Pruvot : « Nico nous a fait une ‘Troussel’ magique en exploitant mieux que les autres la direction du vent. Ça nous a remis dans le match. Une belle étape puisque l’on récupère le vrai spi vert en prenant la tête du classement au large. »

Sur les visages cramés des concurrents, la fatigue n’efface pas la joie d’une hiérarchie modifiée. Groupama 34 mène toujours au général provisoire mais, 4e place de coefficient 5 oblige, Franck Cammas n’a plus que 27 points d’avance sur Troussel, deuxième, et 40 sur Souben, troisième. Sodebo est quatre au général provisoire et sa place sur la première étape Dunkerque – Breskens continue d’être calculée sur une moyenne de ses ralliements (pour redressement suite à la casse de son bout-dehors). Team OmanSail est cinq au général après une 8e place à Brest. Les amateurs de Martinique BE-Brussels brillent en 6e place aujourd’hui même s’ils ne reprennent pas le spi rose à Normandie.

« Ça montre que rien n’est joué : même les leaders se remettent en question et c’est l’esprit du Tour de France » conclut Coville en savourant son champagne.
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Une oreille sur les pontons

Thomas Coville, skipper de Sodebo : « Nous nous sommes battus jusqu’au bout. Jean-Luc Nélias nous a mis sur les rails et l’équipage n’a rien lâché pour se bagarrer contre Nicolas Troussel et son équipage. En stratégie, nous sommes allés plus au large que Groupama 34 pendant la nuit. Au petit matin, on a croisé assez loin devant Nicolas mais il est revenu en optionnant. C’est vraiment le guerrier qui ne s’avoue jamais vaincu et qui tente. C’est un garçon complètement imprévisible qui ne lâchera jamais le morceau. Je l’aime beaucoup pour ça. Jusqu’à l’entrée du goulet, il nous a attaqués et ça a été une sacrée bagarre. »

Nicolas Troussel, skipper de Bretagne Crédit Mutuel Elite : « Aujourd’hui tout s’est joué à la bouée de Portsall. Sodebo a tiré un très bon bord et ils ont pris une longueur d’avance. Nous sommes revenus sur le chenal du Four et nous étions juste derrière eux au passage des Vieux Moines. Après, on n’a pas eu d’ouverture pour remonter mais nous sommes très contents de notre navigation et d’être ici à Brest. Mettre Groupama 34 derrière, c’est une bonne opération. Et être premiers du classement au large nous fait aussi très plaisir. On fait les régates les unes après les autres sans regarder si c’est Cammas ou un autre, On essaye d’être devant et pour l’instant ça marche très bien. Il avait fait un très bon début de Tour de France, là il fait un tout petit peu moins bien et ça nous arrange ! »

Daniel Souben, skipper de Courrier Dunkerque 3 : « C’était une très belle étape qui commençait très bien pour nous. On s’est vite échappé avec Groupama 34 puis on n’a fait que creuser sur le reste de la flotte jusqu’à Guernesey. Ensuite, nos options étaient relativement claires, il fallait que l’on descende dans le Sud pour chercher plus de pression. Groupama 34 a priori avait la même stratégie. On a joué ensemble toute la nuit. On a joué le vent, l’adversaire, les algues. Ça nous a bien aidés mais on a eu la mauvaise surprise au petit matin de voir revenir de l’ouest et du nord Sodebo et Bretagne Crédit Mutuel. On les avait un peu oubliés. C’est une mauvaise opération d’un point de vue comptable car on reprend peu de points à Franck et on en perd beaucoup sur Bretagne Crédit Mutuel Elite et Sodebo. »

Franck Cammas, skipper de Groupama 34 : « La nuit, tous les chats sont gris : nous avions un peu d’avance la veille au soir, puis Sodebo et Bretagne Crédit Mutuel ont fait le bon choix. Il était difficile de contrôler tout le monde. Après, les conditions météo ont fait que les premiers ont toujours bénéficié d’un peu plus de vent, d’un peu plus de courant favorable et la flotte s’est étalée. Nous avons remporté deux étapes sur quatre, soit 50 %. C’est sûr que nous sommes déçus sur celle-là d’autant que nos 20 premières heures étaient exceptionnelles avec de bons choix. Mais j’ai toujours dit qu’il y avait quatre bateaux capables de gagner ces étapes de ralliement et les parcours techniques. C’est pour ça que ça tourne ! »

Mathieu Mourès, co-skipper de Martinique BE-Brussels : « Nous avons fait une belle nav’ collective et c’est ce que nous allons retenir. Tout le monde a participé. Il n’y avait pas deux ou trois leaders, chacun était vraiment sur le coup. J’espère que ça fera la différence et que cette étape sera une référence pour nous pour les prochaines. On se fait avoir par TPM sur un affalage, c’est de la technique : sinon nous serions devant. Mickaël Mergui nous a bien aidés sur la navigation. On s’est beaucoup reposés sur lui. C’est vraiment confortable d’avoir quelqu’un d’expérience ! Rodrigue a été monstrueux à la barre et tout ça a galvanisé le groupe. C’est une belle manche, mais ne nous enflammons pas (rires) ! »

Crédit Photo : JEAN-MARIE LIOT / ASO

Tags sur NauticNews: Tour de France à la voile, TFV

– CP –

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