Transat Bretagne-Martinique : Bientôt la délivrance…
La bascule d’ouest est imminente pour les leaders et le vent mollissant. Quelques heures à tenir encore pour les 13 marins de la Transat Bretagne Martinique qui, depuis 24 heures, se sont réfugiés dans leurs habitacles pour se protéger des paquets de mer et du vent violent. La course compte désormais deux abandons pour sérieuses avaries de grand-voile (Thierry Chabagny – Gedimat avant-hier et Yann Eliès – Groupe Queguiner – Leucémie Espoir, ce matin). Deux favoris quittent ainsi la course. De son côté, Eric Baray (Tektôn/AGM – Région Martinique) fait route vers un port de la péninsule ibérique pour réparer sa grand-voile et ses pilotes automatiques. Les deux tempêtes successives n’auront pas épargné les marins…
De mémoires de figaristes, on n’avait jamais connu une telle baston aussi longtemps. C’est en tout cas ce qu’Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) avouait ce matin à la vacation : « C’est la première fois que j’ai du vent si fort pendant longtemps, mais surtout, je n’ai pas passé le plus fort. » La journée a donc été rude pour les 13 solitaires encore en course. Il leur faut tenir bon quelques heures. Les marins de l’ouest, les trois premiers du classement général (Damien Guillou – La Solidarité Mutualiste, Corentin Horeau – Bretagne – Crédit Mutuel Espoir et Anthony Marchand – Bretagne – Crédit Mutuel Performance) vont toucher la bascule d’ouest en fin d’après-midi et le vent va mollir peu à peu. De quoi naviguer dans des conditions bien plus confortables, faire route vers le sud et sans aucun doute empocher le gros lot. Au sud-est, si les bateaux et les marins ont « moins souffert » près des côtes, il va falloir continuer à cravacher. Car ils le savent bien, les petits camarades occidentaux ont pris la bonne option. Les sudistes ont choisi la prudence, ils ont préféré sauvegarder le matériel et préserver les bonshommes. N’empêche, pour toute la flotte, il est temps que tout ça se termine. Fred Duthil (Sepalumic) serre les dents et attend que ça passe, Simon Troël (Les Recycleurs Bretons) en plein baptême de feu pour sa première transat ne rigole plus du tout, Yoann Richomme (DLBC – Module Création) commence à tourner comme un lion en cage dans son habitacle de 3 m2… Bref, cette nuit, ce sera la délivrance. Les marins vont sans doute rêver dans leurs bannettes de glissades dans les alizés.
Classement de 16 h
- Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) à 2 874,52 milles de l’arrivée
- Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) à 2,11 milles
- Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) à 13,80 milles
- Arnaud Godart-Philippe (Régates Sénonaises) à 63,39 milles
- Yoann Richomme (DLBC – Module Création) à 67,58 milles
Ils ont dit :
Fred Duthil (Sepalumic)
» On est un peu plus à l’intérieur dans le sud, on devrait échapper au plus fort mais on verra bien. La stratégie est simple ; dès qu’on touchera un peu de droite, on va vite virer pour se mettre tribord amure et gagner dans le sud, c’est l’objectif. On attend le passage avec impatience. C’est prévu pour ce soir. J’ai hâte de renvoyer dans le sud, ce sera signe de meilleurs auspices « .
Simon Troël (Les Recycleurs Bretons)
» Ça va ! Mais ça commence à ne plus trop me faire rire, je n’ai pas trop de vagues, mais ce n’est pas très marrant votre affaire-là ! Cette nuit, c’était vraiment fort, j’ai croisé Adrien (Hardy) vers minuit, on a discuté, on était content d’être là car il n’y a pas trop de vagues mais c’est plus fort que sur le fichier. Après j’ai un peu dormi. Cette nuit j’étais à l’intérieur, j’ai essayé de barrer aujourd’hui, le pilote s’en sort mais ce ne sont pas des conditions qui font rêver et où tu as envie de barrer « .
Yoann Richomme (DLBC – Module Création)
» Sur le pont, c’est balayé par les vagues en permanence, il doit y avoir 4 à 5 mètres de houle, j’ai 42 nœuds, c’est quasiment le plus fort depuis qu’on est rentré dans le coup de vent. Je commence à rentrer dans le vif du sujet. Cette nuit j’ai eu entre 30 et 35 nœuds, là ça ne descend pas en dessous de 35, ça montera à 45 nœuds tout à l’heure. J’éponge en permanence parce que ça rentre par la descente, je me suis fait des bonnes siestes, j’ai bien mangé. Mais bon, l’intérieur d’un Figaro Bénéteau ça ne prend pas des heures à visiter, donc il est temps que ça se termine ! »
Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer)
» Les conditions sont difficiles, on fait le dos rond mais tout va bien, pas de bobo pour l’instant, ni sur le bateau, ni sur le bonhomme. Ca avance, péniblement, mais ça avance. C’est presque la tempête ! Il y a beaucoup de mer, du vent, 35 nœuds en moyenne, des rafales fortes, je m’attends à en avoir encore plus dans les heures qui viennent, le bateau tape pas mal, dehors c’est très humide, c’est difficile de barrer même. Les vagues traversent le pont de temps en temps et ça peut être dangereux. Je suis refugié à l’intérieur en attendant que ça passe « .
Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance)
« On fatigue un peu. Ca tape et c’est vraiment désagréable le bruit. Lors de la première dépression, le vent était de travers et là nous sommes au près serré donc ça cogne un peu plus. Le choc des vagues est plus violent de face que de travers. J’ai un ris et le solent. Si ça monte à plus de 40 nœuds, je prendrai le deuxième ris. Le virement à venir sera primordial. J’espère que notre choix de l’ouest va payer, sinon je serai vraiment dégouté. Il faut faire attention à cause des conditions météorologiques et de la mer qui sont fortes. On va chercher le vent à droite, là on est du bon côté « .
Crédit Photo: Alexis Courcoux
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– CP –
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