Vendée Globe : Jean-Pierre Dick 4ème!
Un accueil digne d’un vainqueur du Vendée Globe. Sur l’eau et en mer, il y avait foule pour saluer le 4e de la course. Pour saluer l’exploit d’un marin galérien. Jean-Pierre Dick sur son Virbac Paprec 3 partait pour le podium, il revient en héros aux Sables d’Olonne, après avoir navigué 2 643 milles sans quille et connu de multiples déboires. « Le but n’est pas le but, le but c’est le chemin », Jean-Pierre Dick a glissé ce proverbe chinois devant un public ému et conquis.
Voici ses principales déclarations lors de la conférence de presse :
La perte de la quille
Là où je me suis fait le plus peur c’est le moment où j’ai perdu ma quille parce que le bateau s’est vraiment couché. J’avais la chance d’être à côté de l’écoute de grand-voile. J’ai rempli mes ballasts sous le vent. Je devais avoir 50-60° de gîte et à 70° apparemment, c’est le chavirage. J’ai réussi à abattre et à rouler ma voile. Ça s’est bien passé. Dans mon malheur, j’ai eu la réussite de mettre mon bateau droit. Il y avait du bruit et j’ai confondu le bruit habituel du vérin avec celui du voile de quille qui commençait à se disloquer. Au moment où ça s’est passé, je cherchais des boules quies (rires).
Les causes de la rupture
La quille a rompu de fatigue. Dans notre projet, on a opéré tous les tests qui nous semblaient être les plus pertinents, mais il y a peu d’éléments qui permettent de calculer le vieillissement de la quille. On savait que ce serait son dernier tour du monde. On aurait dû la changer mais d’après nos tests, la quille nous semblait parfaitement bien. Il faut bien le dire, c’était difficile de prendre cette décision parce que ça coûte quand même très cher. On ne négocie pas le montant du sponsoring toutes les demi-heures, donc on avait des contraintes financières. C’était difficile d’en payer une nouvelle uniquement par principe de précaution. A 2 000 milles près, on aurait dû l’appliquer.
Le mouillage
Ça a été un moment assez incroyable. Décider d’aller mouiller en IMOCA, ce n’est pas neutre. J’ai pris cette décision de me rapprocher de la terre, on avait pris contact avec les gens du port. J’ai sélectionné ce port parce qu’il me semblait être le plus « safe » et il y avait des bouées. Je ne me voyais pas jeter l’ancre avec les 40 nœuds de vent qui étaient attendus. Je pensais trouver un coffre mais il était occupé par un remorqueur. Dans la journée, l’autorité portuaire est venue me voir pour m’avertir que ces bouées risquaient de céder, il ne m’a pas vraiment remonté le moral (rires). J’ai plongé et j’ai vu que c’était une grosse chaêne, qu’elle était vraiment béton et j’ai accroché des bouts à la chaîne plutôt qu’à la bouée qui risquait d’exploser à tout moment.
La navigation sans quille
J’ai mené ma petite enquête avec Marc Guillemot, Roland Jourdain et Dominique Wavre qui ont l’expérience de la navigation sans quille. Il ne faut pas naviguer dans des vents qui excèdent 27-28 nœuds. J’ai tenu mon cahier des charges et c’est déjà une fierté.
Ce qu’il a appris
Le plus grand enseignement que je tire de cette course, c’est que quand il y a une galère ou quoi que ce soit, même si on n’a pas la confiance en soi pour le résoudre, si on prend les choses une par une et qu’on les fait les plus honnêtement possible en opérant un peu comme un chirurgien, on arrive à solutionner les problèmes. Je ne suis pas un bricoleur-né, mais j’arrive à faire des choses potentiellement incroyables parce qu’il y a une attention à bâtir un plan pour résoudre le problème. Il y a une vraie contrainte, mais si on la saucissonne en problèmes un par un, on arrive à la résoudre. On se sent renforcé, on prend confiance en soi lors d’une aventure telle que celle-là. Il faut se défoncer et le fait de réussir à franchir les étapes une par une, ça donne confiance en soi. Aujourd’hui, je suis un meilleur marin, mais j’ai aussi une connaissance accrue de moi-même.
Objectif atteint ?
On est des compétiteurs dans l’âme. Je suis parti en essayant de gagner cette course, mais j’ai basculé dans l’aventure. Après on est content de juste ramener son bateau ici. Mon objectif d’être dans les trois premiers n’est pas réussi au niveau sportif. Après, au niveau humain, c’est différent. Je pense que j’ai vais avoir plus de facilités à me remettre de ma perte de la troisième place parce qu’il y a ce côté glorifiant de la fin de course.
Son meilleur souvenir de la course
Pour moi en tant que régatier, le meilleur moment c’est mon passage en tête. Il m’est arrivé ce qui est arrivé mais j’étais dans le match. Ma culture n’est pas le solitaire, j’ai gagné beaucoup de courses en double, mais là j’ai touché le truc du bout du doigt.
L’intensité de la course
Il faut avoir une envie incroyable, il faut se battre. Avec la nouvelle génération qui est arrivée, il faut une application physique extrêmement forte. Il faut avoir envie d’y aller, ce n’est pas de la demi-mesure.
Crédit Photo : OLIVIER BLANCHET / DPPI / Vendée Globe
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– CP –
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