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Vendée Globe : 70 jours de mer…

Petit à petit, François Gabart creuse l’écart. Toujours aussi concentré, le skipper de MACIF s’offre même le luxe de prendre un peu d’avance sur les routages théoriques, alors qu’une ouverture semble se profiler dans l’ouest de l’anticyclone des Açores. En revanche, c’est toujours aussi compliqué pour le groupe des cinq qui affrontent des vents toujours aussi instables.

« C’est la guerre… » Jean Le Cam n’y allait pas par quatre chemins pour décrire l’ambiance à bord de SynerCiel au large des côtes du Brésil. Le vent de nord-est, toujours aussi soutenu, oblige à tirer des bords dans une mer hachée qui malmène coques et gréements. A ces conditions difficiles, s’ajoute l’incertitude absolue qui règne pour savoir qui, des hommes de l’ouest ou des tenants de l’est, tirera son épingle du jeu. Hier encore, il semblait bien que Jean Le Cam ainsi qu’Arnaud Boissières pourraient être les bénéficiaires de cette lente remontée le long des côtes d’Amérique du Sud. Mais vérité d’un jour vaut parfois mensonge le lendemain et le skipper d’AKENA Vérandas pourrait, au final, être le grand perdant de la partie d’échecs engagée depuis les Malouines. De même, Mike Golding (Gamesa) pourra avoir la satisfaction d’avoir repris, pour moins d’un mille, la cinquième place à Jean Le Cam. Mais, sur les dernières vingt-quatre heures, c’est Dominique Wavre (Mirabaud) qui, sur une position médiane, affiche la meilleure progression. En évitant les options radicales, le navigateur suisse s’est offert une marge de manœuvre tactique que n’ont pas ses concurrents.

Paix des braves armées

A l’avant de la flotte, l’heure n’est pas aux grandes manœuvres. Le quatuor de tête est maintenant solidement installé dans les alizés et progresse vers l’ouest de l’anticyclone des Açores. François Gabart continue de creuser sur Armel Le Cléac’h, mais le skipper de Banque Populaire préfère mettre ce différentiel sur le compte de conditions plus favorables à l’avant de la flotte, opinion largement partagée par le leader de ce Vendée Globe. Chacun y trouve son compte : pour Armel, c’est entretenir l’espoir que tout est encore possible, quand François se prémunit par avance d’une éventuelle fonte des milles engrangés, quand il abordera la bordure de l’anticyclone. Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), quant à lui, maintient son décalage un peu plus à l’est d’Alex Thomson (Hugo Boss), une position de contrôle idéale. Le navigateur britannique, quant à lui, se satisfaisait déjà d’avoir passé le pot au noir sans encombre, en attendant une opportunité. Avec plus de 1500 milles d’avance sur le club des cinq, Alex peut se permettre de tenter un coup pour essayer de ravir la troisième place. Si l’opportunité se présente, nul doute qu’il n’hésitera pas à s’engager dans une option tactique à hauts risques. Qui ne tente rien, n’a rien. En attendant l’explication finale, tous s’efforcent de faire marcher leur bateau au mieux… Un seul mot d’ordre : la vitesse avant de lancer la dernière bataille stratégique.

Quand l’intendance va…

Pour le trio qui ferme la marche, les conditions météo idéales pour la vitesse n’empêchent pas quelques travaux d’entretien. Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) a constaté que son choc avec OFNI avait endommagé légèrement son safran tribord. Rien de rédhibitoire, mais Tanguy devra surveiller l’évolution des dommages comme le lait sur le feu. Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) est engagé dans des réparations sur ses voiles d’avant, quand Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) devra monter dans son mât pour repasser des drisses défaillantes. Avoir l’agilité du singe, les doigts de fée de la  couturière, la perspicacité d’un sorcier de la météo, la résistance du buffle, c’est une panoplie complète que doivent revêtir les concurrents du Vendée Globe… La polyvalence est, sans conteste, la meilleure arme du solitaire.

Ils ont dit

Jean Le Cam (FRA, SynerCiel) : Pour moi c’est le parcours du combattant. Je suis dans la boue en train de ramper sous les barbelés et il y a l’adjudant chef qui m’a mis des pièges partout. Je n’ai pas été épargné. S’il y a un prix de champion du monde des conditions hard, je pense que depuis la Nouvelle-Zélande j’ai largué le second mais grave, je suis number one. Vous avez de la neige ? Ah c’est super ça ! Bon ski, n’attrapez pas froid et attention de ne pas vous casser quelque chose : la descente des Champs Elysées ça va être terrible.

Armel Le Cléac’h (FRA, Banque Populaire) : On essaye de s’accrocher, toujours à fond, de régler le bateau comme il faut, d’aller vite au bon endroit. On va attendre les prochains jours et l’approche de l’anticyclone. Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout peut arriver, j’ai gagné une solitaire du Figaro avec 13 secondes d’avance. On est sur un marathon, il y a eu des coups de mou, mais maintenant il y a une espèce de train-train quotidien à bord qui fait qu’on tient un rythme. Il y a quelque chose de vraiment super à vivre à l’arrivée. Mes chances de gagner sont encore présentes et on va se donner jusqu’au bout. Il y a encore des possibilités.

François Gabart (FRA, MACIF) : On a du vent, ça va assez vite, je ne me plains pas c’est plutôt sympa. Il y a pas mal de vagues. Par contre, ça tape beaucoup, mais MACIF avance ; donc tout va bien. Je suis content que la ligne d’arrivée approche, on est dans un rythme où on peut tenir jusqu’à l’arrivée sans souci. J’ai un peu d’avance mais la situation météo devant moi n’est pas simple et je pense que l’écart va se réduire, la course est très loin d’être terminée. L’écart avec Armel n’est pas suffisant pour se dire que c’est déjà gagné. Je vais me battre jusqu’au bout. On a forcément des hauts et des bas sur trois mois mais je pense que c’est essentiellement lié à la fatigue. La seule solution que j’ai pour aller mieux c’est de me reposer et de me concentrer sur ce que je sais faire, c’est-à-dire faire avancer le bateau le plus vite possible. Ça ne dure jamais bien longtemps.

Tanguy de Lamotte (FRA, Initiatives-cœur) : Quand on a heurté ce morceau de bois, j’ai tout de suite pensé que la quille était touchée et que l’OFNI était un gros rondin de bois. Puis quand j’ai vu l’objet en question dans l’eau, j’ai compris que c’était plus une grosse branche qu’autre chose. Le lendemain matin, avec la lumière du jour, j’ai vu que la quille n’avait probablement rien, mais qu’en revanche le safran était touché, ça se voyait à la forme des remous autour de la lame endommagée. Mais rien d’important n’est cassé, tout va bien, le safran fonctionne sans problème. On voit quand même l’impact du morceau de bois sur la lame. On sait tous qu’on est à la merci d’un choc avec un objet flottant, à n’importe quel endroit de la course. Heureusement, ce n’est pas toujours le genre d’accident qui vous pousse à abandonner. Rien que par la façon dont le bateau stoppe après un choc avec un objet, on peut avoir une idée de la taille de l’objet heurté. Dans mon cas, j’ai tout de suite compris que cet accident n’était pas trop grave.

Crédit Photo: JM Liot / SynerCiel

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– CP –

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