Vendée Globe côté design: VPLP & Verdier
Avec 6 IMOCA au départ de ce Vendée Globe 2012 (sur un total de 20 bateaux), le point de vue de ces designers de renom apporte un éclairage et une perspective très intéressants sur l’avenir de ces bêtes de course.
Description des unités VPLP/Verdier en course
SAFRAN (mise à l’eau mai 2007) – Skipper : Marc Guillemot
Safran est le premier bateau issu de la collaboration entre VPLP et Guillaume Verdier. La conception de Safran a commencé en 2006.
La collaboration entre les architectes, le skipper et Safran a été très fructueuse et a permis de faire évoluer ce bateau jusqu’à aujourd’hui sur des dossiers aussi bien technologiques que techniques.
Points marquants :
- Coque puissante à bouchain de 5.5m de large
- Mat classique
- Dérive courbe
- Quille carbone (puis quille titane en 2012)
- Un plan de pont connoté trimaran avec un arrangement des winchs assez spécifique
GROUPE BEL (mise à l’eau septembre 2007) – Skipper : Kito De Pavant
La construction de Groupe BEL a commencé 4 mois avant la mise à l’eau de Safran et possède la même carène que Safran avec une structure proche de celle de Safran. Le préambule du cahier des charges de Kito était très clair : léger-simple-fiable. En mettant l’accent sur l’ergonomie en navigation avec un poste de barre protégé offrant une vision générale optimisée.
Points marquants :
- Coque puissante à bouchain de 5.5m de large
- Mat aile
- Dérive droite
- Quille carbone
- Système de barre avec des barres à roue et un poste de veille sous la casquette
PRB (mise à l’eau janvier 2010) – Skipper : Vincent Riou
La coque de PRB est issue du moule de coque de Safran et possède une structure proche de celle de Safran. Aucun compromis n’est fait sur ce projet en termes de masse. Vincent Riou a pu utiliser l’expérience acquise sur ses derniers IMOCA pour radicaliser l’arrangement général du bateau et partir à la chasse aux kilos superflus.
Points marquants :
- Coque puissante à bouchain de 5.5m de large
- Mat aile
- Dérive courbe
- Quille acier
- Equipement minimaliste
Paprec Virbac 3 (mise à l’eau mai 2010): – Skipper : Jean Pierre Dick
VP3 est le premier bateau VPLP/ Verdier de la génération 2. Six mois d’études ont permis d’aboutir à cette deuxième génération de carène, plus puissante que la première génération mais tout en restant dans des ratios de puissance à échelle humaine. Après ces 2 derniers IMOCA, JP Dick souhaitait faire un bateau ou le confort passait en deuxième plan. Le poste de barre devait permettre de barrer à l’abri.
Points marquants :
- Coque puissante à bouchain de 5.7m de large
- Mat classique
- Dérive courbe
- Quille acier
Banque Populaire [ex Foncia] (mise à l’eau sept 2010) – Skipper : Armel Le Cleach
Une implication de Michel Desjoyeaux et son équipe pour la conception de son bateau, ainsi que pour la définition technique des systèmes. Le cabinet de structure HDS est intervenu dans la conception de la structure générale du bateau en concertation avec les architectes. Abaisser le centre de gravité général du bateau au même titre que l’ergonomie en condition de navigation offshore ont été les orientations de la conception du bateau.
Points marquants :
- Coque puissante à bouchain de 5.7m de large
- Mat aile
- Dérive droite
- Quille carbone
- Pont en aile de mouette
MACIF (mise à l’eau aout 2011) – Skipper : François Gabart
Ce bateau est le sister-ship de Foncia et a été réalisé avec pour objectif d’optimiser la version précédente, notamment sur l’arrangement de la structure interne ou la répartition des ballasts.
Points marquants :
- Coque puissante à bouchain de 5.7m de large
- Mat aile
- Dérive droite
- Quille acier
- Pont en aile de mouette
Questions aux architectes :
Quels critères semblent important pour créer un projet gagnant ?
VPLP/Verdier: Les éléments moteurs dans la conception d’un monocoque dans l’optique d’un Vendée Globe sont pour nous:
- Légèreté
- Puissance
- Fiabilité
- Performance
- Ergonomie
Ces critères ont motivés la conception d’IMOCA de première et deuxième génération issu de la collaboration entre VPLP et G. Verdier.
La recherche de la légèreté et donc la vélocité de ces bateaux, nous a semblé être un facteur déterminant dans la chaine de conception. Nous avons privilégié l’adéquation entre l’homme et son bateau à la recherche de la puissance pure dictée par les contraintes de jauge. Un bateau trop puissant pour un marathon que représente le Vendée Globe, pourrait s’avérer dur à mener pour un homme seul.
Quelles évolutions envisagez-vous pour gagner en performance sur les designs à venir ?
Depuis 10 ans, les performances des IMOCA ont énormément progressé et la façon de mener les bateaux a beaucoup évolué. Les retours des navigants nous ont permis de mieux faire converger la théorie et la réalité.
L’implication des équipes dans l’optimisation de leurs bateaux nous permet de pousser les recherches sur les développements concernant l’interface carène/appendices aussi bien que le fardage ou l’ergonomie générale du bateau. Les générations actuelles d’IMOCA nous laissent entrevoir des perspectives d’évolutions riches pour le futur de la classe et de la voile en générale. L’IMOCA reste avec la classe Mini-transat une source d’inspiration et de création pour le milieu nautique et la voile d’une manière générale.
La clé de la fiabilité passe par la bonne compréhension des efforts dynamiques; nous améliorons énormément les bateaux en fiabilité grâce à l’acquisition de données en mer.
Il est également possible d’envisager des évolutions sur les structures de bateaux avec des matériaux plus solide et plus léger permettant d’optimiser l’homogénéité du bateau en termes de performance et de fiabilité. Est-il nécessaire de rappeler que sans fiabilité la performance n’existe pas…
Vous sentez vous confiant sur la fiabilité de vos 6 bateaux prenant le départ ?
Pour gagner une course, il faut la terminer, il est donc essentiel pour nous qu’en termes de fiabilité la transparence soit de mise, toute avarie est donc analysée et chaque équipe bénéficie du retour d’expérience des autres sur ce point. Une victoire par avarie technique des concurrents n’est pas satisfaisante.
En effet, à la suite de la dernière TJV (Transat Jacques Vabre), nous avons échangé avec nos différentes équipes sur les avaries recensées à ce jour afin de les prévenir dans le futur.
La voile est et restera un sport mécanique de compromis entre légèreté fiabilité et performance ; et la confrontation avec les éléments garde une part d’imprévisibilité.
Comment envisagez-vous l’évolution de la classe IMOCA ?
Cette classe est par définition une classe Open d’innovation et d’évolution comme évoqué dans son préambule :
[…], ces règles sont évolutives, et doivent être développées en favorisant l’innovation technologique en matière de performances et en encourageant la recherche et la mise en application de nouvelles techniques en matière de sécurité de navigation.
Des mesures doivent être prises pour accroitre la fiabilité des bateaux, tout en essayant de ne pas tomber dans une course à l’armement qui favoriserait le plus gros budget de la flotte.
En effet, des échanges entre architectes, calculateurs, chantier et coureurs permettraient de converger vers des solutions augmentant la fiabilité, la sécurité et la simplicité. En conservant un niveau de performance au moins identique à la flotte existante.
Le Vendée Globe, c’est une alchimie entre un homme et une machine; si il y a bien une course pour laquelle le marin doit être en harmonie avec sa monture c’est bien celle-ci !
Tags sur NauticNews: Vendée Globe – VPLP – Guillaume Verdier – IMOCA
– CP –
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