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Grand Pavois 2004 – La Rochelle

Premier Contact – D’immenses parkings, des milliers de voitures… une petite brise souffle. Sur le chemin, des entrepôts, des constructeurs et des shipchandlers font face à une université et un aquarium, l’un des plus visité d’Europe. Il y a dix nœuds de vent établis et des claquements familiers se font entendre… Peu à peu, la foule se fait plus dense, elle semble converger vers un point. Les claquements se font plus forts, plus nombreux. Au détour d’un virage, des milliers de mâts apparaissent, frappés par autant de drisses. Le port des Minimes de La Rochelle ouvre ses portes au 32ème Salon Nautique à flot, l’un des plus importants du monde.

Origine – Créé en 1973 par des passionnés de la mer, le Grand Pavois accueille aujourd’hui presque trente fois plus de visiteurs. La barre des 100 000 a été franchie en 2002. Pour suivre ses ambitions et conforter son succès, le Salon s’est vu doté, cette année, de 10 000 m² de surface supplémentaire. Soit un total de 55 000 m² consacré à tout ce qui a un rapport, de près ou de loin (voire de très loin), avec le bateau.

Du kite-surf jusqu’au  voilier de 57 pieds en passant par les runabouts, les kayaks ou encore les jumelles de navigation, la diversité des stands fait la richesse du Salon. Pourtant, le nombre important d’exposants (environ 600) donne des airs de « parisianismes » à ce Salon traditionnellement plus « marin » et plus familial. « On ne
trouve plus beaucoup de marins ici… » évoque avec ironie une navigatrice rochelaise, habituée du Salon. La taille sans cesse croissante du Salon risque, à terme, de poser quelques problèmes d’infrastructures voire d’identité. On peut déjà en voir les prémices.

Environnement – La Rochelle est une ville de taille modeste (140 000 habitants) et la présence de plus de 100 000 visiteurs a un impact très fort sur la vie locale. Il faut nourrir, loger, assurer le transport de tous ces visiteurs mais aussi conserver la qualité environnementale des lieux. Le Salon insiste beaucoup sur l’importance de l’écologie en étant rigoureux sur le tri sélectif, tant du côté des exposants que de celui des visiteurs. Ainsi, cette année est renouvelée l’opération « Grand Pavois Bleu ». Par souci de respect des lieux et par manque de place, l’accès est très réglementé, et sans un badge d’officiel,
d’exposant ou de presse, les visiteurs ont parfois dû marcher plus de 45 minutes pour rejoindre le Salon, malgré les quelques navettes mises en place pour l’occasion.

Organisation – Le Salon n’est pas des plus accessibles mais offre une grande qualité
d’organisation en ce qui concerne la surface même de l’exposition. Plusieurs zones bien identifiées découpent le Grand Pavois. Ainsi les bateaux à moteur sont pour la première année tous regroupés au même endroit. Il en va de même pour les voiliers, l’accastillage ou encore la restauration. « Aujourd’hui, nous ne sommes plus obligés de traverser le Salon dans tous les sens pour voir ce qui nous intéresse. » explique Jean Guy un habitué du Salon. Ce dernier est si bien segmenté que l’on peut passer une journée entière sans même approcher un seul voilier !

Le moteur a la côte – Le Grand Pavois se fait l’écho du succès croissant des vedettes à moteur : pour preuve plus de la moitié des bateaux du Salon sont à moteur. Ces petites vedettes attirent indubitablement un public de plus en plus large. Le prix est bien moins élevé qu’un voilier mais surtout, les contraintes sont moindres. Le permis se passe en quelques heures, il n’y a pas de voile à gérer et ça va vite. Ce nouveau phénomène pose beaucoup de problèmes en ce qui concerne les règles de sécurité qui sont mal, voire pas, respectées du tout. A ce sujet, des dispositions devraient être annoncées au Salon Nautique de Paris.

L’invité – Parmi les multiples zones, un espace est consacrée au pays Invité d’Honneur. Cette année c’est l’Afrique du Sud qui a la possibilité de faire connaître ses meilleurs constructeurs de bateaux après La Nouvelle Calédonie (2002) et le Danemark (2003). A signaler, perdus dans la horde d’exposants, une exposition de lithographies de Nelson Mandela et quelques danseurs zoulous qui font de brèves apparitions.

Un succès grandissant – A l’heure où les Français n’ont pas le sou, malgré un  semblant de reprise économique, comment expliquer le succès sans cesse grandissant du Salon ?

Tout d’abord, le Grand Pavois est différent des autres Salons de par sa nature. En
effet, voir les bateaux à flot permet de se laisser plus facilement dériver vers des rêves de grand large que lors de visites sur bers dans un hangar. Autre avantage, une trentaine de bateaux sont disponibles pour des essais en mer. C’est une première approche qui permet de savoir si l’on a le pied marin ou non…

D’autre part, l’ambiance plus décontractée, que celle du Salon de Paris par exemple,
donne un atout de sympathie énorme au Grand Pavois, d’autant plus que La Rochelle est une ville de marins à la différence de la Capitale. « On est beaucoup plus tendu au Salon de Paris qu’ici à La Rochelle, même pour faire des affaires » déclare un artisan de la voile qui expose fièrement ses nombreux freins de bôme.

La dérive? – Lundi 20 septembre, le Grand Pavois a refermé ses portes et rendu son port aux marins après une 32ème édition auréolée d’un gros succès médiatique et commercial. Depuis plus de 30 ans le Salon Nautique de La Rochelle ne semble pas vouloir s’arrêter de grandir et sa diversification se fait de plus en plus importante, trop importante ? Ainsi, on a pu apercevoir dans les allées du Salon un stand où les « exposants » vendaient du poisson frais à la criée. Mise en scène douteuse ou véritable folklore ? A savoir, s’il faut plus s’alarmer du fait que ce soit de vrais pêcheurs ou des étudiants en mal de petits boulots…

– CdB –

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