Transat Québec-Saint-Malo : Riechers prend le pouvoir
L’Allemand Jorg Riechers s’est donc emparé tôt ce matin, heure française, de la tête des 20 monocoques de la Class40 de cette 8ème Transat Québec Saint-Malo. Son plan Manuard Mare, ultra favori de l’épreuve, vient confirmer tout ce que ses adversaires redoutaient ; son skipper allemand, épaulé par le trio de choc Manuard-Aubrun-Breymayer navigue sans retenue, convaincu que le premier voilier à parer Saint-Pierre et Miquelon prendra une sérieuse option sur le sacre Malouin. Il imprime, dans le fort vent de secteur Sud qui descend des hauteurs de la Gaspésie, un rythme de plus en plus élevé, et pousse ses adversaires directs réunis en un petit « Club des 4 » bien détaché du peloton, à attaquer vigoureusement en direction des deux dernières marques de passages du Saint-Laurent, Gaspé et sa baie de tous les dangers et Percé, que ce joli monde devrait atteindre au cœur de l’après-midi Québécoise. Deux nouvelles opportunités pour les spectateurs venus en nombre, et parfois jusqu’au milieu de la nuit, d’applaudir et d’encourager les navigateurs lors de chacun des passages obligés de la Malbaie, Rimouski, Matane et Sainte-Anne des Monts. Autant de noms qui ne sont plus qu’un lointain et agréable souvenir pour Erwan Le Roux et les hommes du trimaran FenêtréA Cardinal en route pour un long bord de près au plus fort d’une petite dépression qui sévit entre la Gaspésie et les Iles de la Madeleine, passage obligé pour les concurrents de la classe Open.
Adieu Saint-Laurent et merci aux Québécois…
C’est dans la position qu’il affectionne, celle de leader, que Jörg Riechers négocie en ces premières heures de la matinée Québécoise, « l’atterrissage » sur la baie de Gaspé. « Un changement aussi rapide que judicieux de voile d’avant avec le code 0 nous a permis de doubler Rogues 100 mètres avant la bouée de Sainte-Anne » décrit avec jubilation le nouveau leader de la course. Le vent de secteur Sud est fort, plus de 20 nœuds, et la mer jusqu’à présent parfaitement négociable, protégée par les monts de Gaspésie, commence à prendre des reliefs océaniques de plus en plus inconfortables. C’est dans ce délicat contexte que les principaux acteurs en Class40 de cette Transat Québec Saint-Malo, 8ème du nom, abordent l’avant dernier passage obligé du parcours dans le Saint-Laurent, une bouée mouillée à l’entrée de la baie de Gaspé. Des allures de près qui, à défaut de réjouir les marins, marquent la fin de la palpitante régate aux allures d’étape du tour de France à la voile disputée deux jours durant au plus près des rivages, à vue d’un enthousiaste public Québécois. Changements de leaders, innombrables duels d’empannage, bagarres bord à bord ont ainsi scandé la descente du fleuve et maintenu les équipages au plus haut niveau d’alerte et de concentration. Cinq voiliers s’apprêtent à entrer dès aujourd’hui dans le vif océanique de la course. Derrière Mare, tous, de Thierry Bouchard (Comiris-Elior), Sébastien Rogues (Generation Eole – GDF SUEZ), Fabrice Amédéo (Geodis) ou Aurélien Ducroz (Latitude Neige – Longitude Mer) ont à un moment donné tenu le leadership et vont désormais s’attacher à « coller aux basques » de l’Allemand. Mais derrière ce groupe un moment clairement détaché, nul n’a, et de loin, encore abdiqué. De Stéphane Le Diraison (IX Blue), 6ème à moins de 30 milles, à l’étonnant David Augeix et son vaillant Akilaria EDF Energies Nouvelles 12ème à moins de 40 milles, tous les équipages « mettent du charbon » avec l’espoir d’un regroupement en baie de Gaspé, avant d’attaquer toutes chances préservées un long bord de reaching vers l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon.
On notera au terme de deux haletantes journées sur un Saint-Laurent piégeux à souhait qu’aucun voilier ne déplore d’avaries sérieuses, et que c’est avec l’intégrité parfaitement préservée de leurs voiliers que les 25 équipages toujours en lice quitteront le Saint-Laurent.
La « Percé » d’Erwan Le Roux
Après avoir avalé la bouée de Saint-Anne des Monts hier soir à 20h00, celle de Gaspé à 10h ce matin puis Percé, dernière marque de parcours du Saint-Laurent, à 12h15, le trimaran de 50 pieds d’Erwan Leroux, FenêtréA Cardinal fait désormais route vers l’Ile de La Madeleine. Cependant, les dernières heures de navigation ne sont pas de tout repos pour l’équipage qui doit désormais batailler ferme, au près et dans un vent qui s’est bien renforcé, 25 nœuds de sud à la sortie du fleuve. L’influence Atlantique se fait désormais bien sentir et les cirés ont été sortis des sacs.
Si les préoccupations du fleuve sont passées, la grosse difficulté pour Erwan Le Roux se trouve maintenant être la météo. À l’origine, le trimaran devait arriver à se positionner en avant d’une dépression qui allait traverser l’Atlantique, mais malheureusement la tendance se dirige vers une traversée dans la dépression. L’objectif est de naviguer le plus vite possible afin de la devancer. L’équipage ne ménage pas ses efforts et les prochaines heures seront cruciales.
63 milles derrière, Erik Nigon sur Vers un Monde sans Sida occupe une surprenante deuxième place. Cette nuit, un fait de course qui reste encore inexpliqué à nos yeux et dont nous attendons confirmation, a contraint Gilles Lamiré sur Défi Saint-Malo Agglo à rebrousser chemin afin de franchir la bouée de Saint-Anne des Monts. Est-ce le courant qui l’a déporté plus rapidement que prévu vers la sortie alors qu’il naviguait au milieu du fleuve ou est-ce juste un simple oubli de cette marque ? Toujours est-il que cette erreur d’appréciation lui coûte extrêmement cher. Alors qu’il comptait 17 milles d’avance sur le 50 pieds italien Vento di Sardegna d’Andrea Mura et 21 milles sur le troisième trimaran de cette Transat, Vers un Monde sans Sida d’Erik Nigon, Gilles Lamiré rétrograde rapidement en 4e position à 90 milles de FenêtréA Cardinal et 27 milles de Vers un Monde sans Sida. Après les soucis techniques des premières heures de course, ce nouveau coup du sort doit très certainement mettre à mal le moral des malouins.
De son côté, Georges Leblanc sur Océan Phénix est à 160 milles derrière le leader : « Je suis installé à la table à cartes, les yeux rivés sur l’écran, je constate que la trace de notre parcours n’a rien de réjouissant. C’est aberrant, j’y vois des cercles parfaits. Ça ressemble presque aux anneaux olympiques, la similitude s’arrête là. La nuit qui n’est pas froide, mais tellement décevante cède sa place au lever du jour qui nous laisse entrevoir le même paysage que la veille. Si le vent tarde à se pointer, nous ne sommes pas au bout de nos peines. »
Crédit Photo: xdachez.com
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– CP –
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