Christopher Pratt, lauréat des Filières du Talent DCNS, au départ de la Route du Rhum
Christopher Pratt, le premier vainqueur des Filières du Talent skippe le 60 pieds open DCNS 1000 lors de la 9ème Route du Rhum. Après deux années de formation sous la houlette de l’expérimenté Marc Thiercelin, le navigateur marseillais participe à la plus mythique des transats en solitaire. Le benjamin de l’épreuve y affronte des marins comme Michel Desjoyeaux, Marc Guillemot, champion du monde IMOCA 2009 ou encore Armel Le Cleac’h, vainqueur de la Solitaire du Figaro. Rencontré l’an passé, lors de l’escale niçoise de l’Istanbul Europa Race, Christopher Pratt avait expliqué à NauticNews.com le fonctionnement des Filières du Talent mises en place par DCNS [voir notre article]. A quelques jours de son départ de Saint-Malo, nous avons a voulu connaître ses sensations et revenir avec lui sur cet innovant programme de formation.
NauticNews.com : Christopher, tu participes à ta 1ère Route du Rhum. Comment se sent-on avant le départ ?
Christopher Pratt : Je suis prêt et j’ai envie que ça parte. La bateau est prêt également. Cet hiver nous avons bien travaillé avec l’équipe technique. Nous avons pu gagner 150 kg sur l’arrière, et nous rapprocher en vitesse des autres. Il ne nous reste plus qu’à effectuer les contrôles de jauge pour vérifier qu’en sécurité il n’y a pas de souci à Saint-Malo. Je suis en pleine forme physique et j’ai envie d’aller au combat comme on dit.
NN. : Pas trop stressé tout de même ?
C.P. : Un peu. La pression monte à Saint-Malo surtout à cause du monde sur les pontons. Je l’ai déjà vécu il y a 4 ans car j’ai un peu travaillé au niveau météo pour Jérémie Beyou. Le monde au départ de cette course est impressionnant.
NN. Et être seul à la barre d’un 60 pieds IMOCA ?
C.P. : Les premières fois en solitaire sur des bateaux de cette taille-là, avec cette puissance-là, sont impressionnantes. Ce qui a été important pour moi d’intégrer, c’était de passer du monotype au prototype. Je viens de la classe Figaro, alors j’ai du apprendre la gestion des navigations afin de ne pas casser le bateau. Le but fondamental est d’arriver donc il faut toujours savoir où mettre le curseur. Au niveau de l’engagement, physique et moral, il n’est pas toujours facile de supporter longtemps les hautes vitesses.
NN. : Qu’est-ce qui va être important lors de cette course ?
C.P. : Pour la Route du Rhum, cette année, on n’aura pas de routage météo. Il faudra donc être capable de lever le pied pour être lucide. Le gars qui gagnera celui qui aura le mieux doser entre j’appuie sur le champignon, avec risque de casse, de fatigue physique, et je vais plus lentement au risque de me faire larguer par les autres.
NN. : Tu vas t’étalonner sur tes concurrents ?
C.P. : Forcément, tu regardes ce que font les autres. Par contre, si les gars sont à fond, et que je considère que je ne peux pas suivre, ou que ce n’est pas raisonnable pour le bateau, je ne le ferai pas. Je ne suivrai pas la surenchère. Je ne veux surtout pas échouer sur mon objectif qui est avant tout d’arriver.
NN. : Ton arrivée en Guadeloupe marquera la fin pour toi des Filières du Talents. A ce jour, qu’est-ce que tu en retiens ?
C.P. : Je termine les filières du talent avec cette Route du Rhum. C’est le point d’orgue de mon cursus, le feu d’artifice final. Ca a été une chance incroyable d’avoir pu bénéficier de ça. Je n’aurais jamais pu être au départ d’une course comme celle-là, sur un bateau de dernière génération. De plus d’être au contact de mon tuteur Marc Thiercelin, de son expérience, est un véritable accélérateur d’apprentissage. Pour moi c’est tout bonus. C’est beaucoup temps de gagner sans avoir à gérer l’aspect financier de ces genres de projets.
NN. : Après cette expérience, tu vois ton avenir comment ?
C.P. : J’ai envie de continuer à faire ça, à vivre de la voile le plus longtemps possible. J’ai conscience que ce n’est pas facile, ça dépend de facteurs économiques dont on n’est pas forcément maître. Alors je profite du moment présent en pensant à tous les rêves de gamin que j’ai déjà réalisés. Mais j’espère continuer de faire ce boulot là. J’espère faire des grandes courses en solitaire, j’espère un jour gagner la Figaro, j’espère faire des tours du monde en solo, en équipage. Y’a encore plein de choses à faire, à apprendre. J’espère que ça continuera comme ça. Mais je profite du moment présent, car si ça s’arrête, ce sera déjà super bien ce qui m’est arrivé.
Propos recueillis le 19 octobre 2010
Tags sur NauticNews.com : Christopher Pratt – DCNS – IMOCA – Route du Rhum
Crédit photos : Vincent Rustuel
-NG-
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