Monaco Classic Week : Des 15 Mètre JI et des bateaux d’exception
La 10ème Monaco Classic Week a réuni cette année plus d’une centaine de bateaux d’exception. Le temps fort de la semaine a été de voile pure, avec une série de régates mémorables entre quatre des vingt 15 Mètre de Jauge Internationale construits entre 1907 et 1917. Les voiliers présents à Monaco, tous des plans Fife, lancés entre 1908 et 1912, sont les derniers survivants de cette classe de racers. Le premier du quatuor, est Tuiga, centenaire lors de la précédente MCW [voir article] et qu’Eric Tabarly considérait comme le plus beau yacht du monde. Sorti d’une restauration exemplaire en 1994, Tuiga est devenu l’ambassadeur de la Principauté de Monaco. Le 15 Mètre JI a été ensuite rejoint sur le circuit par The Lady Anne, puis par Mariska [lire notre récit d’une régate à bord]. Enfin cette année, Hispania, sister-ship de Tuiga, lancé en 1909 en Espagne pour le roi Alphonse XIII est venu prendre la mesure de ses trois rivaux. Il a été restauré par la volonté de Sa Majesté Juan Carlos, désireux de voir à nouveau les deux sister-ships régater comme à La Belle Epoque. D’ailleurs, Tuiga et Hispania seront amenés à se recroiser du côté de Cadiz où un rassemblement devrait être organisé en juin. Sur l’eau, la confrontation entre ces quatre 15 Mètre JI a été remportée par Mariska. Le voilier a connu un destin hors du commun, avec 73 ans passés en Suède, où il fut emmené juste avant la Guerre de 14/18, et n’en sortit qu’aux mains d’un propriétaire hollandais. Transformé en yawl aurique, puis marconi, et pour finir en ketch, dont la voûte avait été raccourcie de 3 mètres, c’est le premier yacht de cette importance restauré en France, à la Ciotat. Grâce à la volonté de son propriétaire, Christian Niels, l’histoire de Mariska se poursuit avec bonheur et singularité, et que le grand voilier mené par une femme, Laurence Ramès, a remporté à Monaco l’un de ses plus jolis trophées.
Le Prix « La Belle Classe Restauration » 2011 à Mariquita
Présidé par Sir Robin Knox-Jonhston, ce prix a pour vocation de préserver et de valoriser le patrimoine maritime ainsi que de pérenniser des métiers d’artisanat au savoir-faire unique et précieux. Le jury a porté sont choix à l’unanimité sur Mariquita, le seul 19 Mètre JI encore navigant, cent ans tout juste, et aussi beau à terre que sur l’eau. Reconnaissable entre tous au petit canot verni à clins renversé à l’arrière du mât, Mariquita fut lancé le 6 mai 1911 pour A.K.Stothert qui, trois ans auparavant avait pris livraison du 15 Mètre Mariska. En cent ans, il connut bien des avatars, de fameux racer à croiseur familial paisible, puis house-boat, promis à devenir chapelle itinérante, carcasse sur un parking, avant un passage rénovateur chez Fairlie Restorations, à Southampton, où il retrouva sa splendeur. Pour sa restauration, ses armateurs ont poussé le souci du détail et de l’authenticité à alerter les réseaux d’antiquaires de marine, les chantiers, les brocanteurs des deux côtés de l’Atlantique pour retrouver des pièces d’époque, les faisant refaire à l’identique quand ce n’était pas possible. Bateau privé basé dans le Golfe de Saint-Tropez, il est de tous les rassemblements, et reste un habitué des podiums : vendredi, il s’est permis de battre le 23 Mètre JI Cambria, un jeunot de 83 ans, et long de 41 mètres, alors qu’il en mesure 3 de moins, et remporte la série de régates en temps compensé, selon la jauge du Comité International de la Méditerranée. C’est d’ailleurs à l’occasion de la Monaco Classic Week que le bureau exécutif du C.I.M. s’est réuni pour dresser un premier bilan de fin de saison.
Les canots : un monde à part !
L’idée géniale de la Monaco Classic Week est de réunir tout le patrimoine navigant : voilier, motor-yachts et canots automobiles, liés à toute l’histoire du yachting monégasque. Cette année, une flotte de 23 canots à moteur, dont une majorité de Chris Craft, aux côtés de Riva, des Pedrazzini, des Hacker’s Craft, des Dodge dont quelques raretés, ont su capter l’attention des promeneurs lors des différentes épreuves dont un inédit Poker Run organisé en collaboration avec la Société des Bains de Mer. Et quand ils se sont mis, samedi, à vrombir au milieu du plan de régate, animant le lent ballet des voiliers s’ébrouant dans une brise renaissante, les spectateurs massés sur la jetée n’ont pu retenir leurs applaudissements. Quant au prix de l’élégance, il a été décerné à l’unanimité à Istros. Ce motor-yacht de 42 mètres a été construit en 1954 au chantier De Vries Lentsch pour une famille grecque qui le conserva 23 ans et en prit grand soin. C’est un bateau fastueux et confortable, construit à une époque où ne sacrifiait pas le luxe des lambris vernis, des cuivres, de l’inox et des ponts en teck à un quelconque souci de facilité d’entretien ! Un de ses capitaines l’avait très bien défini : « She is an elegant lady ». De plus, Istros, avec ses deux moteurs diesel de 570 ch ne consomment que 140 litres à l’heure, tous systèmes en marche, à la vitesse de croisière de 12 nœuds, ce qui lui donne une autonomie de 3300 milles. On comprend que le jury l’ait couronné à l’unanimité, toutes catégories confondues.
Vainqueurs de la 10ème Monaco Classic Week :
Régate des yachts de tradition – 15 M JI : MARISKA (Christian Niels)
Régate des yachts de tradition – catégorie Big Boat : MARIQUITA (Jim THOM)
Régate des yachts de tradition – catégorie Classique : ARCADIA (Louis David Housez)
Régate des yachts de tradition – catégorie Epoque Marconi : ROWDY (Johanthan Greenwood)
Régate des yachts de tradition – catégorie Epoque aurique : BONA FIDE (Giuseppe Giordano)
Trophée d’Elégance : ISTROS (Roger Bolton)
Trophée Monaco Classic Week 2011 : MARIQUITA (Jim Thom)
Epreuve de Manœuvrabilité (Canot) : IDA (Erio Matteri)
Poker Run (Canot) : DEAR VAL (Melle Anne-Laure Nicolas)
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Plus d’informations : Site du Yacht Club de Monaco
Crédit photos : Carlo Borlenghi
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