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Armel Le Cléac’h et Fabien Delahaye remportent la 10ème Transat AG2R LA MONDIALE
05/2010 –
En coupant la ligne d’arrivée à Saint-Barthélémy cette nuit à 00 heures 59minutes 11 secondes (6 heures 59 minutes 11 secondes heure de Paris), Armel Le Cléac’h et Fabien Delahaye s’adjugent la victoire sur la dixième Transat AG2R LA MONDIALE après 22 jours 16 heures 59 minutes et 11 secondes d’une course menée avec talent et maîtrise. Le jour même de ses 33 ans, le skipper de Brit Air s’offre ainsi une entrée dans l’histoire de la course en devenant le premier marin à inscrire son nom une deuxième fois au palmarès. Quatre ans jour pour jour après sa victoire de 2006, acquise avec Nicolas Troussel, le Finistérien réitère donc l’exploit en compagnie d’un bizuth de l’Atlantique qui signe quant à lui une entrée magistrale dans la cours des grands.
Si au départ de Concarneau le 18 avril dernier, le tandem formé par Armel Le Cléac’h et Fabien Delahaye attirait les convoitises, les deux hommes qui faisaient cause commune pour la première fois savaient que la concurrence serait rude. Profitant d’une entrée météorologique toute en douceur, Brit Air atteignait sa vitesse de croisière après quelques jours de course et se faisait remarquer une première fois à l’occasion de sa tentative de gain dans le Sud sans se faire piéger par les zones de faibles vents annoncées. Choisissant une option médiane quand les rangs se dispersaient d’Ouest en Est le long des côtes portugaises, les deux marins surmontaient la difficulté en se positionnant au centre, entamant non seulement le début d’une série de seize séquences en pôle position – entre le 25 avril et le 1er mai – mais débutant également le bras de fer qui allait durer jusqu’au bout avec Banque Populaire, Cercle Vert, Savéol et Groupe Bel ; concurrent malheureux quelques jours plus tard. En sortant de la bulle, les tandems mettaient le cap au Sud dans des conditions dignes d’une carte postale et engageaient alors de belles glissades vers les Canaries.
Deuxièmes à la porte de La Palma derrière Romain Attanasio et Samantha Davies, neuf jours après le départ, Armel et Fabien affichaient déjà leurs intentions et écrivaient ensemble les premières notes d’une partition amenée à former la plus belle des symphonies. Fermement décidés à poursuivre sur leur lancée, les deux pilotes limitaient les effets dévastateurs de l’affaiblissement du régime d’alizés en jouant d’un petit décalage dans le Sud et en enfonçant le clou vis-à-vis d’une concurrence toujours aussi acerbe. A 19 heures, le 5 mai et de manière définitive, Brit Air prenait les manettes du vol pour Saint-Barthélémy, au nez et à la barbe du groupe des trois autres Mousquetaires et de la totalité de la flotte. Cette nuit, la joie et le bonheur des deux hommes coupant la ligne d’arrivée de la dixième Transat AG2R LA MONDIALE en tête, était tout à la fois mesurée et palpable… à l’image de la course qu’ils viennent de signer. Des étoiles plein des yeux, le jeune Fabien Delahaye fait une entrée digne des grands dans la course au large, transformant son bizutage atlantique en une belle et grande victoire. Armel, quant à lui, se souviendra longtemps de son trente-troisième anniversaire et de son deuxième sacre sur cette transatlantique en double à armes égales. Chapeau messieurs et merci pour le spectacle !
Interview des vainqueurs :
Cette victoire, à partir de quand avez-vous commencé à y croire ?
Armel Le Cleac’h : « Hier après-midi, nous nous doutions que c’était plutôt bien parti mais nous avons eu la confirmation de notre victoire à quelques heures de l’arrivée seulement, lorsque Jean Maurel (le directeur de course, ndlr) nous a annoncé par VHF que nous étions les premiers. Nous avons été aux avant-postes dès le 4e ou 5e jour de mer. Après, nous sommes restés au contact avec trois autres bateaux. Nous avons passé la porte des Canaries quasiment ensemble et ensuite, nous avons quasiment fait les même options dans le Sud. Au final, nous avons réussi à être devant eux à l’arrivée. Pas de beaucoup. C’est vraiment une très belle bagarre. »
On imagine que vous savourez d’autant plus cette première place…
Armel : « Complètement. C’était vraiment une course incroyable. Je suis super content pour moi, pour Fabien mais aussi pour mon partenaire Brit Air. Cela fait quatre ans que nous avons lancé notre projet commun et aujourd’hui, c’est notre première vraie victoire ensemble. On a été champion du monde IMOCA mais on n’a jamais gagné de course. C’est la première victoire. Une victoire bien méritée et que je suis fier de leur offrir. En ce qui me concerne, je suis très heureux car c’est la deuxième fois que je remporte la Transat AG2R LA MONDIALE et que je suis le premier à le faire. Maintenant, je laisse la place aux autres pour essayer de me rattraper. »
Un mot sur votre duo avec Fabien Delahaye ?
Armel : « Partir avec lui, c’était une sorte de pari car avant le départ, nous ne nous connaissions pas vraiment. Nous nous sommes rencontrés sur la Solitaire du Figaro l’été dernier. Il avait fini premier bizuth montrant ainsi déjà tout son potentiel. Quand je l’ai appelé en fin d’année pour lui proposer de faire la Transat avec moi, il a tout de suite été partant. Fabien avait un profil qui m’intéressait. C’est un régatier, issu de la voile légère. C’est quelqu’un de motivé, travailleur et acharné. Il l’a démontré à chaque instant lors de cette course. Naviguer avec lui, ça n’a été que du bonheur pendant trois semaines. Nous avons vraiment été en cohésion tout du long. Très complémentaires. Il y a eu beaucoup d’échanges. Nous n’avons jamais rien lâché. Dans les moments de doute, nous nous remettions en question, nous faisions le tour des choses et à chaque fois nous reprenions l’avantage. C’était vraiment très bien et je le remercie de m’offrir cette victoire pour mon anniversaire. »
Elle a été dure cette transat ?
Armel : « Elles sont toujours dures ! Celle-ci l’a surtout été psychologiquement. Tous les jours, nous nous posions la question de savoir où étaient les autres, ce qu’ils avaient fait… Il y a eu, comme toujours, des moments de stress, d’interrogation. Est-ce qu’on a empanné au bon moment ? Est-ce qu’on a le bon réglage ?… Et ça, pendant trois semaines. Forcément, ça fatigue. Heureusement, à bord, nous avions vraiment confiance l’un en l’autre. »
Qu’est-ce qui, selon vous, a fait la différence ?
Armel : « Je pense que nous avons su être présents aux moments clé, dans les petits détails : le petit décalage un peu mieux que les autres, l’empannage déclenché à un moment plus opportun… Au final, cela nous a permis de gagner les deux-trois milles qu’il fallait pour aller dans le bon sens. Nous avons aussi bien travaillé au niveau de la vitesse du bateau. Sous spi, nous étions toujours très performants. De plus, nous avons beaucoup barré. Ces petits centimes de vitesse en plus multipliés par 20, 30 ou 40 heures… à l’arrivée, ça fait 4 ou 5 milles. Ca fait la victoire. »
Fabien Delahaye : « Pour ma première Transat, je ne pouvais pas espérer mieux. Une victoire, c’est magique ! J’ai passé 23 jours super en mer. Que du bon ! Que du bonheur ! On n’a pratiquement pas mis le pilote à part au début, lorsque c’était un peu rentable dans les petits airs la nuit. Mais ensuite, nous ne l’avons pas branché plus d’une heure d’affilée. Naviguer avec Armel, c’est top. A bord de Brit Air, il n’y a jamais eu un mot plus haut que l’autre. On s’est éclaté pendant toute la Transat. C’est un pur bonheur. J’ai découvert beaucoup de choses. Avant cette course, je n’avais jamais passé plus de sept jours de suite en mer. Là, en faire 22 d’affilée, c’est forcément une grosse expérience. Maintenant, il va falloir poser un peu les choses. Voir ce que je vais en retirer… Ce sera beaucoup, c’est sûr. »
Crédit Photo: Alexis COURCOUX
– CP –
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